370
  l’antiquité au cinéma
stein près de Horn, Saalburg b. Homburg (Taunus) – avec
quelque 1000 figurants mobilisés parmi la population lo-
cale, dont 200 cavaliers, et réunit tous les clichés idéologi-
ques et iconographiques du moment. Les Germains y sont
de grands gaillards blonds, virils, aux cheveux longs, coif-
fés de casques cornus ou ailés (historiquement faux), armés
même en temps de paix et habillés de fourrures. Leurs épou-
ses vertueuses et patriotiques, des blondes à tresses, portent
toutes des tuniques blanches, signe de pureté. Arminius est
un colosse sorti d’un opéra de Wagner, un Siegfried avant
l’heure. Quant aux Romains, ils jouent aux dés de pau-
vres femmes germaniques qu’ils vont « déshonorer ». Tels les
Français des caricatures propagandistes, ils sont fourbes,
lâches et lascifs sous unvernis civilisé («lesmercenaires romains
massacraient et pillaient sans pitié, la haine gauloise dans
le cœur », dit un intertitre rédigé par König). Avec le recul,
on est surtout frappé par les réactions, les attitudes et le vo-
cabulaire attribué ici aux Romains : ils rappellent très exac-
tement ceux de la SS et de la Wehrmacht nazie en pays
conquis vingt ans plus tard (« l’honneur de Rome est flétri,
la Germanie sera effacée »). Face à cette racaille, le film
proclame la nécessité d’un guide providentiel et fort, d’un
véritable « Führer » (le putsch hitlérien manqué à Munich
date de novembre 1923). Vainqueur, Arminius est acclamé
sous les cris de «Heil Hermann, le sauveur de Germanie ! »
L’accueil public est passionné. Avec applaudissements après
chaque acte, on entonne l’hymne national («Deutschland-
lied »), mais l’exploitation de ce « grand film patriotique »
reste limitée à la Westphalie. Sa réalisation très médiocre,
ses longueurs et ses incohérences psychologiques (une suite
de scènes sans réelle cohésion), sa bataille incompréhensible
(qui se déroule dans une carrière de pierres et non en forêt),
sa caméra statique et ses gesticulations théâtrales le condam-
nent bientôt aux oubliettes. Un document.
1934-36   [épisode germain :]
Ewiger Wald [La forêt éter-
nelle]
(DE) Hanns Springer, Rolf von Sonjewski-
Jamrowski, Wilhelm Georg Siehm ; Albert Graf von
Pestalozza-Lex-Film/National-Sozialistische-Kulturge-
meinde, 89 min. – av. Aribert Mog (Arminius) et des
amateurs. –
Arminius défait les Romains dans la forêt de
Teutoburgium, reconstitution de la bataille avec des acteurs
anonymes. Film de propagande nazi qui se veut un « poème
symphonique » chantant « l’éternelle forêt allemande », la
pérennité du peuple allemand et, accessoirement, les mille
ans (vite passés) du Troisième Reich.
1965
Il massacro della Foresta Nera
/
Hermann der Cherus-
ker –Die Schlacht imTeutoburgerWald
(IT/DE/YU)
Ferdy Baldwin [=Ferdinando Baldi] [et Rudolf Nuss-
gruber] ; Moris Ergas-Peter Carsten Filmproduktion-
Debora Film-Avala Film, 86 min. – av. Hans von Bor-
sody (Arminius /Hermann), Cameron Mitchell (Aulus
Caecina Severus), Antonella Lualdi (Thusnelda), Beba
Loncar (Livia), Peter Carsten (Segestes / Sigmund),
Dieter Eppler (Rupert), Remo De Angelis (Publius
Quintilius Varus). –
Arminius, prince chérusque et cen-
turion de la XV 
e
légion, est insulté par un Romain. Il re-
tourne en Germanie où il transmet à ses compatriotes ses
connaissances militaires et tactiques acquises au service de
l’Empire. Conscient du danger, Caecina (le tribun Colonna
dans la v. all.) marche vers le Nord pour renforcer les lé-
gions du cruel Varus. Arminius épouse Thusnelda, fille du
chef Segestes, qui sera capturée par les Romains. Il réunit
non sans peine les chefs des tribus germaniques, déjoue les
manœuvres de son ancien ami Caecina à la forteresse de
Divitia et massacre les troupes de Varus dans la forêt de
Teutoburgium. La colonisation romaine de la Germanie
n’aura pas lieu. – Tournage en Yougoslavie, dans les stu-
dios Avala à Belgrade et à Popovo Polje, dans un fortin en
rondins ayant servi aux aventures de
Winnetou
. Dans la
version italienne (inédite), Aulus Caecina est le héros. Il
s’éprend d’une prisonnière (Thusnelda), et, tombé dans une
embuscade, le tribun n’est sauvé que grâce à l’intervention
de celle-ci. Il écrase les agitateurs, gracie Arminius et s’as-
sure l’amitié des tribus barbares fidèles à Rome ... En réa-
lité, pour punir l’affront, Auguste fit porter le fer et le feu
« sur une étendue de cinquante milles. Ni le sexe ni l’âge
n’inspirèrent la pitié » (Dion Cassius). La minimisation de
la victoire d’Arminius, éclipsée dans le scénario italien par
le triomphe final de Rome, retarde de douze ans la sortie
du film en RFA, où il est finalement remonté sous la super-
vision des historiens allemands Robert Werner et Werner
Dahlheim avec des scènes additionnelles réalisées par Ru-
dolf Nussgruber (1977). La même équipe réalise simulta-
nément
All’ombra delle aquile (A l’ombre des aigles)
(cf.
6b.4) et les deux films seront remontés en un seul pour la
sortie vidéo en Grande-Bretagne, sous le titre de
Arminius
the Terrible
. US :
Massacre in the Black Forest.
1993-95  
Die Hermannsschlacht
(DE) Christian Deckert,
Hartmut Kiesel. Christoph Köster, StefanMischer, Cor-
neliusVölker; Schlossfilm, 71min. –av.HartmutNeubert
(Publius Quintilius Varus), Stefan Mischer (Arminius /
Hermann), Svea Timander (Thusnelda), Carmen Plate
(l’impératrice Livia), Matthias Köster (ChristianDietrich
Arminius, Thusnelda et Varus dans une version controversée du
drame (
Il massacro della Foresta Nera
de Ferdinando Baldi, 1965)
I...,360,361,362,363,364,365,366,367,368,369 371,372,373,374,375,376,377,378,379,380,...674