6c – rome : l'antiquité tardive 
        
        
          
            587
          
        
        
          
            Ildico dont Carpilion, ambassadeur de Rome, obtient la li-
          
        
        
          
            berté. La duplicité personnifiée, Attila tue Bleda, joue Va-
          
        
        
          
            lentinien contre le Wisigoth Théodoric et envahit la Gaule
          
        
        
          
            où il sème l’effroi. A Reims, l’évêque Nicaise se dresse devant
          
        
        
          
            le Hun qui le décapite. Ravenne et la Gaule, les nations
          
        
        
          
            latines (sic) s’allient contre le Barbare, battu près de Châ-
          
        
        
          
            lons, reculant devant le pape Léon et périssant pendant sa
          
        
        
          
            nuit de noces avec la princesse Honoria dont il vient d’ob-
          
        
        
          
            tenir la main en renonçant à assiéger Rome. – A la fin de
          
        
        
          
            la Première Guerre mondiale, ce film livre une lecture po-
          
        
        
          
            litique et nationaliste de l’Histoire, le Hun étant tout na-
          
        
        
          
            turellement assimilé au Prussien, à la « bête immonde »
          
        
        
          
            ravageant la France et l’Italie civilisées. La critique tant
          
        
        
          
            italienne qu’anglo-saxonne ne manque pas de comparer cet
          
        
        
          
            Attila-là avec Guillaume II, le sac de Reims avec les bou-
          
        
        
          
            cheries récentes de la Marne, l’invasion hunnique de l’Italie
          
        
        
          
            du Nord avec l’effondrement du front italien entre l’Isonzo
          
        
        
          
            et la Piave. L’origine germano-turque des hordes d’Attila
          
        
        
          
            (seuls les Huns Blancs étaient majoritairement mongols)
          
        
        
          
            permet de surcroît une assimilation supplémentaire avec
          
        
        
          
            les Ottomans, alliés de Berlin et ennemis auxquels l’Ita-
          
        
        
          
            lie coloniale a volé la Libye en 1912. Arturo Ambrosio, le
          
        
        
          
            producteur, obéit en cela aux appels pressants du ministre
          
        
        
          
            Augusto Ciuffelli pour un cinéma à caractère patriotique.
          
        
        
          
            Cette fresque fastueuse est tournée en automne 1917 dans
          
        
        
          
            les immenses studios de la Via Mantova à Turin (alors les
          
        
        
          
            plus grands d’Europe), puis dans la campagne piémontaise.
          
        
        
          
            Intéressant est l’apport de son auteur, le poète, cinéaste, co-
          
        
        
          
            médien et romancier hispano-sicilien Febo Mari, connu
          
        
        
          
            pour avoir réalisé deux ans auparavant
          
        
        
          
            
              Cenere (Cendres)
            
          
        
        
          
            ,
          
        
        
          1910 Ø
        
        
          
            Attila (I Nibelungi)
          
        
        
          (IT) Mario Bernacchi. –
        
        
          
            La
          
        
        
          
            vengeance de Kriemhild (cf. 6c.3.3) avec une variante :
          
        
        
          
            Kriemhild accepte d’épouser Attila si celui-ci fait exécuter
          
        
        
          
            les assassins de Siegfried. Une fois la chose faite, la prin-
          
        
        
          
            cesse burgonde poignarde le « fléau de Dieu ». Sans doute
          
        
        
          
            pour le remercier ...
          
        
        
          1918
        
        
          
            Attila / Il flagello di Dio (Attila)
          
        
        
          (IT) Febo Mari ; Am-
        
        
          brosio Film, Torino, 6 actes / 2048 m. – av. Febo Mari
        
        
          (Attila), Maria Roasio (princesse Honoria), Ileana Leo-
        
        
          nidoff (Ildico), François-Paul Donadio, Nietta Morde-
        
        
          glia (Creca). –
        
        
          
            Attila et son frère Bleda aiment la danseuse
          
        
        
          1
        
        
          Cf. Hannes Etzldorfer, «Der Hunnenmythos », in :
        
        
          
            Reitervölker aus dem Osten; Hunnen und Awaren
          
        
        
          , catalogue de la Burgenländische Landesausstel-
        
        
          lung, Ed. Grasl, Eisenstadt 1996, pp. 169-170.
        
