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 l'antiquité au cinéma
98 min. – av. Alfredo Varelli (Julien l’Apostat), Tullio
Carminati (Asterius, préfet de Rome), Massimo Serato
(Marcus Tullius), Lilia Landi (Julia), Vera Bergman, En-
rico Glori, Carlo Tamberlani, Marcello Giorda, Laura
Redi, Umberto Spadaro. –
Prenant pour prétexte la che-
vauchée des quatre cavaliers de l’Apocalypse (la guerre, la
famine, la peste et la mort), le film trace un parallèle entre
les dernières décennies de l’Empire romain et le présent. En
363, de son campement en Mésopotamie, Julien l’Apostat
lutte à la fois contre l’ennemi extérieur, les Perses, et l’inté-
rieur, les chrétiens. Il a fait rétablir le culte des dieux, et les
chrétiens, brimés, éliminés de la vie publique, parfois tués,
l’assimilent à l’Antéchrist. Julien charge le tribun Marcus
Tullius de veiller à ce que ses ordres de combattre la nou-
velle religion soient suivis à Rome. Redevenue païenne, la
cité organise des bacchanales. Marcus retrouve sa fiancée
Julia (fille du sénateur épicurien Maximus) changée, ex-
clusivement adonnée aux plaisirs et à la boisson. Il la re-
pousse. Asterius, le préfet de Rome, l’accuse d’être chrétien
et confisque ses biens. Marcus retourne en Orient où il im-
plore Julien de faire la paix avec les Perses. Julien s’y refuse,
persuadé que s’il parvient à vaincre l’ennemi insaisissable,
il viendra aussi à bout des émules de ce Galiléen tant ab-
horré. La bataille est gagnée de justesse, mais l’empereur
tombe, terrassé par une flèche. Il meurt en reconnaissant
ses erreurs, le nom de Jésus aux lèvres. Entre-temps, Rome
s’embrase, les mercenaires goths qui protégeaient la ville
ont incendié les temples païens et libèrent les chrétiens em-
prisonnés. – Une curiosité qui témoigne du désarroi de la
société italienne à la fin de la Seconde Guerre mondiale,
ce film est produit à l’abri des journalistes par Renato Bas-
soli, jadis responsable de films fascistes fortement engagés
comme
L’assedio dell’Alcazar
(1940) et
Bengasi
(1942)
d’Augusto Genina. Le film prend le contre-pied du
Giu-
liano l’apostata
muet de Falena (cf. supra) : le Julien post-
Mussolini de G. M. Scotese est un souverain certes cultivé,
mais aussi exalté, fanatique, habité d’une haine maladive
à l’égard du Christ. On le montre en proie à des halluci-
nations (les visions prophétiques de la fin des temps) qui
le terrorisent, un portrait très éloigné du Julien le Philoso-
phe néoplatonicien dont parle l’historiographie laïque. A
l’instar de certaines fresques religieuses du cinéma muet,
l’épisode antique est encadré d’un prologue et d’un épilogue
modernes, l’un se déroulant en 1938, l’autre en 1945. La
Rome moderne y est assimilée à la nouvelle Babylone, lieu
de vice et de consommation effrénée. Des séquences sur le
fascisme et des images de la bombe atomique d’Hiroshima
dénoncent la folie et les persécutions des temps modernes,
avec force commentaires moralisateurs ou grandiloquents.
Les personnages du XX 
e
siècle n’ont pas de noms : ils s’ap-
pellent « le cynique », « le savant », « l’homme d’affaires »
ou « la femme élégante ». Le tournage a lieu aux studios
du Centro Sperimentale di Cinematografia à Rome, où
l’on recrée la bête à sept têtes et à dix cornes de l'Apoca-
lypse, tandis que la bataille contre les Perses est empruntée
à
Scipione l’Africano
de Carmine Gallone (1937). Sco-
tese, un débutant au mégaphone, paraît visiblement dé-
passé par l’ampleur du propos (il se cantonnera ensuite dans
le cinéma de cape et d’épée) et accumule les maladresses.
Les Artistes Associés, qui ont financé une version anglaise,
renoncent à l’exportation aux Etats-Unis.
1960
Costantino il grande – In hoc signo vinces (Constan-
tin le Grand)
(IT) Lionello De Felice ; Jonia Film, 93
min. – av. Cornel Wilde (Constantin le Grand), Belinda
Le vaillant Cornel Wilde est un Constantin pour écoles du dimanche
dans
Costantino il grande
de Lionello De Felice (1960)
Julien l'Apostat, affiche espagnole de
L'Apocalisse
(1947)
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