Page 402 - Hervé Dumont - L'antiquité au cinéma

402l’antiquité au cinéma
(Marie-Madeleine), Charles Granval (Caïphe), Hubert
Prélier (Pierre), Jean Forest (Jean), Lucas Gridoux (Ju-
das), Marcel Chabrier (Joseph d’Arimathie), Philippe
Hersent (Jacques), Paul Asselin (Matthieu). – Premier
long métrage sonore sur la vie du Christ : de l’entrée à Jé-
rusalem le jour de la Pâque à la mort sur la croix. Mais
aussi « le premier grand film religieux réalisé en France »,
comme le claironne la publicité (*Chrestos, un projet mis
sur pied par Jacques de Baroncelli pour les Films Artisti-
ques Français, d’après un roman d’Henry Dupuy-Mazuel,
avait échoué en 1933). Film catholique, minutieusement
contrôlé par les autorités ecclésiastiques, rédigé par le cha-
noine Joseph Reymond (également l’auteur du livre) et fi-
nancé en partie par des quêtes faites dans les paroisses de
l’Hexagone : la société Ichtys (« poisson » en grec, symbole
du Christ) a été spécialement constituée à cet effet. Duvi-
vier, qui a déjà porté à l’écran des passages de l’Evangile
dans L’agonie de Jérusalem (1926), renonce cette fois-ci
à filmer sur place, au Proche-Orient sous protectorat bri-
tannique. Le tournage a lieu aux studios de Billancourt
à Joinville-le-Pont et G.F.F.A. à Nice, puis pendant deux
mois en Algérie française où Jean Perrier, collaborateur at-
titré de Raymond Bernard (Les misérables , 1934), érige
30 décors, dont les murailles et le Temple de Jérusalem
avec sa monumentale Porte Ephraim (34 m. de haut) à
Fort-de-l’Eau (Aïn-Taya) près d’Alger, le tout animé par
4000 Berbères ... une figuration musulmane réunie, mur-
mure-t-on, de force par les autorités coloniales. C’est le plus
grand décor jamais construit pour un film français, précise
la presse. Responsable des trucages de Ben-Hur en 1925,
l’Américain Ferdinand Pinney Earle crée les peintures sur
verre qui complètent l’illusion. La plage de La Pérouse près
d’Alger est maquillée en lac de Tibériade. La partition mu-
sicale est confiée à Jacques Ibert.
Duvivier s’applique à composer de beaux tableaux religieux
tout en essayant de mettre en évidence les dessous politiques des
événements durant la Passion (tensions entre le Sanhédrin,
Ponce Pilate soumet le Christ au verdict du peuple : une mise en scène et des cadrages étudiés de Julien Duvivier dans Golgotha (1935)
Jean Gabin, le Ponce Pilate inattendu de Golgotha (1935)