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  l’antiquité au cinéma
1902
Salome /Tanz der Salome
(DE) Oskar Messter ; Mess-
ter Film Berlin, 79 m. / 3 min. – av. Adorée Villany-
Messter (Salomé). –
Salomé danse sur un enregistrement
sonore dans ces images du pionnier de la cinématographie
allemande.
1907
Salomé
(FR ou GB) Gaumont, 534 ft.
1907
Salome
(US) American Mutoscope & Biograph, 53 ft.
Photographié par Billy Bitzer, l’opérateur de D.W. Grif-
fith dans les studios newyorkais.
1908
The Great Salome Dance
(GB) Walter Tyler Prod.,
300 ft.
1908
Salome or the Dance of the Seven Veils
(US) James
Stuart Blackton ; Vitagraph Co. of America, 126 m. –
av. Florence Lawrence (Salomé), Maurice Costello (Jean-
Baptiste). –
Filmé dans les ateliers newyorkais de Flatbush
à Brooklyn
avec la Canadienne Florence Lawrence, une
des premières stars et pionnière du cinéma, vedette de la
Vitagraph (« the Imp Girl »).
1908
Salomé
(FR) Albert Capellani ; SCAGL-Pathé, 10 min.
– av. Stacia Napierkowska (Salomé), Paul Capellani
(Jean-Baptiste). –
La danseuse polonaise et future inter-
prète d’Antinéa dans
L’Atlantide
de Jacques Feyder (1921),
ici encore svelte et gracile, essaie d’ensorceler le saint homme
dans les studios de Vincennes.
1908 [?]
Salomé/L’inconsciente Salomé
(FR) Louis Feuillade;
Gaumont, 9 min. – av. George Wague, Renée Carl
(Salomé).
1910
Salomè / Salomé
(IT / FR) Ugo Falena [d’apr. Oscar
Wilde] ; Film d’Arte Italiana-SAPF-Pathé nº 3642,
285 m. / 15 min. – av. Vittoria Lepanto (Salomé),
Laura Orette (Hérodiade), Ciro Galvani (Jean-Baptiste),
Achille Vitti (Hérode Antipas), Gastone Monaldi (Vitel-
lius), Francesca Bertini (esclave). –
Première adaptation,
très succincte, de la pièce deWilde. Dans les geôles d’Hérode,
Salomé a conçu une passion pour Jean-Baptiste et veut le
délivrer. Celui-ci repousse ses avances et pour se venger, Sa-
lomé exige sa tête après sa danse. A la vue de la tête coupée,
elle ne peut réprimer sa douleur, baise les lèvres du mort et
Hérode, horrifié, la fait exécuter. Les débuts à l’écran de la
Bertini, future diva du cinéma italien, ici en esclave que
Salomé (interprétée, elle, par la muse de Gabriele D’An-
nunzio) condamne à la crucifixion.
1910
Hérodiade
(FR) Victorin Jasset, Georges Hatot ; Eclair,
306 m. – av. Jeanne Grumbach (Hérodiade), Marie Ven-
tura (Salomé), Karlmos (Hérode Antipas), Jean Marié
de l’Isle (Jean-Baptiste). –
Episode biblique centré sur la
belle-sœur et deuxième épouse d’Hérode, tourné dans les
studios d’Epinay-sur-Seine.
1912
Erodiade / Salomè
(Hérodiade)
(IT) Oreste Mentasti ;
Savoia Film, Torino, 716 m. / 37 min. – av. Adriana
Costamagna (Hérodiade), Suzanne de Labroy (Salomé),
GoffredoMateldi (Hérode Antipas), Arturo Garzes (Hé-
rode-Philippe I 
er
, premier tétrarque), Mario Roncoroni
(Jésus-Christ), Giovanni Spano (Jean-Baptiste). –
Hé-
rodiade trompe son époux et oncle, le vieux tétrarque Hé-
rode-Philippe I 
er
, avec le frère de celui-ci, Hérode Antipas.
