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  l’antiquité au cinéma
aveugle, recouvre la vue après un retour sur lui-même, est
touché par la grâce et, rebaptisé Paul, commence sa mis-
sion d’apôtre (cf. « Actes des Apôtres » 9-26). – Le premier
film biblique français depuis le
Golgotha
de Duvivier en
1935. De retour d’exil au Brésil et aux Etats-Unis où il
a pu échapper aux bourreaux nazis, le producteur Max
Glass, un Juif galicien converti au catholicisme, ex-profes-
seur d’histoire à la Faculté de Vienne, écrit et réalise lui-
même cet acte de foi tourné entièrement en studio, à Pa-
thé-Joinville (12 décors). Il est assisté, pour la technique,
par Maurice Cam (initialement Jean Dréville). Glass a
jeté les bases du temple et du marché de Jérusalem sur les
terrains de Joinville que peuplent 450 figurants. A la ca-
méra, un autre exilé, le fameux Eugen Schüfftan. Jean-
Marc Tennberg (qui fut le valet de
Fanfan la Tulipe
de
Christian-Jaque l’année précédente) interprète Saül / Paul
de sa jeunesse jusqu’à sa mort à 68 ans, mais c’est la pré-
sence incongrue de Michel Simon à la tête du Sanhédrin,
arborant une longue barbe noire, qui donne son piment à
ce film aujourd’hui sombré dans l’oubli. Gaby Morlay, Mi-
chel Vitold et Jean Yonnel faisaient partie de la distribu-
tion originale, mais Glass leur a préféré des visages moins
connus comme Jacques Dufilho. Les persécutions infligées
aux chrétiens que Saül de Tarse s’efforce d’exterminer font
intentionnellement penser à l’épuration du Reich par la
Gestapo.
1952
I Beheld His Glory
(US) John T. Coyle ; Cathedral
Films, Burbank-J.F.K. Productions (Rev. James Kempe
Friedrich), 55 min. – av. George Macready (le centurion
Cornelius), Robert Wilson (Jésus-Christ), Lowell Gil-
more (Ponce Pilate), Morris Ankrum (Pierre), Virginia
Wave (Marie-Madeleine), Thomas Charlesworth (Tho-
mas), James Flavin (le centurion Longinus), Grandon
Rhodes (Eltheas), I. Stanford Jolley (Dismas). –
Dans le
village palestinien de Far-Isha, un centurion romain, Cor-
nelius, décrit à Eltheas, un proche de l’apôtre Thomas, les
derniers moments du Christ, tel qu’il en fut le témoin invo-
lontaire (flash-back). Obligé de diriger le supplice du Mes-
sie, puis de garder la tombe jusqu’à l’apparition de l’Ange,
le centurion est devenu un fervent croyant. – Film péda-
gogique destiné aux circuits religieux américains («Missio-
nary Society of the Protestant Episcopal Church »), tourné
dans les studios Walt Disney à Burbank, Hollywood, et en
extérieurs à Vasquez Rocks, Agua Dulce. Comédien de ra-
dio et de télévision, fils de pasteur, Robert Wilson est l’ac-
teur qui a le plus souvent incarné le Christ à l’écran : il ap-
paraît dans deux séries de courts métrages de la Cathedral
Films,
Story of Jesus
(
The Living Christ Series
, 1951) et
The Passion Story
, et en 1954 dans
Day of  Triumph
.
