Page 392 - Hervé Dumont - L'antiquité au cinéma

392l’antiquité au cinéma
Suzanne Révonne. – Réalisé dans les studios de la rue
Chauveau à Neuilly.
1911 ThoughYour Sins Be As Scarlet (US) Charles Kent; Vi-
tagraph Co. of America, 302 m. – av. Charles Kent (Jé-
sus-Christ), Julia Swayne Gordon (Marie-Madeleine),
Jessie Smith.
1911 Giuda (Judas) (IT) Arrigo Frusta ; S.A. Ambrosio, To-
rino (« Série d’Or »), 390 m. / 8 min. – av. Oreste Grandi
(Judas), Gigetta Morano (Priscilla, la courtisane), Ma-
rio Voller Buzzi (Jésus-Christ). – Priscilla, une courtisane
de Jérusalem, est émue par les paroles du Christ et l’’invite
chez elle. Jésus refuse de pénétrer dans la maison de la pé-
cheresse et cette dernière, humiliée, cherche à se venger. La
nuit, sur le mont des Oliviers où Jésus prie, elle se donne
à Judas. Au petit matin, poussé par Priscilla, Judas trahit
son maître. La courtisane repentante se jette au pied de la
croix tandis que son amant se suicide. Un Judas égaré par
l’amour ?
1912 From the Manger to the Cross ; or Jesus of Naza-
reth /The Life of Christ (Jésus de Nazareth – sa vie,
sa mort) (US) Sidney Olcott ; Frank J. Marion-Kalem
Co., 5 bob. / 70 min. – av. Robert Henderson-Bland
(Jésus-Christ), Gene Gauntier (Marie), Alice Hollis-
ter (Marie-Madeleine), Jack J. Clark (Jean), Robert Vi-
gnola (Judas), Percy Dyer (Jésus enfant), Helen Lind-
roth (Marthe), Sydney Baber (Lazare), Sidney Olcott
(l’aveugle), J. P. McGowan (André), Montague Sidney
(Joseph). – Premier long métrage américain consacré à
la vie du Christ. Tournant définitivement le dos au prin-
cipe des « tableaux » propagé par Pathé et la Gaumont, le
film est réalisé en extérieurs en Egypte (Gizèh) et en Pa-
lestine (Via Dolorosa à Jérusalem) pour 100 000 $ (il en
rapportera près d’un million), suivant en cela l’appel d’Al-
bert Schweitzer, médecin-missionnaire à Lambaréné (Afri-
que équatoriale française) en faveur d’une vie du Christ
au cinéma qui soit historiquement authentique. Le film
égrène sagement, sans trop d’imagination ni souci de pro-
gression dramatique, tous les épisodes connus, « de la crèche
à la croix » (l’enfant au temple, les noces de Canaan, une
demi-douzaine de miracles, la marche sur l’eau, etc.) et se
clôt sur les images de Golgotha, de courtes scènes séparées
par des citations des Evangiles en intertitres. Il se présente
comme une suite de plans d’ensemble utilisant la profon-
deur de champ, animés par un jeu plutôt sobre, avec un
minimum de gesticulation (seul Judas en fait trop). Vedette
de la Kalem, Gene Gauntier signe aussi le scénario, les cos-
tumes sont inspirés des aquarelles de James Joseph Jacques
Tissot (1894) et le metteur en scène Olcott est l’auteur de
la toute première version de Ben-Hur en 1907. Gauntier
et Olcott sont contraints de quitter la Kalem à la fin du
tournage, ayant réalisé leur film contre la volonté du stu-
dio qui ne croyait pas à ses possibilités commerciales. A la
demande du clergé luthérien qui hésite à acquérir le film
pour ses circuits, Olcott rajoute après-coup une scène de ré-
surrection et l’Ascension : le fils de Dieu monte au ciel grâce
à une corde fixée dans son dos. L’acteur britannique Hen-
derson-Bland, qui joue le Christ, publiera deux livres sur
cette expérience ( From the Manger to the Cross en 1922
et Actor-Soldier-Poet en 1939) et effectuera de nombreu-
ses tournées-conférences dans des églises protestantes améri-
caines où des auditrices exaltées lui auraient baisé les pieds !
Un succès international, huit mois à l’affiche de Queen’s
Hall à Londres, et un « evergreen » des missions. Réédité
en 1918 par Vitagraph et sonorisé (musique et bruitage)
en 1937 avec des gros plans additionnels.
1912 The Holy City (US) Etienne Arnaud ; Eclair Ameri-
can, 20 min. – Louis R. Grisel (Paul), Robert Frazer
(Jésus-Christ), John G. Adolfi (Pierre), Lamar John-
stone (Marc), George Larkin (Judas), Guy Oliver (Luc),
Richard Sterling (Simon), L. Suarez (Matthieu), John
Burkell (Jacques), M. E. Hannefy (André), Van Dyke
Sheldon (Philippe), Mr. Coupe (Barthélemy), Evelyn
Shunk (Jean), Barbara Tennant (Rachel), Muriel Ostri-
che (Rebecca), Isabel Lamon (Miriam), Mathilde Baring
(Muriel), Helen Drew (Ruth), Alec B. Francis (le Cler-
gyman), Julia Stuart (Martha). – Un vieux clergyman est
transporté à Jérusalem aux temps du Christ.
1912 Ø Erodiade (IT) Oreste Mentasti. – av. Mario Ronco-
roni (Jésus-Christ). – cf. 6b.2.
Haut et bas: Robert Henderson-Bland et A. Hollister dans le premier
long métrage sur le Christ, From the Manger to the Cross (1912)