2 – les hébreux 
51
à Jérusalem, Jéricho, Aïn Gedi, Ashkelon, Timma, dans
les montagnes d’Eilat et le désert du Néguev en été 1973,
où les cinéastes se retrouvent en pleine guerre du Kippour.
32 semaines d’un tournage exténuant ponctué de nom-
breuses dissensions.
Ne pouvant (ni voulant) rivaliser avec le gigantisme d’Hol-
lywood, De Bosio évite les tableaux et les costumes bario-
lés à la DeMille. Pas question non plus d’en reprendre les
prodiges d’école du dimanche, les années 1970 sont une
décennie de scepticisme et de remise en question. Mais en
minimisant le surnaturel et en privilégiant une approche
plus terre à terre, il se prive des ressorts dramatiques néces-
saires à compenser le manichéisme et l’absence de psycho-
logie. Obéissant aux dernières hypothèses universitaires, le
cinéaste déplace la fuite des Israélites à travers les eaux des
tréfonds de la mer Rouge à une sage mer de roseaux située
au nord de l’Egypte, décor marécageux près de Sharm-el-
Sheikh où ses figurants pataugent, trempés jusqu’à la taille,
tandis qu’un raz-de-marée emporte les soldats du pharaon
(chargé de la deuxième équipe, Mario Bava crée les effets
spéciaux de la « séparation de la mer Rouge » sur la plage
de Coccia di Morto, vers Lavinio). Selon Burgess, Moïse
est un héros tribal qui cherche à se délivrer de la tyrannie
d’Egypte dans sa propre âme, « l’homme par excellence,
toujours en marche vers un but qu’il n’atteint jamais », et
l’Exode « une aventure moderne, celle des hippies ou des
congés payés » (sic). Le prophète campé par Lancaster est
moins farouche que celui de Charlton Heston, plus enclin
aux incertitudes et aux faiblesses. Cette modernisation en
direction de Sigmund Freud ne profite pas vraiment au
film, visuellement sobre mais verbeux et dont la narration
s’étire inutilement sur six épisodes, le tout ponctué de sou-
bresauts de violence (le massacre des enfants mâles sur or-
dre du pharaon).
Le feuilleton obtient néanmoins un taux d’écoute maximal
(23 millions de téléspectateurs par épisode en Italie, 40%
d’écoute sur les chaînes américaines). Il provoque aussi des
éclats politiques, les ultras de gauche reprochant à De Bo-
sio de faire un film pro-israélien (on insiste passablement
sur l’analogie entre la souffrance des Hébreux de Moïse
et celle des juifs dans les temps modernes), tandis que les
tenants de la droite religieuse l’accusent d’avoir réduit les
interventions miraculeuses de Jahvé à des événements phy-
siquement explicables.
1978 (tv)
Moses /The Story of Moses in Egypt (Moïse)
(US)
James L. Conway ; série «Greatest Heroes of the Bible
(L’AncienTestament) » nº 5, Schick Sunn Classic (NBC
20-21.11.78), 60 min. – av. John Marley (Moïse), Jo-
seph Campanella (Ramsès II), Al Ruscio (Aaron), Anne
Francis (Séphora), Lloyd Bochner (Imhotep), Frank
Gorshin (Ocran), Robert Alda (le vizir), Julia Adams
(la reine), Ron Rifkin (Beseleel), Victor Jory (narration).
Téléfilm tourné en Arizona. – cf.
The Deluge
(1978),
p. 30.
1978 (tv)
Joshua and the Battle of Jericho (Josué à Jéricho)
(US) James L. Conway ; série «Greatest Heroes of the
Bible (L’Ancien Testament) » nº 4, Schick Sunn Classic
(NBC 20.11.78), 58 min. – av. Robert Culp (Josué),
Cameron Mitchell (Assurabi), Sydney Lassick (le roi
Agadiz), Cameron Mitchell (Assurabi), John Doucette
(Reuben), Sondra Gurrie (Rahab), Royal Dano (Gad),
Brad David (Galadan), John Hansen (Joash), William
Daniels, Brian Erickson, Irving Forbush, Jon Lormer,
Victor Jory (narration). –
Guidant son peuple jusqu’à la
phithéâtre romain d’Alba Fucens et à Massa d’Albe dans
les Abruzzes avec un budget de 750000 DM, une version
austère, concentrée davantage sur la portée philosophique
que dramatique de l’opéra inachevé d’Arnold Schönberg
(1930-32) qui relate l’attente impatiente, les angoisses et
les doutes du peuple d’Israël tandis que Moïse reçoit les dix
commandements sur le mont Sinaï. S’établit alors un dé-
bat entre Moïse (qui exige du peuple élu le sacrifice du dé-
sintéressement absolu), Aaron (qui adoucit le message en
promettant une terre « où coulent le lait et le miel ») et les
Juifs méfiants. Selon Schönberg, tout ordre venant d’En-
Haut fait couler du sang, et après la destruction du veau
d’or, Moïse reprend le pouvoir et ordonne la mort des trois
mille hommes qui ne se rangent pas à ses côtés. Straub-Huil-
let confrontent les solistes (qui chantent en plein air, sans
play-back) à la réalité physique d’un décor naturel, sous le
soleil, en son direct, avec des panoramiques de 360°. Pré-
senté aux festivals de Rotterdam et de Cannes 1975.
1974 (tv+ciné)
Moses the Lawgiver /Mosè, la Legge del de-
serto (Moïse le législateur)
(IT /GB) Gianfranco De
Bosio [et Mario Bava] ; Ettore Bernabel-ITC-RAI-ATV
(RAI 22.12.74 – CBS 21.6.-2.8.75), 6 × 50 min. / 141
min. – av. Burt Lancaster (Moïse), Anthony Quayle
(Aaron), Ingrid Thulin (Miriam), Laurent Terzieff (le
pharaon Minephta), Aharon Ipale (Josué), Mario Fer-
rari (Ramsès II), Irene Papas (Séphora), Will Lancaster
(Moïse jeune), Shmuel Rodenski (Jéthro), Yousef Shi-
loah (Dathan), Marina Berti (Eliseba), Mariangela Me-
lato (princesse Bithya), Simonetta Stefanelli (Cotbi),
Melba Englander (épouse de Minephta), Antonio Pio-
vanelli (Koreb). –
Première expérience de coproduction
télévisuelle entre un pays européen et le Royaume-Uni
depuis son entrée dans le Marché commun, cette mini-
fresque de 3 millions de $, dont on fabrique aussi une
version 35 mm pour les salles (
Moses
), aligne une série
de gloires cinématographiques : Burt Lancaster dans ses
débuts au petit écran (son fils William fait Moïse jeune),
la Suédoise Ingrid Thulin, le romancier Anthony Bur-
gess (
Clockwork Orange
) au scénario, Ennio Morricone
à la musique, etc. Le réalisateur gauchisant De Bosio (
Il
terrorista
) est aussi metteur en scène pour Giorgio Stre-
hler au « Piccolo Teatro » de Milan. Son film est tourné
aux studios Cinecittà et SAFA Palatino, et en extérieurs
I...,41,42,43,44,45,46,47,48,49,50 52,53,54,55,56,57,58,59,60,61,...674