1952
El mártir del Calvario
(MX) Miguel Morayta Mar-
tínez ; Gonzalo Elvira-Oro Films, 113 min. – av. Enri-
que Rambal (Jésus-Christ), Manuel Fábregas (Judas),
Consuelo Frank (Marie), Miguel Angel Férriz (Pierre),
Armando Sáenz (Jean), Alicia Palacios (Marie-Made-
leine), José Baviera (Ponce Pilate), José María Linares Ri-
vas (Caïphe), Enrique García Alvarez (Matthieu), Juan
Calvo (Thomas), Felipe de Alba (André), José Muñoz
(Philippe), José Mora Méndez (Barthélemy), Nicolás
Rodriguez (Simon), Pepe Nava (Barabbas), CarmenMo-
lina (Marthe), FernandoMendoza (Lazare), Miguel Are-
nas (Joseph d’Arimathie), Lupe Llaca (Véronique). –
Dix
ans après
Jesús de Nazareth
, le cinéma mexicain populaire
se replonge dans les Evangiles avec maladresse et manque
d’originalité. Filmé de bout en bout aux studios Tepeyac à
Mexico dans des décors d’une laideur consommée (on re-
prend tant bien que mal la Sainte-Cène de Léonard de
Vinci) et, bien sûr, un Christ hispanique.
1953
Barabbas (Barabbas)
(SE) Alf Sjöberg [d’apr. Pär La-
gerkvist] ; Rune Waldekranz-Sandrewproduktion, 111
min. – av. Ulf Palme (Barrabas), Olof Widgren (Sa-
hak), Erik Strandmark (Pierre), Georg Årlin (Lazare),
Åke Fridell (Eliahu), Inge Waern (la femme au bec-de-
lièvre), Anders Henrikson (procurateur romain à Chy-
pre), Eva Dahlbeck, Astrid Bodin (mère de Barabbas).
A la Pâque, Barabbas, fils d’une Moabite et d’un voleur,
est libéré. Témoin involontaire des événements du Golgo-
tha, il est hanté par le souvenir des ténèbres qui ont alors
obscurci la région. Vivant dans les tripots ou dans la clan-
destinité, Barabbas reçoit les confidences de la « Femme au
bec-de-lièvre », sa maîtresse, qui a rencontré le Christ et a
été témoin de sa résurrection. Peu après, elle est lapidée pour
hérésie et Barabbas l’enterre chez un ermite dans le désert
de Judée. Il parle avec Lazare et Pierre, mais leur « adora-
tion de la mort » le répugne et l’angoisse. A Rome, des an-
nées plus tard, il raconte sa vie à Pierre : esclave dans les
mines de cuivre à Chypre, il se lie d’amitié avec le chrétien
Sahak qui a refusé d’abjurer sa foi et finit crucifié alors
que lui, Barabbas, renie ces chimères qu’il ne comprend
pas. Mais après la mort de son ami, sa vie n’a plus de sens.
Haïssant le monde, il croit se solidariser avec les chrétiens
en propageant le feu qui détruit Rome. Ceux-ci se détour-
nent cependant de lui et Barabbas meurt seul sur la croix,
dans une nuit qui marque l’absence de Dieu ...
Le roman du prix Nobel de littérature, paru en 1950, est
plus proche d’un poème intellectuel que d’une étude histo-
rique. En agnostique révolté, Lagerkvist y analyse les rai-
sons d’être de l’homme contemporain, le sens qu’il donne à
sa vie et ses tâtonnements sur la voie de la foi. Travaillant
en étroite collaboration avec l’auteur, Sjöberg (
Fröken Ju-
lie /Mademoiselle Julie
) compose une suite d’images d’une
austérité toute protestante, aux compositions plastiques sa-
vantes, aux éclairages contrastés (dus à Göran Strindberg
et à Sven Nykvist, les chefs opérateurs d’Ingmar Bergman),
mais n’évite ni l’ennui ni l’académisme. Les extérieurs sont
filmés en Israël (Akka, Haïfa, Nazareth, Safad, Tel-Aviv,
Jérusalem) et à Rome (Palatin, forum de Trajan, Via
Appia et Villa d’Este). Un gros échec commercial, présenté
au festival de Cannes 1953. (Cf. le remake de Richard
Fleischer en 1961.)
1953 Ø
The Robe
(La tunique)
(US) Henry Koster. – av. Ri-
chard Boone (Ponce Pilate), Michael Rennie (Pierre),
Ulf Palme, le héros tourmenté de
Barabbas
d'Alf Sjöberg (1953)
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