6c – rome : l'antiquité tardive 
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l’aide de son mentor Aurelius et du devin Ambrosinus, non
sans avoir découvert dans les souterrains une épée mythique
forgée à partir d’un météorite et destinée à Jules César. By-
zance s’étant alliée avec les Goths, le petit groupe s’embarque
clandestinement pour la Grande-Bretagne afin d’y rallier
les dernières troupes loyales de la IX 
e
légion qui, elles, ont
fort à faire contre les innombrables Saxons du druide dé-
voyé Vortgyn. Grâce à l’épée aux pouvoirs surnaturels, ob-
jet de toutes les convoitises et dont le propriétaire, dit-on,
remporte toutes les victoires, les cohortes du mal sont an-
nihilées au pied de la muraille d’Hadrien. Sans le savoir,
le jeune empereur fugitif, ayant rallié les Romano-Bretons,
crée les bases de la légende arthurienne ...
En quelque sorte, le film s’achève là où commence
King Ar-
thur
d’Antoine Fuqua, sorti deux ans plus tôt (cf. 6c.2.3),
puisque Romulus, baptisé « fils du dragon » (Pendragon),
épousera la petite Ygraine, qu’ils auront un rejeton du nom
d’Arthur et que le sage Ambrosinus n’est en vérité nul autre
que Merlin. Quant à l’épée de César, fichée dans un roc
avant le mot « fin », ben voyons, c’est Excalibur. Un film au
début prometteur (car le sort du dernier empereur latin est
inédit au cinéma), mais qui dérive progressivement dans
le semi-fantastique, les auteurs ayant décidé de s’adresser
à un public juvénile, friand de rapprochements à la
Da
Vinci Code
. On confond Rome et Ravenne. Ces aventu-
riers de l’épée perdue, protecteurs de Romulus, comportent
un Noir et Myra, une guerrière, consensus oblige. Quant
au terrifiant Vortgyn, l’adversaire mortel, c’est un avatar
de Darth Vader, Jedi rénégat par goût du pouvoir et por-
tant un masque d’or pour cacher son visage mutilé. A l’ori-
gine du film, il y a une fiction littéraire de Valerio Massimo
Manfredi (
L’ultima legione
, 2002), un best-seller sympa-
thique mais qui malmène sérieusement l’histoire puisque
l’authentique Romulus Augustule fut bel et bien renversé
par Odoacre après un an de règne, en septembre 476, et
ensuite relégué dans une villa de Campanie avec une rente
annuelle. Son sort ultérieur est inconnu. Le film oblitère
la traversée de l’Europe prémédiévale (un bon tiers du ro-
man) au profit de l’épisode britannique et la chasseresse
des marais vénitiens est métamorphosée en une spécialiste
des arts martiaux venue du Kerala pour servir Byzance.
Le film est initialement mis en chantier par le producteur
Carlo Carlei pour De Laurentiis et RAI Cinema, avec An-
thony Hopkins dans le rôle d’Aurelius. Le cinéaste anglais
David Leland (
Whish You Were Here
), d’abord pressenti
comme réalisateur, en rédige une première adaptation qui
ne semble guère avoir laissé de traces. (Scénario « en par-
tie » d’après Manfredi, admet le générique.) Il faut regret-
ter que Leland, sans doute pas assez maniable, ait cédé sa
place au jeune Doug Lefler dont c’est la première réalisa-
tion de cinéma (il signa des
Hercule
et des
Xenia
de té-
lévision et la seconde équipe de
Spider Man
), car cette
rocade fait basculer l’ensemble dans la bande dessinée far-
felue, prévisible et puérile. Dès lors, et ce malgré une fac-
ture technique honnête, la présence de stars comme Ben
Kingsley (
Gandhi
) ou l’incendiaire Aishwarya Rai, la reine
de Bollywood (
Devdas
) dans son premier rôle occidental,
ne peuvent rien apporter de substantiel. Tournage en Ita-
lie (Capri, Naples, Campanie), en Slovaquie (châteaux
de Cerveny et Spis, Pezinok, Zehra) et en Tunisie dans
l’Empire Studios de Tarak Ben Ammar, avec un budget de
70 millions de $. Un fiasco commercial.
2007 (tv)
ImZeichen des Kreuzes (Sous le signe de la croix)
(DE) Judith Voelker, Stephan Koester, Schoko Okroy ;
4
e
épisode de la série «Die Germanen (Les Germains) »,
Gruppe 5 Filmproduktion-Westdeutscher Rundfunk
(Arte 28.7.07), 52 min. – av. Vilém Udatny (Radulf ).
Docu-fiction intelligente et adroitement filmée, avec re-
constitutions, animations 3D et comédiens anonymes dans
les rôles de Clovis, Remigius, Frida, Vitus, etc. (partie fic-
tionnelle tournée en Slovaquie). La migration des peuples
barbares au IV 
e
siècle a radicalement modifié la carte de
l’Europe, l’apogée de Rome n’est plus qu’un souvenir et les
Germains se disputent l’héritage de l’Empire. Ayant dé-
fait Syagrius, dernier représentant de l’autorité romaine en
Gaule, le Mérovingien Clovis / Chlodwig I 
er
, roi des Francs,
16 ans, affronte les Alamans à la bataille de Tolbiac / Zül-
pisch pour la conquête du Rhin en 496. En plein combat,
Clovis abjure Wotan et invoque le dieu des chrétiens. Son
compagnon Radulf (personnage fictif qui sert de fil conduc-
teur) tue le roi des Alamans d’un coup de hache de jet (la
francisque). Après la victoire, Clovis s’érige en monarque
absolu et protège les biens de l’Eglise (épisode du vase de
Soissons). Fidèle au panthéon des anciens dieux germani-
ques, Radulf quitte Clovis et tombe aux mains des Alamans.
Pendant sa captivité, il rencontre Frida et le Romain Vi-
tus qui le convertissent au christianisme, tandis que Clo-
vis se fait baptiser à Reims avec 3000 de ses guerriers par
l’évêque Remigius (Noël 496). Début de la série, cf. Jules
César 6a.5.3.
2007
Les amours d’Astrée et de Céladon /Gli amori di As-
trea e Céladon
(FR/ IT/ES) Eric Rohmer ; Compagnie
Eric Rohmer-Rezo-BIM-Alta, 109 min. – avec Andy
Gillet (Céladon), Stéphanie de Crayencour (Astrée), Cé-
cile Cassel (Léonide), Serge Renko (le druide Adamas),
Véronique Raymond (Galatée), Jocelyn Quivrin (Lyci-
das), Rosette (Sylvie). –
Au V 
e
siècle en Gaule, sur les ri-
vages du Lignon (Forez). Le berger Céladon et la bergère
Astrée s’aiment d’amour pur. Trompée par un prétendant,
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