        
          2
        
        
          Poussés vers l’ouest par les Huns, les Burgondes obtinrent en 443 de Valentinien III un traité qui les fixait en Sapaudia (Savoie et Suisse romande).
        
        
          Auxiliaires de l’armée romaine, il embrassèrent le christianisme catholique et contribuèrent à son implantation chez les Francs. Les récits oraux des
        
        
          
            Nibelungen
          
        
        
          furent transcrits pour la première fois au X 
        
        
          e
        
        
          siècle et prirent leur forme définitive dans un poème anonyme rédigé au XII 
        
        
          e
        
        
          siècle en Basse-
        
        
          Autriche ou en Allemagne méridionale. Cf. Justin Favrod,
        
        
          
            Les Burgondes. Un royaume oublié au cœur de l’Europe
          
        
        
          , Coll. Le savoir suisse, Presses poly-
        
        
          techniques et universitaires romandes, Lausanne 2002, pp. 25-27, et Odet Perrin,
        
        
          
            Les Burgondes
          
        
        
          , Ed. la Baconnière, Neuchâtel 1968, pp. 263-289.
        
        
          3
        
        
          Cf. Jörg Oberste,
        
        
          
            Der Schatz der Nibelungen – Mythos und Geschichte
          
        
        
          , Gustav Lübbe Verlag, Bergisch Gladbach 2008, pp. 153-167.
        
        
          4
        
        
          Anja Wieber, «Von der Völkerwanderung zum Kalten Krieg :
        
        
          
            Sign of the Pagan
          
        
        
          zwischen antikem Topos und Mentalitäten der 50er Jahre », in : Ste-
        
        
          fan Machura, Rüdiger Voigt (éd.),
        
        
          
            Krieg im Film
          
        
        
          , LIT Verlag, Münster 2005, pp. 62-63 ; cf. aussi «A Good Emotional Hook: Selling “Sign of the
        
        
          Pagan” to the American Media », in :
        
        
          
            Film History
          
        
        
          , vol. 3, Nr. 2, 1989, pp. 115-131.
        
        
          5
        
        
          Une vieille tradition fait séjourner Attila adolescent (entre 408 et 412) à la cour d’Honorius à Ravenne, à Rome et même à Constantinople où l’avait
        
        
          fait envoyer son oncle, le roi Roas, sur conseil d’Aetius. Cf. Maurice Bouvier-Ajam,
        
        
          
            Attila, le fléau de Dieu
          
        
        
          , Taillandier, Paris 1982, et Michelle Loi,
        
        
          
            Attila mon ami. Mémoires d’Aetius
          
        
        
          , Ed. Berg International («Anamorphoses »), Paris 1997, p. 35 ss.
        
        
          6
        
        
          Anja Wieber, « Leben im Schatten der Planwagen ? Zur Darstellung der Hunninnen im Film», in : Christoph Ulf et Robert Rollinger (éd.),
        
        
          
            Frauen
          
        
        
          
            und Geschlechter. Bilder-Rollen-Realitäten in den Texten antiker Autoren der römischen Kaiserzeit
          
        
        
          , Vienne-Cologne-Weimar 2006, pp. 145-147.
        
        
          7
        
        
          Katalin Escher, Iaroslav Lebedynksy,
        
        
          
            Le dossier Attila
          
        
        
          , Ed. Actes Sud / Errance, Arles 2007, p. 178.
        
        
          8
        
        
          K. Escher, I. Lebedynsky,
        
        
          
            op. cit.
          
        
        
          , p. 201.
        
        
          * * *
        
        
          Haut et bas : Febo Mari (dr.) interprète un Attila aussi séduisant que
        
        
          féroce, finalement terrassé par une princesse italienne (1918)
        
        
          s
        
        
          
            6c.3.1