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 l'antiquité au cinéma
(Quadratus), Giulia Cassini Rizzotto (Lucina). –
Version
très fidèle au roman du cardinal Wiseman que Guazzoni,
devenu indépendant, réalise dans les studios romains de la
via S. Giovanni e Paolo. Le peintre-cinéaste revient ainsi à
l’univers des persécutions chrétiennes qui fit sa renommée
avec le
Quo Vadis
de la Cines en 1913.
1918 / 19 
Sebastian, der Tribun des Kaisers
(DE) Karl
Frey (?) ; Leo-Film München, 1451 m. / 5 bob.
1947-49  
Fabiola. – 1. Mirage de Rome – 2. Le sang des
martyrs
(IT/ FR) Alessandro Blasetti ; Salvo D’Angelo-
Film Universalia, 183 min. – av. Michèle Morgan (Fa-
biola), Henri Vidal (Rhual), Michel Simon (Fabius Se-
verus), Massimo Girotti (saint Sébastien), Louis Salou
(Fulvius Petronus), Gino Cervi (Quadratus), Gabriele
Ferzetti (Claude), Paolo Stoppa (Manlius Valerius),
Carlo Ninchi (Tertullius Galba), Franco Interlenghi
(Corvinus, son fils), Gabriele Ferzetti. –
En 312, le jeune
Gaulois Rhual veut devenir gladiateur à Rome, où règne
Maxence. Introduit dans la villa du sénateur Fabius Se-
verus à Ostie pour y livrer un combat, il s’éprend de Fa-
biola, la fille de son hôte. Fabius est assassiné pendant la
fête, et Rhual, chargé d’arrêter les chrétiens qui sont accu-
sés du crime, dénonce les manigances du préfet du ravi-
taillement, Fulvius Petronus, ainsi que du véritable assas-
sin, Corvinus, fils du procureur Galba. Il est emprisonné,
comme Fabiola qui prend sa défense. Le chef des centurions,
Sébastien, est exécuté. Dans l’arène du Colisée, Rhual dé-
fend Fabiola contre une dizaine de lions. Le couple est sauvé
par les légions de Constantin arrivées de Gaule et brandis-
sant l’étendard de la croix du Christ.
Cette fresque en deux époques est la grande contre-offen-
sive cinématographique du Vatican après deux décennies
« païennes » en Italie, mais aussi une sorte de rachat moral
de Blasetti en raison de sa complaisance envers le régime
mussolinien et les grands films fascistes qu’il signa par le
passé, avec ou sans conviction. Il s’agit, déclare le cinéaste,
« d’inscrire sur tous les écrans du monde un message de
paix ». Un carton final dédie d’ailleurs le film « aux vic-
times de toutes les oppressions, violences et persécutions ».
En Italie même, cela concerne autant les juifs, certains ca-
tholiques et les communistes dans le passé que les victimes
de la chasse aux sorcières actuelle : après la victoire de la
Democrazia Christiana en avril 1948, des héros commu-
nistes de la résistance sont exclus de la coalition gouverne-
mentale de De Gaspieri et l’on assiste même à une tenta-
tive d’assassinat d’un chef du PCI. La firme productrice
Universalia de Salvo D’Angelo, fondée en 1947, est issue
de l’Orbis Film, société rattachée au Centro cattolico cine-
matografico. Paul Claudel est sollicité (en vain) comme scé-
nariste. La Banco di Sicilia et le comte Dalla Torre finan-
cent l’entreprise, qui frôle plus d’une fois la faillite. Pour la
somme alors jamais vue de 638 millions de lires, Blasetti
érige 88 décors à Cinecittà et au Centro Sperimentale di
Cinematografia (Studios Universalia) à Rome, rassemble
3000 figurants et les lions du cirque Togni dans les arènes
de Vérone (le Colisée), tandis qu’on reconstruit à Anzio le
port d’Ostie avec son phare, sa statue géante d’Auguste et
une birème. Sergio Leone débute comme assistant. A l’ins-
tar de
Scipione l’Africano
dix ans auparavant,
Fabiola
mobilise une grande partie des professionnels du cinéma de
la Péninsule, mais cette fois dans un but « noble ». L’adap-
tation – on compte 14 scénaristes – prend beaucoup de li-
bertés avec le roman (dont l’héroïne n’est à aucun moment
Fabius Severus (Michel Simon), le père de Fabiola, périt assassiné Louis Salou et Michèle Morgan, adversaires dans
Fabiola
(1949)
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