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 l’antiquité au cinéma
dieux mène à l’oppression (le message idéologique fait bien
sûr abstraction du traitement des Afro-américains durant
l’ère Eisenhower ...). Dans les dernières images, sur le mont
Nébo, Moïse transmet solennellement à Josué les cinq rou-
leaux du Pentateuque, dont on sait qu’ils furent en partie
rédigés bien après lui ... C’est du cinéma de Musée Grévin,
statique, artificiel (le buisson-ardent en plastique !), kitsch
en diable, mais très efficace et surtout totalement identifia-
ble à son auteur par son impétueuse naïveté artistique et
sa mégalomanie viscérale. Aujourd’hui une sorte de classi-
que, une curiosité esthétique incontournable, pleine d’excès
et d’aubaines, de passages stupéfiants et d’épisodes embar-
rassants. Le champion américain du box-office pour toute
la décennie (83 millions de $ de recettes, 98,5 millions de
spectateurs) et, bien sûr, le film le plus célèbre, en quelque
sorte le testament de DeMille qui renonce personnellement
à ses bénéfices substantiels en faveur d’œuvres de charité.
Dans son domaine, le film fait l’effet d’un rouleau-com-
presseur : toutes les versions ultérieures de la vie de Moïse
ne peuvent qu’en être un très pâle décalque. (En été 1965,
la Columbia envisage une suite,
*Young Joshua
, à réali-
ser en Israël sous la direction de William Dieterle.)
1957
Δ
The Story of Mankind
(US) Irvin Allen (+prod.);
Warner Bros., 100 min. – av. Francis X. Bushman
(Moïse). –
L’humanité est menacée par un cataclysme nu-
cléaire. Un tribunal céleste doit décider de sa survie. Le
diable (Vincent Price) fait comparaître les « scélérats » de
l’histoire humaine, tandis que l’avocat de la défense (Ro-
nald Colman alias « l’esprit de l’homme ») lui oppose, entre
autres, Moïse au Sinaï. Les plans de foules sont ici emprun-
tées à
Land of the Pharaohs
de Howard Hawks. Les autres
épisodes antiques de cette méga-niaiserie font apparaître le
pharaon Chéops (3.1.1), Hélène de Troie (5b.1.1), Hip-
pocrate (5c.3.1), Cléopâtre (6a.6.1) et Néron (6b.6.1).
1958 Ø
The Living Bible : The Old Testament – 5. Moses
Called by God – 6. Moses Leader of God’s People –
7. Joshua the Conqueror
(US) Edward Dew ; Family
Films Production-Concordia Films St. Louis, Missouri
(Sam Hersh & Victor B. Growcock), 3 × 15 min. – av.
Nelson Leigh. –
cf. Genèse 2.1.1.
1958 (tv)
Os DezMandamentos
(BR), Mário Pomparet, An-
tonino Seabra ; TVTupi, São Paulo (16.3.58). – av. José
Serber (Moïse), Wilma Camargo, Hervé Leblon, Adélia
Vitória, Lúcia Lambertini. –
Feuilleton télévisé biblique
sur l’Exode et les dix commandements, remake de 1956
(cf. supra) d’après un scénario de Tatiana Belinsky.
1967 (tv)
The Walls of Jericho
(Les trompettes de Jéricho)
(US) Nathan Juran ; série «The Time Tunnel / Au cœur
du temps », Irvin Allen Prod.-20th Century-Fox (ABC
27.1.67), 60 min. – av. Rhodes Reason (Josué), Myrna
Fahey (Rahab), Arnold Moss (Malek), Linda Gaye
(Aliza), Abraham Sofaer, Cynthia Lane, Tiger Joe Marsh,
James Darren (Tony Newman), Robert Colpert (Doug
Philllips). –
Voyage dans le temps : Josué envoie les explora-
teurs spatio-temporels Tony et Doug espionner dans la ville
de Jéricho où ils empêchent un sacrifice humain et se ter-
rent dans la maison de Rahab en attendant que les murs
de la cité s’écroulent. Extraits de
The Story of Ruth
(1960
d’ Henry Koster.
1974
Moses und Aron /Moïse et Aaron /Mosè e Aronne
(AT /DE / FR / IT) Jean-Marie Straub et Danièle Huil-
let ; Janus Film-ORF-ARD-HR-RAI, 105 min. – av.
Gunther Reich (Moïse), Louis Devos (Aaron), Werner
Mann, Eva Csapà, Roger Lucas. –
Réalisée dans l’am-
caverneuse (celle d’ Heston) en brûlant les Tables de la Loi
dans le granit rouge. Brynner a été engagé en raison de sa
performance d’autocrate exotique dans
The King and I (Le
roi et moi)
 : drapé de bleu et d’or, le crâne rasé orné d’une
natte noire, le torse nu couvert de bijoux, il fait un effet
flamboyant. Quant à Heston, déjà vedette de
The Grea-
test Show on Earth
de DeMille l’année précédente, il a été
choisi à défaut deWilliam Boyd. Plus d’une scène frappent
l’imagination par leur puissance visuelle : Yochebed sur le
point d’être écrasée par des blocs de pierre sur le chantier,
l’installation d’un obélisque géant dans la nouvelle cité de
Séthi, les gaz pestilentiels verdâtres qui tuent tous les pre-
mier-nés égyptiens (inspiré par le tableau romantique de
John Martin,
Seventh Plague of Egypt
, 1823), l’eau du
bassin royal qui se transforme en sang, la sortie d’Egypte,
le tourbillon de feu divin qui grave la Loi dans le roc, le
Veau d’or englouti dans la terre avec ses adorateurs impies.
Du Gustave Doré magnifié en Technicolor.
Profondément croyant, le patriarche DeMille, 78 ans, li-
vre une vision fondamentaliste, binaire et ultra-littéraliste
de la Bible – véritable démonstration du pouvoir de la foi
– tout en ressuscitant un chapitre épique qui évoque aux
Etats-Unis la conquête de leur propre «Terre promise ».
Dans le prologue où il s’adresse au public, le réalisateur
affirme qu’il a voulu filmer « l’histoire de la naissance de
la liberté », une liberté respectueuse des lois divines et non
soumise aux caprices d’un dictateur. Ce dernier ne pouvant
être que l’Antéchrist communiste, car l’adoration de faux
Les soldats du pharaon à la poursuite des Hébreux
Edward G. Robinson invite à l’adoration du Veau d’Or
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