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b
– la rome impériale 
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time (et non pas d’Antioche), fignole sa direction d’acteurs,
soigne les scènes intimistes avec un réel sens dramatique, des
émotions fortes et un réalisme alors inhabituel. Le camé-
raman Robert Surtees, «maître de la pénombre », le sou-
tient avec ses images de nuit aux éclairages parcimonieux.
Le résultat n’est ni naïf ni facile, et Wyler parvient à in-
tégrer naturellement les « clous » spectaculaires au drame
humain. Grâce au jeu intériorisé de ses acteurs, il réussit,
bien mieux que Niblo en 1925, à rendre crédibles les divers
changements de registre que nous impose la destinée de Ben-
Hur en passant d’un récit d’aventures trivial à celui d’un
cheminement spirituel sur fond d’antagonisme politique.
Ses portraits ne manquent pas d’humour, ni de finesse : le
cheikh Ildérim peste contre les gens qui croient qu’on peut
traiter ses chevaux comme des animaux, et l’adipeux Ponce
Pilate – l’Australien Frank Thring – est présenté comme
un diplomate de carrière chagriné (« J’avais demandé
Alexandrie, ils m’ont nommé à Jérusalem ! »). Néanmoins,
Wyler signe ici son film le moins personnel, ne pouvant
éviter une certaine pesanteur académique, une théâtralité
démonstrative, ni des dérapages d’un goût douteux dans
les scènes religieuses (malgré le parti pris de ne montrer le
Christ que de dos). Les principales faiblesses se trouvent
effectivement dans le dernier tiers, après le coup de cymbale
de la course, dans les épisodes autour de la Passion (alors
que la séquence dans la vallée des lépreux reste très pre-
nante). Les scènes de la courtisane Iras (Kamala Devi) que
son amant Messala jette dans les bras de Ben-Hur pour le
perdre sont sacrifiées aumontage, demême que les dialogues de
Flavia, la maîtresse de Ben-Hur à Rome.
Les moments les plus mémorables de ce
Ben-Hur
provien-
nent du travail exceptionnel des réalisateurs de la seconde
équipe. Crédité pour des raisons syndicales, Mario Sol-
dati lui-même reconnaît n’avoir pas participé au tournage.
Richard Thorpe (
Ivanhoe
), au contraire, qui ne figure pas
au générique, est notamment responsable des séquences ma-
ritimes (tournées sur un lac artificiel à Cinecittà avec deux
La course de chars dans l'hippodrome de Césarée est filmée à Cinecittà avec une profusion de moyens rarement égalée (
Ben-Hur
, 1959)
Rencontre miraculeuse : la mère, la soeur et la fiancée (Haya Harareet,
dr.) de Ben-Hur sont témoins de la Passion (1959)
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