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  l’antiquité au cinéma
joies et trafiquants de crack. Le cinéaste n’a cessé de dépein-
dre les quêtes obstinées de pécheurs hantés par la tentation,
la culpabilité et le rachat, et son
Kundun
(la jeunesse du
Dalaï Lama) a démontré sa soif de paix spirituelle. Son
film, il le réalise finalement au Maroc (Oumnast dans
les environs de Marrakech, les étables Moulay-Ismael à
Meknès, Volubilis, Azrou, la vallée d’Itto dans l’Atlas) avec
un budget modeste de 5,6 millions de $. Percussions afri-
caines et tatouages berbères donnent le ton de cette œuvre
atypique qui est avant tout un film d’auteur.
Dans ce récit, qui se veut bien sûr fictif, le Christ apparaît
comme un homme qui souffre plus encore que ses prochains.
Qu’il ait aimé charnellement une ou des femmes, qu’il ait
été tenté sur la croix, la question en soi a peu d’intérêt. La
faiblesse foncière du film, outre son rythme languissant et
ses louvoiements stylistiques vers le « gore » (Jésus s’arrachant
le cœur, la momie horrifique de Lazare), provient en prio-
rité de la représentation du Christ par Willem Dafoe : un
indécis tourmenté, velléitaire, timoré (« je suis le fils de la
peur »), les yeux écarquillés, la dentition irrégulière, le par-
ler gouailleur. Un quidam sans charisme ni conviction, le
regard fuyant, en état d’infériorité face à Judas (Keitel crève
l’écran) et à ses disciples, tous un peu demeurés, et qui sus-
cite à raison le fou rire ou l’indifférence quand il prêche.
Scorsese capte son instabilité avec une caméra nerveuse,
aux mouvements saccadés. Eclairage arianiste ou non, on
a peine à imaginer cet halluciné, pauvre jouet d’une pro-
vidence capricieuse, en messager divin dont l’enseignement
serait à l’origine d’une civilisation deux fois millénaire ! Ses
doutes, sa quête sont ceux de l’Amérique des années 1980.
Reste une œuvre certes sincère, mais confuse, au diapason
des angoisses du cinéaste et de l’hystérie rentrée de son scéna-
riste. Un réalisme brutal s’y substitue aux conventions pic-
turales bienséantes véhiculées par des siècles d’affadissement
historique (la crucifixion sanglante, le Christ nu, etc.), mais
nous sommes loin de la simplicité poétique de Kazantza-
kis, et les transes de Jean-Baptiste ressemblent furieusement
aux « shows » religieux des télévangélistes d’outre-Atlanti-
que, ceux-là mêmes qui hurleront au boycott du film sans
l’avoir vu. Peu avant sa sortie aux Etats-Unis, le révérend
méthodiste Donald Wildmon mène une violente campa-
gne àWashington pour en demander l’interdiction. Le film
est présenté au festival de Venise en 1988 (Zeffirelli s’indi-
gne que « la racaille culturelle juive de Los Angeles cher-
che une fois de plus à attaquer le monde chrétien », puis se
rétracte) et déchaîne l’hostilité des milieux intégristes
français qui interrompent les projections avec des bombes
lacrymogènes. A Paris, des agités incendient un cinéma,
il y a onze blessés. Seules deux salles conservent le film à
l’affiche. Pas étonnant que cette œuvre de Scorsese soit deu-
meurée inédite à la télévision.
1988
Δ
The Seventh Sign
(US) Carl Schultz. – av. Jürgen
Prochnow (Jésus-Christ).
1989 (tv)
Le chemin de Damas
(FR) Ludovic Segarra ; FR3
-La Sept (24.3.89). – av. Alexandre Arbatt (Paul), Vla-
dimir Tolsty (Barnabé), Danielle Van Bercheycke (Ma-
rie), Etienne de Grammont (Marc).
1989
Il bacio di Giuda
(IT) Paolo Benvenuti ; Alfea-RAI3, 85
min. – av. Carlo Bachi (Jésus-Christ), Giorgio Algranti
(Judas), Marina Barsotti (Marie-Madeleine), Emidio Si-
mini (Nicodème), Pio Gianelli (Pierre), Jean Foppiano
(André), Francesco Drosera (Jacques de Zebédé), Lu-
ciano Ardiccioni (Thaddée), Stefano Bambini (Mat-
thieu), Eugenio Sanna (Barthélemy), Giancarlo Rossi
(Jacques d’Alfée), Dolfo Scarselli (Thomas), Roberto
Morini (Caïphe).
