6c – rome : l'antiquité tardive 
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sion aux Romains, l’action se déroulant en 467 devant les
murailles d’Hadrien, superbement reconstituées sur 950
mètres. Selon Geoffroy de Monmouth (
The History of the
Kings of Britain
, XII 
e
s.), Arthur était à l’origine un of-
ficier de l’armée romaine. Rappelons du reste que dans le
téléfilm
Merlin
de Steve Barron (1992), le roi de Breta-
gne Uther Pendragon, père d’Arthur, et ses guerriers portent
des armures romaines et qu’en 1940 déjà, dans la célèbre
bande dessinée de Hal Foster,
Prince Vaillant
, chevalier
de la Table Ronde, était témoin de l’assassinat du général
Flavius Aetius comme de celui de Valentinien III. – Tan-
dis que les dernières légions quittent l’île, le chef de guerre
romano-briton Lucius Artorius Castus (Arthur), disciple
du moine chrétien Pélage (†418), affronte les envahisseurs
saxons à la tête d’une poignée de cavaliers sarmates (Lan-
celot, Tristan, Galahad, etc.), ses camarades originaires de
la mer Noire, mercenaires au service de l’Empire. Délégué
du pape (saint Hilaire ?), l’évêque Germanius a annoncé
à Arthur son ultime et périlleuse mission sur l’île : récupé-
rer une famille patricienne en territoire ennemi, alors que
les Saxons du roi Cerdic massacrent tout sur leur passage.
son propre destin, etc. Les chrétiens sont représentés par des
moines fanatiques et hypocrites qui font emmurer vivants
leurs serfs pictes, des païens (dont Guenièvre) ... alors qu’on
ne trouvait sur place au V 
e
siècle guère plus que quelques
inoffensifs ermites, plongés dans leurs méditations méta-
physiques. Quant à représenter les Pictes comme des « pa-
triotes britanniques », rien de plus absurde : après le départ
des dernières légions en 410, la population romano-celte
de l’île fit, au contraire, appel à des mercenaires saxons et
angles pour les protéger des pillards pictes (écossais). Selon
Dion Cassius, il y avait bien un Lucius Artorius Castus
qui était préfet de la VI 
e
légion sur l’île de Bretagne, mais
il vivait au II 
e
siècle, en même temps que les 5500 auxi-
liaires sarmates stationnés derrière les remparts d’Hadrien.
Le modèle historique de l’évêque Germanius est Germanus
d’Auxerre (378-448), qui séjourna deux fois en Bretagne
pour y combattre l’hérésie de Pélage. Les Saxons s’étaient
déjà établis paisiblement au sud du mur, dans leWessex, et
l’authentique Cerdic n’arriva en Bretagne qu’en 495. Bref,
King Arthur
est une production typique de Jerry Bruckhei-
mer, à l’affût de toc bruyant et de sujets qui plaisent à un
public pas trop regardant (
Pearl Harbor
,
Pirates of the
Carribean I-III
). Ecrit par David Franzoni (
Gladiator
),
son film est tourné à County Claire, près de Wicklow, en
Irlande, pour un budget de 90 millions de $.
2008 / 09  (tv)
Kaamelott
(FR) Alexandre Astier ; CALT Pro-
duction-M6, 9 × 40 min. – av. Patrick Chesnais (le sé-
nateur Sallustius), Alexandre Astier (le centurion Artu-
rus), Pierre Mondy (César), Jean-Christophe Hembert
(Karadoc), Lionnel Astier (Léodagan), Thomas Cous-
seau, Jacques Chambon, Franck Pitiot. –
Série courte
d’humour loufoque créée en 2005 par le Lyonnais Alexan-
dre Astier, scénariste, réalisateur, coproducteur et composi-
teur du générique. Les saynètes, bien écrites, jouent en per-
manence sur le décalage entre une légende ancienne et des
acteurs parlant un langage actuel. Un sitcom parodique
d’une indéniable drôlerie, à mi-chemin entre les Monty Py-
thon et les Nuls, qui conte la (toute) petite histoire des che-
valiers de la Table Ronde. Le « Livre VI », dernière saison
de la série, revient aux sources de la légende arthurienne,
en racontant la genèse des personnages. Décidé à soumet-
tre l’île de Bretagne, le sénateur Sallustius confie le com-
mandement de la région à un jeune soldat, Arturus, dé-
signé roi par la tradition celte. Arturus est visité par une
fée qui lui ordonne de restaurer la grandeur bretonne en
créant la Table Ronde ... Tournage en Bretagne, à Lyon et
à Cinecittà dans les décors antiques de la télésérie anglo-
américaine
Rome
(cf. 6a.5.1).
Lucius Artorius Castus (Clive Owen), futur roi de Camelot
Arthur est soutenu par les Pictes que commande le magi-
cien Merlin et par la « douce » Guenièvre, transformée ici
en amazone farouche, un mélange de Xena et de Boadicée.
Lors de la bataille finale contre l’armée de Cerdic, au pied
du mur d’Hadrien puis sur le mont Badon (Mons Bado-
nicus), Tristan et Lancelot se font tuer. Arthur épouse Gue-
nièvre. Il est couronné roi dans un cercle de mégalithes res-
semblant à Stonehenge.
Pas de magie ni de surnaturel dans cette évocation où même
la Table Ronde est au rendez-vous, mais un traitement hy-
perréaliste, des combats sanguinolents (les têtes tranchées
volent à la douzaine), du spectacle plein l’écran, avec la
traversée fort réussie d’un lac gelé où Arthur et les siens at-
tirent les Saxons, puis font briser la glace. Hélas, ces solides
scènes d’action mises à part, les distorsions et parti pris du
XXI 
e
siècle sont ici légion : Arthur voit en Rome un mo-
dèle de civilisation qui « aide l’humanité à devenir libre »
et suit un enseignement prônant l’égalité, le droit de choisir
La Table Ronde d'Arthur, version romaine (
King Arthur
, 2004)
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