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  l’antiquité au cinéma
en revanche, ne concevaient pas la divinité autrement que transcendante, et reconnaître celle d’un chef
d’Etat équivalait à une apostasie qui les privait du paradis, d’où les tragiques malentendus provoquant rejet et
condamnations 
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.
Ces malentendus ne commencent pas avec Néron en l’an 64, contrairement à ce que laisseront entendre
littérature, peinture, opéra et cinéma. Chez Néron, la condamnation de la secte dissidente du judaïsme accu-
sée d’avoir bouté le feu à la capitale est un fait isolé, local, qui ne s’est ni prolongé, ni étendu à d’autres cités
de l’Empire. Il n'entraîna pas la confection d'une loi spécifique. Il y eut des châtiments, certes, mais il semble
abusif – et commode – de parler ici de persécution, l’Eglise nouvelle s’étant bâtie sur le sang de ses martyrs, réels
ou virtuels. Les premières exécutions de chrétiens pour motifs religieux (exclusion impie des autres divinités,
incivisme et refus du culte de l’empereur) sont le fait des successeurs de Néron : Domitien vers l’an 90, Trajan en
112, le « sage » Marc Aurèle en 177 (supplices de l’évêque Pothin et de sainte Blandine à Lyon). Les persécutions
sont toutefois encore occasionnelles, limitées dans le temps et l’espace : on ne recherche pas des chrétiens, mais
on condamne ceux qui sont dénoncés par des particuliers devant un gouverneur (délations non anonymes).
La mise en procès n’entraîne d’ailleurs pas toujours la mort. En fait, aucune décision concernant l’ensemble
des chrétiens n’est connue avant un édit attribué à Septime Sévère en 202 interdisant les conversions tant au
judaïsme qu’au christianisme 
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. La véritable offensive anti-chrétienne, générale, systématique et caractérisée par
des édits impériaux, n’est déclenchée que deux siècles après Néron, en 249 / 50 sous l’empereur Dèce, puis sous
Valérien en 257 / 58 (en 260, en revanche, Gallien signe un édit de tolérance). Condamnés, les chrétiens de
citoyenneté romaine sont décapités. Les autres subissent la peine prévue par la cité à laquelle ils appartiennent.
En principe, seuls les esclaves sont soumis aux atrocités du cirque. Dèce agit non par fanatisme dogmatique,
mais dans le but politique de refaire l’unité romaine autour de la religion traditionnelle. Les apostasies sont
toutefois très nombreuses et les chrétiens consentant à participer aux sacrifices païens reçoivent un certificat qui
leur assure toute protection (on peut aussi acheter des certificats de complaisance). En général, les poursuites
sont sélectives, les chefs de l’Eglise étant les premiers visés. Le cinéma n’y fera allusion que très sporadiquement,
par exemple à travers les martyrs de Polyeucte (version Corneille) ou de sainte Cécile.
Quant à la Grande Persécution, la plus conséquente – et aussi la dernière – , elle est l’œuvre de Dioclétien,
entre 303 et 312 (cf. Antiquité tardive 6c). La fin du III
e
siècle voit une véritable renaissance des anciennes
Saint Pierre (Finlay Currie) réconforte les chrétiens condamnés au martyre dans l'arène (
Quo Vadis
de Mervyn LeRoy, 1951)
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