6b – la rome impériale 
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responsable des lieux cultes de l’Israël moderne : il rebâtit et embellit le Temple de Jérusalem (dont seul subsiste
le Mur des Lamentations) et fit construire la forteresse de Massada, qui devint l’emblème de la résistance juive.
C’est surtout en tant qu’incarnation de la jalousie poussée jusqu’à la démence qu’Hérode le Grand a marqué la
littérature et l’art du spectacle. Après avoir fait mettre à mort la resplendissante princesse asmodéenne Mariam-
ne, sa femme (dont il avait déjà tué le père), ainsi que ses deux propres fils, Alexandre et Aristobule (28 av. JC),
le tyran aurait sombré dans une sorte de délire de culpabilité au cours duquel il croyait voir son épouse adorée.
La tragique destinée de Mariamne, rapportée par Josèphe, a inspiré Hans Sachs (1532), Calderón de la Barca
(1635), Tirso de Molina (1636), Tristan l’Hermite (1636), Voltaire (1762) et en particulier Friedrich Hebbel
(1850) qui brosse un portrait subtil du couple maudit. Le cinéma ne s’y risque qu’une seule fois, médiocrement,
en 1959 avec
Erode il grande
de Victor Tourjanski.
Son fils et successeur Hérode Antipas, qui n’obtint pas le titre de roi mais dut se contenter de celui de
tétrarque de Galilée sous la botte de Tibère, est dénoncé unanimement pour son abjection, tant dans les Evan-
giles que dans les textes non chrétiens. Il renvoya Jésus à Ponce Pilate après l’avoir ridiculisé. Auparavant, sa
conduite dissolue avait été violemment stigmatisée par saint Jean-Baptiste, qui paya son courage de sa tête.
Hérode avait épousé Hérodiade, la femme de son demi-frère Hérode-Philippe I
er
, et le couple fut accusé publi-
quement d’adultère et d’inceste. A l’écran, Hérode Antipas, tyranneau veule, sournois et lascif, fait la joie des
comédiens les plus patibulaires : Harry Baur, Charles Laughton, Frank Thring, Herbert Lom, tandis que son
père est campé notamment par Peter Ustinov, Edmund Purdom et Grégoire Aslan (Laughton et Ustinov se sont
déjà illustrés auparavant en Néron).
Quant à la princesse Salomé (v. –14 - v. 62), fille d’Hérodiade, on sait qu’elle envoûta si bien son oncle par
sa danse qu’elle obtint de lui pour récompense, et sur insistance de sa mère, l’exécution du prophète. L’adoles-
cente n’a pas de nom dans les Evangiles (Matthieu 14 : 6, Marc 6 : 22). Selon Josèphe, Salomé se maria deux fois,
d’abord avec son oncle, le tétrarque Hérode Philippe, puis, après la mort de ce dernier en l’an 34, avec son cou-
sin Aristobule, fils d’Hérode Antipas et roi de Chalcis, auquel elle donna trois fils. Voilà pour l’Histoire. Mais,
de personnage secondaire manipulé par la volonté vengeresse de sa mère, Salomé acquiert au fil des siècles une
autonomie totale. Silhouette équivoque, sublimation de vice et de grâce, de candeur inquiétante et de pureté
La prise du Temple de Jérusalem par les légions de Pompée en –63 provoque un bain de sang (
King of Kings
de Nicholas Ray, 1961, p. 413)
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