1989 (tv)
The Garden
(GB /DE) Derek Jarman ; Basilisk-
Channel Four-British Screen-Uplink-ZDF, 90 min. –
av. Tilda Swinton (Marie), Roger Cook (Jésus-Christ),
Spencer Leigh (Marie-Madeleine), Pete Lee Wilson
(Satan), Orlando (Ponce Pilate), Philip MacDonald
(Joseph). –
Vision homosexuelle de la vie du Christ.
1990
Es wäre gut, dass einMensch würde umbracht für das
Volk (Johannispassion)
(DE) Hugo Niebeling ; Pro-
vobis-Westdeutscher Rundfunk (ARD 7.11.91), 125
min. – av. Christoph Quest (Jésus-Christ), Klaus Bar-
ner (Ponce Pilate), Ralf Richter (Pierre), Ernst Haefli-
ger (Evangéliste), Isolde Barth (Claudia Procula). –
La
passion de saint Jean selon le drame musical de Johann Se-
bastian Bach (1724), filmé dans la cathédrale de Speyer.
1991 (tv)
El Evangelio según Marcos /The Gospel Accor-
ding to Mark
(AR) Héctor Olivera [d’apr. Jorge Luis
Borgès], 55 min. – av. Hugo Soto (Baltasar Espinosa),
Miguel Dedovich, Gustavo Garzón, Mirna Suárez, Rolly
Serrano.
1991
Δ
Der Grossinquisitor
(CH) Beat Kuert. – av. Giulio
Brogi (Jésus-Christ).
1992
The Second Coming
(US) Blair Underwood, 30 min.
– av. Blair Underwood (Jésus-Christ). –
Film destiné
aux circuits religieux.
1992
Jesus vender tilbage
(DK) Jens JørgenThorsen ; Super-
film, 104 min. – av. Marco Di Stefano (Jésus-Christ),
JohnnyMelville, Jed Curtis, Jean-Michel Dagory, Benny
Hansen, Jacob Haugaard. –
Le réalisateur danois de
Jours
tranquilles à Clichy
scandalise les milieux religieux de
son pays avec ce
Retour
(titre alternatif ) du Christ dans
les temps modernes, où il rallie un groupe de terroristes.
Aboutissement risible d’un projet de Thorsen qui fit cou-
ler beaucoup d’encre de par le monde et annoncé dès 1973
sous le titre provocateur de
The Sex Life of Jesus Christ
.
1993
Un amore a Betlemme / Per amore, solo per amore
(IT) Giovanni Veronesi ; Filmauro [d’apr. Pasquale Festa
Campanile], 103 min. – av. Diego Abatantuono (Jo-
seph), Penelope Cruz (Marie), Elana Giuia (Marie en-
fant), Tarek Nasser (Jésus enfant), Renato De Carmine,
Stefania Sandrelli, Valeria Sabel, Alessandro Haber. –
La
rencontre de Joseph et de Marie, la transformation du pre-
mier à l’annonce de la naissance de Jésus, produit en Tuni-
sie par Luigi et Aurelio De Laurentiis (neveux de Dino),
avec Penelope Cruz dans un de ses premiers rôles. US :
Fo
Love, Only for Love
.
1993 (tv)
Jésus était son nom
(FR) Marion Sarraut (tv), Ro-
bert Hossein (th) (TF1 24.12.93), 105 min. – av. Jean-
Marie Lamour (Jésus-Christ), Luciano Baldelli (Mat-
thieu), Thierry Charpiot (Judas), Pascal David (Jacques),
Nicolas Hocquenghem (Jacques, fils d’Alphée), Laurent
Huon (André), Jean-Pierre Lecloarec (Simon Pierre),
Vincent Lo Monaco (Thomas), Pascal Mengelle (Jean),
Pascal Montel (Thaddée), Philippe Moyssan (Philippe),
Touhami Ouldamar (Simon le Zélote), Serge Papiernik
(Barthélémy), Suzanne Andrews (Hérodiade), Jean An-
tolinos (Ponce Pilate), Gérard Boucaron (Simon le Pha-
risien), Catherine Quiniou (Marie), François Rabino-
vici (Joseph). –
Captation du spectacle prosélyte de Robert
Hossein.
1993
Il ventre di Maria
(IT) Memè Perlini ; Mean Cinema-
tografica, 100 min. – av. Agnese Nano (Marie), Nuc-
cio Siano (Joseph), Giuseppe Ieracitano (Jésus-Christ),
I...,426,427,428,429,430,431,432,433,434,435 437,438,439,440,441,442,443,444,445,446,...674