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 l'antiquité au cinéma
comme le rêve, l’apologue de ceux qui abhorrent les armes
et la violence. Ces déclarations en faveur de la paix, que
le cinéaste et son scénariste Renato Castellani ne se privent
pas de mettre en avant à Venise en 1941, suscitent l’ire
de Goebbels : si un Allemand avait réalisé
La corona di
ferro
, s’écrie le ministre de la propagande nazie, il l’aurait
fait fusiller sur-le-champ ! Peu après, le grand patron de
l’ENIC est envoyé d’office sur le front yougoslave où il est
tué. Le festival de Venise décerne un prix spécial au déco-
rateur Virgilio Marchi.
1954 Ø
Sign of the Pagan (Le signe du païen/Attila, roi des
Huns)
(US) Douglas Sirk. – av. Jeff Chandler (l’empe-
reur Marcien), Ludmilla Tcherina (Augusta Aelia Pul-
cheria), George Dolenz (Théodose II), Walter Coy
(Valentinien III), Moroni Olsen (le pape Léon I
er
). –
cf. 6c.3.1.
1954 Ø
Attila, flagello di Dio/Attila, fléau de Dieu
(IT/FR)
Pietro Francisci. – av. Sophia Loren (princesse Hono-
ria), Henri Vidal (Flavius Aetius), Claude Laydu (Va-
lentinien III), Colette Régis (Galla Placidia Augusta).
cf. 6c.3.1.
1961 Ø (tv)
Saint-Martin
(FR) Georges Folgoas. – av. Mi-
chel Etcheverry (Martin de Tours). –
La Gaule au IV 
e
siècle, cf. 6c.1.5.
1963
Il crollo di Roma (Les derniers jours d’un empire)
(IT) Anthony M. Dawson [=Antonio Margheriti] ;
Marco Vicario-Atlantica Cinematografica, 90 min. –
av. Carl Möhner (Marcus), Loredana Nusciak (Svetla),
Maria Grazia Buccella (Xenia), Giancarlo Sbragia (le
proconsul Junius), Ida Galli (Licia), Andrea Aureli (Rako
le Barbare), Nando Tamberlani (Matthieu). –
Vers 365,
sous les empereurs chrétiens Valentinien I 
er
et son frère Va-
lens. Arien hérétique, le proconsul Junius soutient la ré-
pression contre l’orthodoxie catholique. Le tribun Marcus,
condamné aux jeux du cirque, s’enfuit et trouve de l’aide
auprès de la princesse barbare Svetla, fille du roi Rako.
Capturé, puis sommé de se justifier publiquement dans
l’arène s’il veut sauver ses coreligionnaires, Marcus lutte avec
les gladiateurs mais, une fois réintégré dans l’armée, il doit
affronter ses amis germains. Battu, il retourne à l’arène. Un
tremblement de terre détruit la ville impériale et Marcus
périt sous les décombres après avoir converti Svetla.
Deux absurdités majeures dans ce péplum dégoulinant
d’images pieuses : la persécution de chrétiens par un pou-
voir païen (après Constantin), et la destruction du Colisée
à Rome par un tremblement de terre ! Officiellement, le film
situe son action en 340, date de la mort de Constantin,
mais il reste très flou quant aux tenants et aboutissants du
récit, méfait de scénaristes par trop nonchalants. On men-
tionne un empereur «Valentin ». Comme l’a relevé Michel
Eloy (cf. site Internet
), le contexte re-
fléterait plutôt les querelles sanglantes et les règlements de
compte entre communautés chrétiennes de différentes obé-
diences, et c’est 25 ans plus tard qu’il convient de replacer
l’intrigue. A Rome, Valentinien I 
er
défend alors ardemment
la liberté des cultes, tandis qu’à Byzance, son frère Valens se
range du côté des ariens, disciples de l’évêque d’Alexandrie
Arius, pour brimer les catholiques. Des émeutes éclatent
à Antioche, à Alexandrie et à Constantinople. Rome n’est
d’ailleurs pas épargnée par le fanatisme religieux : la riva-
lité pour l’accession à la papauté des évêques Damase (pape
en 366 / 384) et Ursin vaut à une centaine des partisans de
ce dernier de se faire égorger dans la basilique Sicinius par
les zélateurs de la concurrence. Mais il y a des vérités qui
ne sont pas bonnes à dire, et le film se garde bien de les as-
séner à un public du samedi soir. Quant au tremblement
de terre qui résume métaphoriquement l’« effondrement »
de Rome, il est survenu le 21 juillet 365. Il ne détruisit
bien sûr pas le Colisée mais, selon Gibbon, « ébranla pres-
que toute la surface du globe occupé par l’Empire romain ».
Malgré l’illustration appuyée du martyre des chrétiens, on
constatera qu’une fois rentré en grâce auprès des siens, le hé-
ros du film, Marcus, n’hésite pas à prendre les armes contre
les mêmes « païens » (des Goths) qui l’avaient généreusement
hébergé, assisté de la propre fille du roi. Morale hypocrite :
« Si les chrétiens répugnaient à verser le sang gratuitement
dans l’arène, il n’éprouvaient aucun problème de conscience
quand il s’agissait de défendre l’Empire contre les Barba-
res » (M. Eloy). Produit de série filmé en Yougoslavie par
le futur champion du film d’épouvante et de science-fiction
Des armures et costumes médiévaux au service d'une légende située
au V 
e
siècle : Elisa Cegani dans
La corona di ferro
(1940 / 41)
Règlement de comptes entre chrétiens ? Exécution d'un tenant de la
foi dans le très fantaisiste
Il crollo di Roma
d'A. Dawson (1963)
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