Elle fait assassiner son époux par un colosse nubien, tan-
dis que sa fille Salomé fait incarcérer Jean-Baptiste qui ré-
siste à ses charmes. Après la décollation du saint, Salomé
en embrasse la tête, ses parents fuient d’horreur et les sol-
dats la transpercent de leurs lances. En dépit du titre, c’est
la Salomé dévergondée de la danseuse Suzanne de Labroy
qui tient la vedette. Projeté avec la musique de Richard
Strauss. US :
Salome
.
1912
Herod / John the Baptist
(GB) Theo Frenkel [=T.
Bouwmeester] ; Kinemacolor Charles Urban, 1 bob.
– av. Theo Frenkel (Hérode Antipas), Julie Meijer
(Salomé). –
Tourné dans les studios français de Charles
Urban à Nice.
1914-16   Ø
Christus
(IT) Giulio Antomaro. – av. Lina De
Chiesa (Salomé). –
cf. 6b.3.1.
1916
La figlia di Erodiade / La fille d’Hérodiade
(IT / FR)
Ugo Falena ; Film d’Arte Italiana, 1027 m. – av. Sta-
cia Napierkowska (Salomé / princesse Pya), Elio Gioppo
féroce, Salomé est une création fantasmatique des temps postmédiévaux. Elle a incendié l’imagination des
artistes depuis la Renaissance (Lucas Cranach, Donatello, Bernardino Luini, le Titien, le Caravage). Sensible à
l’orientalisme voluptueux et sanglant, la fin du XIXe siècle l’a particulièrement choyée : Gustave Flaubert dans
sa nouvelle
Hérodias
(1877) mise en musique par Jules-Emile Massenet (
Hérodiade
, 1881), les peintres Gustave
Moreau, Henri Regnault, Gustav Klimt, etc. Mais c’est par la pièce
Salomé
d’Oscar Wilde (1896), écrite en
français, illustrée par Aubrey Beardsley et finalement transformée en opéra par Richard Strauss (1905), que la
princesse nymphomane et hystérique gagne son immortalité : Wilde l’imagine saisie d’un amour pervers pour
l’anachorète qui, bien évidemment, la repousse. Elle le fait décapiter par dépit, puis embrasse sa tête servie sur
un plateau. Horrifié, Hérode ordonne sa mort. Le cinématographe aidant, toutes les vamps et danseuses avant
ou après la « Belle Epoque » s’y essaient (Florence Lawrence et Stacia Napierkowska en 1908, Vittoria Lepanto
en 1910, l’incontournable Theda Bara en 1918). Mais c’est sans conteste le
Salome
de Charles Bryant et Alla
Nazimova (1923) qui sort du lot en mobilisant à l’écran l’esthétisme exacerbé de Wilde et Beardsley dans un
étrange délire visuel. Le film fera scandale – et école : Carmelo Bene (1972), Claude d’Anna (1985), Werner
Schroeter (1971-88) et Ken Russell (1988) vont à leur tour se vautrer dans les délices de la morbidité fin-de-
siècle. Tout autre est le
Salome
maniériste de William Dieterle interprété par Rita Hayworth (1952), qui exé-
cute avec flamboyance sa « danse des sept voiles » non pour perdre, mais pour sauver l’annonciateur du Christ.
Dans
King of Kings
(1961), Ray voulait montrer une Salomé ayant perdu la raison après la décollation du saint,
mais la production mutila les scènes où elle apparaît. Notons encore une autre approche du tétrarque iduméen
et de son clan : Fara, l’héroïne de
The Big Fisherman
de Frank Borzage (1959), est la fille de la première épouse
nabatéenne d’Hérode, que le satrape répudia. Humiliée, elle voue tous ses efforts à l’assassinat de son tyran de
père, s’introduit dans son palais à Tibériade, puis renonce en y découvrant un pantin tombé en disgrâce.
* * *
s
6b.2.1
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