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 l'antiquité au cinéma
envisage ce film comme un défi britannique au cinéma
d’Hollywood. Le texte original est respecté à la lettre. Pas-
cal fait revenir de Californie les vedettes anglaises Vivien
Leigh (pour qui Shaw, sous le charme, écrit une nouvelle
scène) et Claude Rains. (Shaw voulait confier le rôle de
César à John Gielgud, mais celui-ci détestait Pascal.) Vi-
vien Leigh fait une délicieuse femme-enfant, innocente et
cruelle, Rains un César quinquagénaire (elle l’appelle «Old
Gentleman ») à demi-chauve, orgueilleux, amusé et pater-
nel. A première vue, leur relation semble chaste, pas de pe-
tit Césarion en vue ...
L’œuvre démarre en trombe, portée par la confrontation
ironique des souverains et la cocasserie du choc culturel
Rome-Egypte (« L’Egypte aux Egyptiens ! »), mais s’essouffle
dès la seconde moitié (siège d’Alexandrie), comme la pièce
d’ailleurs, ce qu’accentue ici l’absence de talent cinémato-
graphique de Pascal. De la conversation à profusion, peu
d’action et des manœuvres militaro-politiques qui restent
obscures pour le non-initié. A l’époque,
Caesar and Cleo-
patra
est le film le plus cher jamais produit en Grande-
Bretagne (3 millions de $), en raison de dépassements de
budget considérables (interruptions dues aux raids aériens
des V-2 allemands en été 1944, fausse-couche de Vivien
Leigh, désaccord des stars avec Pascal) et plus d’une année
de tournage en Technicolor dans les studios de J. Arthur
Rank à Denham. Oliver Messel, créateur de l’Orient fée-
rique de
The Thief of Bagdad
(Michael Powell), érige les
décors immenses du palais royal avec jardins suspendus,
Production britannique ruineuse tournée à la fin de la guerre,
Caesar and Cleopatra
(1945) s'attire les foudres du parti travailliste
Claude Rains etVivienLeigh réunis dans
Caesar andCleopatra
(1945) La comédie de G. B. Shaw bénéficie d'un somptueux Technicolor
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