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  l’antiquité au cinéma
Vittorio Gassman (Sahak), Katy Jurado (Sarah), Ernest
Borgnine (Lucius), Arthur Kennedy (Ponce Pilate), Roy
Mangano (Jésus-Christ), Harry Andrews (Pierre), Ivan
Triesault (Néron), Paola Pitagora (Marie-Madeleine),
Emma Baron (Marie), Arnoldo Foà (Joseph d’Aritma-
thie), Vera Drudi (Salomé), Rina Franchetti (Marie de
Cléofa), Miranda Campa (sœur de Marie), Piero Pastore
(Nicodème), Antonio Segurini (Jean), Jacopo Tecchio
(Thomas), Michael Gwynn (Lazare), Peter Tavis (Quin-
tus), Valentina Cortese (Julia), Norman Wooland (Ru-
fius, procureur de Sicile). –
Ponce Pilate demande à la
foule de choisir entre le Christ (joué par le beau-frère de De
Laurentiis) et le redoutable brigand qu’est Barabbas. La
foule choisit la brute. Gracié, incrédule, hébété, Barabbas
retrouve sa maîtresse, la prostituée Rachel, lapidée par la
foule qui l’accusait d’être une hérétique chrétienne. Dépité,
il reprend sa vie criminelle, mais est capturé et condamné
aux mines de soufre en Sicile. Vingt années passent. Avec
son compagnon d’infortune Sahak, un chrétien auquel il
est enchaîné, il survit à l’effondrement de la mine et le pro-
cureur, fasciné par son « invulnérabilité », mute le colosse
à l’école des gladiateurs à Rome. Sahak y périt pour sa foi,
mais Barabbas gagne sa liberté en tuant le capitaine des
gladiateurs Torwald dans l’arène. Alors qu’il vient d’enter-
rer Sahak dans les catacombes, il découvre Rome en feu.
Barabbas rajoute sa torche aux flammes « pour aider les
chrétiens à brûler le monde ». Il est arrêté et meurt sur la
croix aux côtés de plusieurs centaines d’autres martyrs, sur
les collines du Vatican.
En 1957, le producteur De Laurentiis rachète les droits
du roman de Lagerkvist (déjà porté à l’écran en 1953 en
Suède, cf. supra) à la suggestion de Fellini, qui souhaitait
filmer cette « destinée du meurtrier que le peuple libéra
pour crucifier le messager de la Paix » avec Anthony Quinn,
Zampano biblique, dans le rôle-titre. Le projet n’aboutit
que cinq ans plus tard, sans Fellini. Aidé par un scéna-
rio remarquable de Christopher Fry, l’Américain Richard
Fleischer (
The Vikings
,
Soylent Green
) crée une sorte de
« spectacle intimiste » qui sera très sous-estimé à sa sortie et
précipitera même la production dans les chiffres rouges. Il
réussit en fait une œuvre majeure, tant par la forme que
par le fond, infiniment plus profonde et plus juste que cette
«Bible américaine » qu’est
Ben-Hur
ou d’autres grosses ma-
chines religieuses de l’époque. Ici, pas d’illumination ou de
grâce reçue du ciel. Fleischer dépeint les tâtonnements d’un
être primitif, parfois violent et sans pitié, mais à la recher-
che désespérée d’une vérité qu’il est foncièrement incapable
de comprendre. (Le film se distancie de l’agnosticisme de
Lagerkvist.) Ce lent réveil d’une conscience fruste au phé-
nomène déroutant du christianisme et de ses répercussions,
Anthony Quinn parvient à le rendre tangible grâce à une
composition très travaillée. Faisant fi des conventions com-
merciales du genre,
Barabbas
dépeint un héros qui n’est
plus très jeune, n’a pas de vie sexuelle et reste dans le doute
jusqu’aux dernières images.
Quant à Fleischer, il réussit l’adéquation peu courante en-
tre l’errance intérieure et sa traduction visuelle sans renon-
cer au décorum. Le cinéaste refuse les habituelles trompettes
et défilés vantant la grandeur de Rome : il épouse le point
de vue des victimes. La séquence métaphorique des mines
de soufre (photographiée en Sicile, sur les flancs de l’Etna)
avec sa description hallucinante du travail des esclaves,
prisonniers d’un univers dantesque, clos, souterrain et in-
fernal, est d’une rare puissance. On retiendra aussi cette
crucifixion très impressionnante – les « ténèbres » de Gol-
gotha – filmée à Roccastrada, près de Sienne, à l’occasion
d’une authentique éclipse solaire (15 février 1961) et les
combats d’une réelle sauvagerie dans l’arène où Jack Pa-
lance, en psychopathe avide de sang, le rire sadique, fait
des ravages parmi les condamnés à la gladiature sous le re-
gard indifférent de Néron (un épisode inexistant chez La-
gerkvist). Pour les besoins du film, l’amphithéâtre de Vé-
rone est rajeuni, augmenté d’un troisième étage d’arcades
en bois, puis rempli avec 9120 comparses, 150 cascadeurs
et la ménagerie du Cirque Togni. Mario Chiari édifie des
quartiers de Rome et de Jérusalem aux ateliers De Lauren-
tiis de Vasca Navale (Via Pontina), à 23 km au sud de la
capitale (coût total : 10 millions de $).
1961 (tv)
Give Us Barabbas !
(US) George Schaefer ; série
«The Hallmark Hall of Fame » (NBC 24.3.61), 90 min.
– av. James Daly (Barabbas), Dennis King (Ponce Pi-
late), Tony Darnay (Marie), Kim Hunter (Mara), Lud-
wig Donath (Joseph), Keir Dullea (Elisha), Robert Car-
roll, Leonard Cimino (Caleb), Kermit Murdock (Pierre),
John Straub (Jean), TheodoreTenley (Zacharie). –
Ponce
Pilate décide de libérer Barabbas plutôt que le Christ.
1961 (tv)
Mistero della Natività, Passione e Resurrezione
di Nostro Signore
(IT) Gian Roberto Cavalli, Ghilka
Anthony Quinn, Ernest Borgnine et Vittorio Gassman condamnés à
s'entretuer dans l'arène (
Barabbas
de Richard Fleischer, 1961)
Barabbas terrasse le gladiateur psychopathe et sadique interprété par
Jack Palance, sous le regard indifférent de Néron (
Barabbas
, 1961)
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