Page 367 - Hervé Dumont - L'antiquité au cinéma

6b – la rome impériale 367
2003 (tv) Augustus, the first Emperor / Augusto, il primo
imperatore / Augustus. Mein Vater der Kaiser (US /
IT /DE / ES /GB) Roger Young ; série « Imperium
– The Rise and Fall of an Empire », Lux Vide-Eos-RAI-
Telecinco-ZDF (RAI Uno 30.11.-1.12.03), 178 min.
– av. Peter O’Toole (Auguste âgé), Charlotte Rampling
(Livia Drusilla), Benjamin Sadler (Octave), Vittoria Bel-
vedere (Julia, fille d’Auguste et épouse de Tibère), Rus-
sell Barr (Mécenat /Maecenas), Ken Duken (Marcus
Agrippa), Massimo Ghini (Marc Antoine), Gottfried
John (Cicéron), Gerard Klein (Jules César), Martina
Sella (Livia jeune), Anna Valle (Cléopâtre), Juan Diego
Botto (Iullus Antonius, fils de Marc-Antoine et de Ful-
via, amant de Julia), Achille Brugnini (Cassius), Ric-
cardo De Torrebruna (Decimus), Giampiero Judica
(Scipion), Antonio Petrocelli (Brutus), Michael Reale
(Lépide). – Après avoir porté au petit écran une vingtaine
de films inspirés de l’Ancien et du Nouveau Testament (en-
tre 1993 et 2002), les producteurs Ettore Bernabel (Lux
Vide) et Leo Kirch (Beta Film), réunis sous le label Lube,
lançent la série « Imperium» consacrée aux grands mo-
ments de l’Empire et entièrement tournée en Tunisie. Le
producteur tunisien Tarak Ben Ammar y a fait recons-
truire des quartiers entiers de la Rome antique avec Forum,
Panthéon, etc. sur 5000 m2 dans les Empire Studios près
de Hammamet.
Premier épisode de la série et unique film célébrant les ex-
ploits de cet austère prince du Sénat qui n’incorpora que
fort tard le nom d’imperator dans sa titulature. En l’an
12 av. JC, apprenant la mort de son gendre et ami Mar-
cus Agrippa, successeur souhaité, Auguste force sa fille Ju-
lia à épouser Tibère, le rejeton de sa femme Livia. La jeune
veuve se rebiffe (elle aime Iullus, fils de Marc Antoine) et
pour la convaincre de la nécessité politique de cette union,
l’empereur lui raconte les principales étapes de son parcours
(« Ai-je bien joué mon rôle dans cette comédie appelée vie ?
Applaudissements, s’il-vous-plaît ! »). Flash-back, 36 ans
plus tôt : jeune, de santé fragile, Octave quitte la ferme
maternelle et rejoint Agrippa pour s’engager dans l’armée
de tonton Jules César en Espagne. Celui-ci lui apprend le
secret de son pouvoir : se faire aimer à tout prix, d’abord
par les militaires, ensuite par le peuple. Au lendemain de
la victoire de Munda (–45) qui scelle le sort de Sextus, le
fils de Pompée, César désigne son neveu comme héritier.
Octave devient consul à la mort du dictateur et forme un
triumvirat pour le venger. La guerre contre Cléopâtre est
escamotée. Défait, Marc Antoine rencontre Octave qui lui
donne personnellement une épée pour se suicider (sic) –
on oublie les combats d’Actium et de Péluse – et la reine
d’Egypte se fait piquer par un cobra ! Par la suite, le télé-
film se perd dans les intrigues plus ou moins inventées à la
cour (la prétendue tentative d’assassinat de l’empereur par
Iullus et Scipion, arrêtés par Tibère et exécutés). Devenu
défenseur de la sacro-sainte famille, Auguste impose une
loi condamnant l’adultère, puis fait exiler sa propre fille
sur l’île de Pandateria. «Tu détruis tout ce que tu aimes »,
lui reproche son futur successeur, Tibère.
Augustus repose presque entièrement sur les épaules de Peter
O’Toole et de Charlotte Rampling, deux magnifiques ac-
teurs, mais le scénario, bavard, égaré dans un sentimenta-
lisme déplacé, ne parvient pas à faire de leurs personnages
des êtres de chair et de sang. L’intrigue languissante accu-
mule contre-vérités et inepties qui trahissent une incompré-
hension foncière de l’époque traitée. Proto-démocrate, Cé-
sar envoie sans ironie les légions combattre « pour la liberté
et la justice », son protégé Octave aide les mendiants dans
les rues de Rome et veut abolir les privilèges des nobles afin
que les Romains soient tous « égaux » ; enfin, c’est l’affreux
Marc Antoine qui lui impose la proscription entraînant
l’élimination physique en masse de ses ennemis politiques.
En réalité, Auguste avait bien moins de scrupules que vou-
drait nous le faire croire O’Toole, sa fille Julia n’était pas
aussi candide : son bannissement de la cour fut provoqué
par son arrogance et son adultère avec Iullus. Elle ne fut
Peter O'Toole (Auguste) et Charlotte Rampling (Livia Drusilla) dans l'unique biographie filmée du politicien (Augustus, tv 2003)