Page 256 - Hervé Dumont - L'antiquité au cinéma

256l’antiquité au cinéma
DE ROMULUS À CÉSAR :
Monarchie et République
I l y a peu de films sur la fondation mythique de Rome et ses premiers rois. Comme on le sait, l’Histoire
romaine de Tite-Live, écrite au Ier siècle avant JC, utilise les récits de la fondation de Rome à des fins en
priorité politiques, c’est-à-dire pour justifier l’avènement du règne d’Auguste. L’Enéide de Virgile, rédigée à
la même époque (soit sept cents ans après les faits relatés), s’évertue à faire remonter symboliquement la généa-
logie du nouvel imperator à Enée, le légendaire prince troyen venu d’Asie Mineure : ainsi, la nouvelle capitale
du monde réunit-elle sous son autorité les vestiges de toutes les civilisations antérieures. Mais en réalité, ces
premiers siècles encore barbares sont une période de survie plus que d’agression ou d’expansion. La geste des
origines est peu spectaculaire, l’architecture qui fera la gloire de la cité est encore embryonnaire et sa structure
politique étrangère au spectateur moyen : nous sommes plus proches de la bande d’aventure que de la fresque.
On ne s’étonnera donc pas que seuls les Italiens, et parfois leurs voisins latins de l’Hexagone, aient chanté les
exploits de Romulus, de Rhea Silvia, des Horaces et des Curiaces, de Tarquin le Superbe, de Brennus le Gaulois,
de Mucius Scaevola ou de Coriolan (quitte à oublier que les premiers Romains portaient les cheveux longs ainsi
qu’une barbe peu maîtrisée !). Vers 1908, les pionniers « cinégraphistes » de la Péninsule conçoivent encore leurs
produits comme une justification imagée de la nouvelle monarchie de la Maison de Savoie ainsi qu’une réponse
aux réticences indépendantistes du Vatican. Mais un demi-siècle et deux conflits mondiaux plus tard, Sergio
Corbucci transforme son Romolo e Remo (1961) en western antique, avec les Sabins dans le rôle des Sioux et les
Les derniers soubresauts de la République: à Actium, Marc Antoine livre son ultime combat contre Octave (Cleopatra, 1963)
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