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 l'antiquité au cinéma
chrétiens à Mélitène, en Arménie, en 250 (sous Dèce). Pau-
line, fille du proconsul chargé de persécuter les chrétiens,
épouse en secret Polyeucte, un légionnaire romain converti.
Un rival jaloux le dénonce. Polyeucte refuse de se proster-
ner devant les dieux romains, et Pauline, baptisée, est tuée
à ses côtés. Afin d’attirer le public cultivé de l’Hexagone,
Camille de Morlhon reprend officiellement l’intrigue du
drame
Polyeucte, martyr, tragédie chrétienne
de Pierre
Corneille (1643), basé sur le récit de l’hagiographe byzan-
tin Siméon Métaphraste. Charles Gounod en fait un opéra
(1878) et Paul Dukas une ouverture (1891).
1911
Thaïs
(FR) Louis Feuillade ; Gaumont nº 3262, 260
m. / 11 min. – av. Renée Carl (Thaïs), Georges Wague
(Paphnuce), Luitz Morat. –
La légende de sainte Thaïs,
prostituée égyptienne du IV 
e
siècle convertie par un ana-
chorète, a été traitée notamment dans les
Vies des Pères du
désert
(V 
e
siècle), le drame
Pafnutius (ConversioThaidis
meretricis)
de Hroswitha Gandersheimensis v. 962 et le
récit de Marbod, évêque de Rennes, au XII 
e
siècle. La dan-
seuse et courtisane d’Alexandrie possédait une telle emprise
sur les hommes que leurs querelles faisaient verser le sang
jusqu’à sa porte. Nombreux furent ceux qui se ruinèrent
pour elle. Elle fut convertie par un ermite, saint Paphnuce,
amenée dans un couvent et placée dans une cellule. Après
trois ans de pénitence, elle eut le droit d’en sortir et se joi-
gnit aux religieuses, mais ne vécut que quatorze jours. En
1890, dans son roman
Thaïs
, Anatole France revoit la lé-
gende avec un zeste de doute et de provocation fin-de-siè-
cle. Sa Thaïs n’adore que le dieu Eros. Un de ses anciens
amants, le riche Paphnuce (Paphnutius), se convertit au
christianisme suite à un meurtre accidentel, devient abbé
d’Antinoë et entreprend de sauver la belle. Celle-ci brûle
ses richesses, se retire et meurt dans un couvent, tandis que
Paphnuce, dont le désir charnel s’est à nouveau réveillé,
blasphème devant sa porte et hurle son amour. La Gau-
mont adapte bien sûr non la légende, mais le texte très en
vogue d’Anatole France (dont Massenet a tiré un opéra en
1894, cf. infra). Cela donne un des films antiques les plus
réussis de Feuillade, celui-ci inscrivant sa mise en scène
dans des caches circulaires, puis dépouillant ses décors kitsch
au fur et à mesure de l’accession de l’ancienne courtisane
à la sainteté. Les dernières scènes, sur un fond nu, jouent
uniquement avec des effets de clair-obscur.
1914
Thais
(US) Arthur Maude et Constance Crawley ;
Loftus Pictures-Crawley-Maude Features 4 bob. – av.
Constance Maude (Thaïs), Arthur Maude (Paphnuce),
George Gebhard (Nicais). –
Une version édulcorée du ro-
man d’Anatole France (cf. film de 1911), puisque Paphnuce
retourne au couvent pour convaincre Thaïs de le suivre dans
le monde, mais que celle-ci refuse et meurt dans ses bras.
1913
I Cenobiti
(IT) Cines, Roma, 135 m. –
La vie de saint
Pacôme le Grand, fondateur du monachisme communau-
taire ou cénobitique (vers 318). Enrôlé de force dans l’armée
romaine à l’âge de 20 ans, l’Egyptien Pacôme se convertit
à Thèbes, se fait ermite et fonde un premier monastère à
Tabennesi, dans le désert. Il meurt en 346.
1914
When Rome Ruled (Aux temps des Césars)
(US)
George Fitzmaurice ; American Kinema-Pathé, 5 bob.
 / 1410 m. – av. Nelle Craig (Nydia), Clifford Bruce
(Caius), William Riley Hatch (Junius, père de Caius),
Walter R. Seymour (père de Nydia), Charles E. Bunnell
(Caïphe), Di Marstini (Cléo), A. H. Busby (son père).
Les persécutions en Afrique du Nord : le fils d’un gouver-
neur de province s’éprend d’une chrétienne et, lorsqu'elle
est accusée à tort du meurtre de Caïphe, le grand prêtre
intrigant du temple de Jupiter, il brave l’arène et ses lions
pour la sauver.
1917 [épisode romain :]
A Branded Soul /The Awakening
(US) Bertram Bracken ; Fox Film, 5 bob. – av. Gla-
dys Brockwell (sainte Cécile /Conchita Cordova), Co-
lin Chase, Lewis J. Cody (Valérien /Rannie). –
Le prolo-
gue se joue à Rome en 232, sainte Cécile refuse l’invitation
d’un patricien débauché, Valérien, qui, impressionné par
sa pureté, se convertit. Dans le récit moderne qui suit, la
chanteuse-vedette d’une cathédrale au Mexique résiste aux
avances d’un millionnaire du pétrole américain.
1917
Thaïs
(US) Frank H. Crane ; Samuel Goldwyn Pictures
Corp., 1345 m. – av. Mary Garden (Thaïs), Hamilton
Revelle (Paphnuce), Crawford Kent (Lollius), Lionel
Adams (Vinius), Alice Chapin (Albina, la mère supé-
rieure), Charles Trowbridge (Nicias), Margaret Town-
send (une nonne). –
Comme dans la version américaine
de 1914, Paphnuce se repent à la fin du récit et confesse
ses péchés tandis que Thaïs meurt à ses côtés. – Les débuts
cinématographiques de la primadonna Mary Garden (so-
prano écossaise qui fut la Thaïs de Massenet à l’Opéra Co-
mique à Paris), filmés en extérieurs dans les îles Sainte-
Augustine et Anastasia (Floride), et aux studios Goldwyn
à Fort Lee, New Jersey, avec une débauche de décors et de
costumes conçus par le Français Ben Carré et Hugo Bal-
lin. A l’époque le film le plus cher produit par Goldwyn
(140000 $), mais un échec au box-office : à l’écran, la star
ne retrouve pas l’éclat de sa performance scénique et ses po-
ses rigides font sourire les foules. Goldwyn se console avec
une projection exceptionnelle de son film au Vatican.
1919
Santa Cecilia
(IT) Vasco Salvini ; Victrix-film, 1836 m.
– av. Mary Bayma-Riva (sainte Cécile), Vasco Salvini,
Affiche de
Thaïs
de Louis Feuillade (Gaumont, 1911)
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