6b – la rome impériale 
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possédait aussi des esclaves contribua d'ailleurs à l'impopularité de la série télévisuelle
Rome
dans la Péninsule
(2005, cf. 6a.5.1). Aux Etats-Unis, où la question réveille des souvenirs encore récents, l'esclave est surtout pris
en considération par Hollywood s'il est également chrétien. Cet amalgame de condition sociale et de conviction
religieuse entérine implicitement le mensonge selon lequel le christianisme triomphant aurait éradiqué l'escla-
vage et apporté la liberté pour tous.
Le problème du christianisme
Les persécutions et la martyrologie chrétiennes sont, on l’a dit, indissociables des représentations de l’Empire,
au point de former un sous-genre cinématographique. A cela, quelques remarques préliminaires. Rappelons
que les Romains étaient très ouverts en matière de spiritualité, tous les cultes étant admis pour autant qu’ils ne
suscitent pas de troubles. Lorsque Rome faisait la conquête de nouveaux territoires, elle acceptait comme un
enrichissement les dieux des peuples qu’elle intégrait. Seuls les cultes jugés nuisibles à l’ordre public pouvaient
être interdits et dénués de leur statut de religion. Aux yeux de Rome, Jésus n’était qu’un « droit commun »,
légalement condamné à mort par une autorité agissant au nom de Tibère. De surcroît, loin d’impressionner,
ses miracles et sa résurrection – pour autant qu’ils soient pris au sérieux – relevaient de la magie, pratique
qui, d’après la lex Cornelia (I
er
siècle avant notre ère) encourait la peine capitale, quel que soit le rang social
de l’accusé. Selon la juridiction romaine, les chrétiens étaient même des athées, car ils considéraient comme
des démons les entités protectrices de la cité et, en refusant leur culte, ils attiraient la colère des puissances
divines sur la communauté. Tacite affirme que la population les abhorrait parce qu’ils propageaient « la haine
du genre humain ». Cette absurdité pouvait parfois trouver justification dans la critique enflammée faite par
certains rigoristes chrétiens des valeurs du monde romain, et « dénonce surtout l’attitude d’une communauté
vivant en circuit fermé, à l’écart d’un mode de vie dont elle condamnait les valeurs » 
2
. Indépendamment des
bruits imbéciles répandus à leur sujet (infanticide, anthropophagie, etc.), les chrétiens étaient perçus comme les
ennemis de la collectivité parce qu’ils « n’admettaient pas les définitions communes de la vie et du bonheur » 
3
.
La déification du souverain était une autre source de conflit. Pour les Romains, celle-ci n’était guère qu’une dis-
tinction honorifique, une politesse civique, un acquiescement normal à l’ordre divin du monde. Les chrétiens,
La construction d'un aqueduc en Palestine mobilise des centaines d'esclaves (
Ponzio Pilato
d'Irving Rapper, 1961)
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