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  l’antiquité au cinéma
(1949). Fidèle aux canons américains jusqu’à la carica-
ture, sa « plus grande histoire » doit avoir les « plus grandes
stars » : Max von Sydow, acteur fétiche d’Ingmar Bergman
(
Det sjunde inseglet / Le septième sceau
), décroche le rôle
de Jésus dans son premier film hors de Suède, entouré du
Tout-Hollywood, de Charlton Heston en Jean-Baptiste à
John Wayne en centurion romain ! Des Indiens Navajos
sont grimés en légionnaires.
Le tournage en 70mm Super Cinerama a lieu entièrement
aux Etats-Unis, en Arizona (Page, Glen Canyon), au Ne-
vada (Pyramid Lake Indian Reservation), en Utah (Lake
Moab, Monument Valley), en Californie (Death Valley) et
aux Studios Desilu à Los Angeles où David Lean et Jean
Negulesco sont appelés à la rescousse afin de combler le re-
tard considérable pris par Stevens et filmer l’un toutes les
séquences avec Hérode, l’autre celles des rues de Jérusa-
lem. Réputé pour sa lenteur, son perfectionnisme mania-
que, ses silences et son entêtement, Stevens manifeste hé-
sitations sur indécisions, refuse d’écouter qui que ce soit,
tourne jusqu’à 50 fois la même prise. Chaque plan devient
une étude d’iconographie religieuse. Préoccupé par l’aspect
pictural, la quête du grandiose et du solennel, le support
de méditation, le cinéaste compose des tableaux majestueux
au lieu de filmer des paysages vivants. Sa Palestine n’est
qu’une abstraction, un décor sans réalité propre, devant le-
quel des Romains fascistoïdes exercent leur pouvoir absolu
(parmi la foule, des visages noirs et asiatiques, universa-
lité oblige). La dominance de plans généraux, des teintes
beiges, grises et blanches, du minéral, des cieux chargés de
nuages impressionnants renforcent le sentiment d’aridité,
de froideur et de mort, tandis que von Sydow, un faciès à
la Greco, achève d’étouffer toute émotion avec son Christ
venu du Nord, austère, inapprochable, quasi extra-terres-
tre. Les nombreuses « guest stars » de cette tragédie stylisée
distraient de l’action, aucun n’apparaissant assez longtemps
pour capter l’intérêt du spectateur. Beau, lent et stérile : le
traitement de Stevens est tellement révérencieux qu’il en de-
vient ultra-conventionnel et reste embourbé dans le chromo
de grand luxe (le
Messie
de Haendel accompagne la résur-
rection de Lazare). Un spectacle sombre, parfois lugubre (le
palais d’Hérode), proche de la peinture baroque. Une vi-
sion très américaine de l’Evangile, par la prédominance du
paysage « infini » si typique des westerns, le rejet de la civi-
lisation corruptrice (selon les idéaux de H. D. Thoreau) et
la nostalgie de l’ère préindustrielle, l’annonce d’un «monde
nouveau », etc. Avec 21 millions de $,
The Greatest Story
est alors le film le plus cher jamais produit sur sol améri-
cain. Une première version de 4h20 est remontée à 3h58,
puis à 3h17, enfin à 2h21. Rien n’y fait, le public s’abstient
massivement et la production ne récupérera même pas un
tiers de l’investissement (6,9 millions de $).
1966 (tv)
Pontius Pilatus
(DE) Hagen Mueller-Stahl [d’apr.
Harald Zusanek et Roger Callois] ; Zweites Deutsches
Fernsehen (ZDF 8.4.66), 90 min. – av. Wolfgang Preiss
(Ponce Pilate), Dagmar Altrichter (Claudia Procula),
Leonard Steckel (Marduk), Carl Lange (Caïphe), Rolf
Boysen (Judas), Siegfried Rauch (Claudius), Konrad
Georg (Menenius), Hans Epskamp (Geron).
1966 (tv)
Heeft geleden onder Pontius Pilatus / A souffert
sous Ponce Pilate
(BE) Johan De Meester [d’apr. Paul
Raynal] ; Belgische Radio enTelevisie (BRT). – av. Nand
Buyl (Ponce Pilate), Marcel Cauwenberg (Barabbas), Jan
Decleir (Judas), Arnold Willems (Jésus-Christ), Frans
Van den Brande (Caïphe), Joanna Geldof (Jaël), Jan
Peré (Nicolas), Jeanine Schevernels (Johanna), Albert
van Dalsum (Hanas).
1966 (tv)
Il Mistero della Natività
(IT) Orazio Costa Gio-
vangigli (RAIdue 7.4.66), 113 min. – av. Nicoletta Lan-
guasco /Gabriella Giacobbe /Giuliana d’Olivo (Marie),
Pino Manzari (Joseph), Roberto Herlitzka / Silvio An-
selmo / Antonio Menna (Jésus-Christ), Rita di Ler-
nia /Chiara Caioli (Marie-Madeleine), Enzo Consoli
(David), Michele Kalamera (Isaïe), Eleonora Mo-
rana / Francesca Fabbi (Marthe), Vito Cipolla (Jean). –
Des textes médiévaux des XII 
e
et XIV 
e
siècles adaptés par
Silvio D’Amico et joués par le Teatro Romeo.
1967
The Crowning Gift
(GB) Norman Walker. – av. Mi-
chael Gwynn (Jésus-Christ). –
Film destiné aux circuits
religieux (scénario de Lawrence Barratt).
1967 (tv)
Cette nuit à Bethléem
(FR) André Fey (2
e
Ch.
24.12.67). – av. Michel Serrault, Roger Carel, Claude
Bertrand (Hérode le Grand), Bernard Marcey (Bal-
thasar), Max Amyl (Melchior), Jean-Pierre Elga (Gas-
pard).
1968 (tv)
Atti degli Apostoli / Les actes des apôtres /Die
Geschichte der Apostel
(IT / FR / ES /DE /TN) Ro-
berto Rossellini ; RAI /Orizzonte 2000-ORTF-TVE-
Studio Hamburg, 5 épis. (RAI 6 / 13 / 20 / 27.4., 4.5.69),
342 min. – av. Edoardo Torricella (Saül / Paul), Jacques
Dumur (Pierre), Mohamed Kouka (Jean), Bradai Ridha
(Jacques l’Ancien), Enrico Osterman (Caïphe), Renzo
Rossi (Zacharie), Bradai Ridha (Matthieu), Missoume
Ridha (Jacques l’Aîné), Zouiten (Jacques le Jeune), Hédi
Nouira (André), Ben ReayebMoncef (Thomas), Zignani
Houcine (Etienne), Mohamed Ktârî (Marc), Bouraoui
(Barthélemy), Bepy Mannaiuolo (Philippe). –
Racon-
tée par saint Luc vers l’an 65, la vie des apôtres au jour le
Dans
The Greatest Story Ever Told
(1965), George Stevens compare
les légionnaires romains aux bourreaux du Troisième Reich
I...,412,413,414,415,416,417,418,419,420,421 423,424,425,426,427,428,429,430,431,432,...674