Page 337 - Hervé Dumont - L'antiquité au cinéma

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romaine parle de «parodie involontaire » et de «burlesque ».
Cinq nominations à l’Oscar (dont «meilleur film», une
statuette d’or pour la photo de Victor Milner).
1937 Will You Stop ! (US)WilliamWatson ; Educational Pic-
tures-20th Century Fox, 18 min. – av. Tim Ryan (Marc
Antoine), Irene Ryan (Cléopâtre), Hugh Cameron, Ed-
die Parks, Andrew Anderson. – Comédie burlesque.
1943 Kliyûbâtrâh (Cléopâtre) (EG) IbrâhîmLâmâ ; Condor-
Film, Le Caire, 105 min. – av. Amîna Rizk (Cléopâtre),
Badr Lâmâ (Harmachis), Mahmud El Meligi (Marc An-
toine), Anwâr Wagdi, Menassa Fahmî, Bichara Wakîm,
Mohammed Al-Dib, Hassan Helmi, Salwa Allam. –
Ultime descendant des authentiques pharaons égyptiens,
physicien et prêtre d'Isis, le prince Harmachis est chargé
par les siens de renverser les Ptolémées, de chasser les Ro-
mains et de restaurer l'âge d'or d'antan. Mais sa tentative
de tuer Cléopâtre échoue, il s'éprend follement d'elle, de-
vient son amant et la reine lui fait révéler la cachette des
trésors de la Grande Pyramide qui lui permettent d'asseoir
son pouvoir. Lorsqu'elle se détourne d'Harmachis, celui-ci
complote pour précipiter la chute du royaume. Il est em-
prisonné. Fraîchement débarqué à Alexandrie, Marc An-
toine convainc Cléopâtre de pardonner à l'Egyptien, mais
quand commence la guerre contre Octave, Harmachis, dé-
guisé en devin, conseille à Cléopâtre de retirer ses navires à
Actium. Marc Antoine se croit trahi, c'est la débâcle. Har-
machis lui raconte que la reine, prise de remords, s'est sui-
cidée, et il se tue. On l'amène agonisant à Cléopâtre qui
le suit dans la mort, avec un poison procuré par le prince
égyptien, toujours amoureux et le cœur brisé.
Comme le Cleopatra de J.Gordon Edwards en 1917, cette
version se veut l'adaptation relativement fidèle du roman
de Sir Henry Rider Haggard (1889), quoique le scéna-
riste El Sayed Zyada se soit aussi inspiré de la pièce à succès
Masra Kliyûbâtrâh (La chute de Cléopâtre) de son com-
patriote Ahmad Shawqi (Le Caire, 1929). En 1942/43,
alors que les Italiens, l'Afrikakorps de Rommel et les An-
glais s'affrontent non loin d'Alexandrie, on est tenté de voir
dans le choix du texte de Rider Haggard un clin d'œil des
patriotes égyptiens au mouvement nationaliste du Wafd,
ennemi du roi Farouk et de ses protecteurs britanniques.
Voici en tout cas un des très rares péplums égyptiens, truffé
de chansons et de danses, produit avec (trop) peu de moyens
par les frères Ibrâhîm et Badr Lâmâ, deux Palestiniens du
Chili qui ont transformé leur Studio Lama à Quoubbeh
Gardens au Caire en petit «Hollywood de l’Orient ». Beau
garçon, Badr joue les jeunes premiers (ici Harmachis) dans
les films d'aventures pseudo-historiques de son frère, qui a
également produit deux ans auparavant un Saladin glo-
rifiant la victoire arabe sur les croisés.
1946 / 47 La vida intima de Marco Antonio y Cleopa-
tra /Marco Antonio y Cleopatra (La vie intime de
Marc Antoine et Cléopâtre) (MX) Roberto Galvadon ;
Filmex, 89 min. – av. Maria Antonieta Pons (Cléopâ-
tre), Luis Sandrine (Marc Antoine), Victor Junco (Oc-
tave), José Baviera (Jules César), Conchita Carracedo,
Rafael Banquells. – Parodie tournée dans les studios Az-
teca à Mexico, menée par le comique argentin Sandrin et
la Cubaine M. A. Pons. Un médium transporte ses proches
dans l’Antiquité où ils sont intégrés à un salmigondis his-
torique truffé d’anachronismes, dans lequel Ptolémée boit
le poison destiné à Marc Antoine, lequel fait hara-kiri en
apprenant que Cléopâtre le trompe avec Octave, etc.
1953 Serpent of the Nile. The Loves of Cleopatra (Le ser-
pent du Nil) (US) William Castle ; Sam Katzman-Co-
lumbia, 81 min. – av. Rhonda Fleming (Cléopâtre),
William Lundigan (Lucilius), Raymond Burr (Marc An-
toine), Michael Fox (Octave), Robert Griffin (Brutus),
Jean Byron (Charmion), Michael Ansara (Florus). – Le
meurtre de César déclenche la course au pouvoir. Brutus
cherche à gagner Cléopâtre à la cause des Républicains et
Marc Antoine, venu pour la punir, succombe à ses charmes.
Seul le centurion Lucilius, bras droit de ce dernier, résiste
aux roucoulements royaux, échappe aux attentats, mais met
vainement Marc Antoine en garde contre la duplicité de
Cléopâtre qui ne vise rien de moins que le trône de Rome
après avoir éliminé son amant. Se sachant méprisé, Marc
Antoine noie son dépit dans le vin tandis que Lucilius re-
joint Octave et force les portes du palais de Cléopâtre à la
tête de ses soldats ... – Le drame d’Alexandrie réduit aux
intrigues d’une créature venimeuse issue d’un « film noir »
– une mignonne Rhonda Fleming en Technicolor allongée
devant des tentures de velours violettes – et de ses pseudo-
soupirants calculateurs. Raymond Burr, un Marc Antoine
lourd et gauche, titube à souhait avant de s’empaler sur
son glaive ; William Lundigan arbore une coupe de play-
boy californien (l'année suivante, Burr obtiendra le rôle de
sa vie grâce à Alfred Hitchcock : celui du meurtrier pathé-
tique de Rear Window / Fenêtre sur cour). L’ensemble est
tourné à la hâte dans les studios de la Columbia à North
Gower Street pour amortir les décors, costumes et armu-
res du Salome de Dieterle. La besogne incombe àWilliam
Castle, futur spécialiste du film de terreur à bon marché.
Une cinquantaine de figurants simulent la bataille de Phi-
lippes dans les rochers d’Iverson Ranch.
1953 Due notti con Cleopatra (Deux nuits avec Cléopâ-
tre) (IT) Mario Mattoli ; Excelsa-Rosa, 90 min. – av.
Sophia Loren (Cléopâtre /Nisca), Ettore Manni (Marc
Rhonda Fleming en Cléopâtre létale (Serpent of the Nile, 1953)