Page 448 - Hervé Dumont - L'antiquité au cinéma

448l’antiquité au cinéma
mages, la paranoïa d’Hérode, la maternité d’Elisabeth (qui
donne vie à Jean-Baptiste) et, naturellement, celle de sa
jeune cousine Marie, jusqu’à la fuite en Egypte. Les sources
sont Luc, Matthieu et le Protévangile de Jacques. La réali-
satrice, plusieurs fois primée pour son premier long métrage,
Thirteen (2003), passe pour une spécialiste de l’adolescence
perturbée. Sa Marie, qu’interprète l’Australienne Keisha
Castle-Hughes (nominée à l’Oscar pour Whale Rider), est
une sorte de femme-enfant perplexe et troublée, guère en-
thousiaste à l’idée d’épouser le laborieux Joseph, craintive
et stoïque face à l’Annonciation. Très peu mariale. Pour-
tant son mari la sauvera deux fois, de la lapidation après
l’annonce de la naissance peu catholique du Messie, puis
de la noyade en voyageant à Bethléem (incidents sans doute
oubliés dans les Evangiles). C’est cet aspect du rejet de la
fille-mère par la communauté juive qui semble le plus in-
téressant. Hérode est fort bien campé par Ciarán Hinds,
le Jules César de la série Rome. En quête d’authenticité,
Catherine Hardwicke (ex-décoratrice de Costa-Gavras et
de Richard Linklater) reconstitue Nazareth à Matera –
l’habituel « lieu biblique » italien déjà visité par Pasolini
et Gibson – et Jérusalem aux studios CLA à Ouarzazate
(Maroc). Mais dépourvu de «message » et d’une quelconque
originalité dans la forme comme dans le fond, son film ne
dépasse jamais le niveau de l’imagerie léchée et gentillette.
Première mondiale au Vatican.
2006 (tv) Science of the Bible : Rivals of Jesus (US) Mi-
chael S. Ojeda ; Morningstar Entertainment-National
Geographic Channel (NGC 15.8.06), 52 min. – av.
Anthony Pavelich (Jésus-Christ), Curtis Mittong
(Pierre), Cory Montgomery (Jean), Marjan Faritous
(Marie-Madeleine), Phillip Whiteman (Lazare), Alex
Veadov (Simon le Magicien / Simon Magus), Scott
Khouri (Apollonius de Tyane), Eva-Maria Leonardou
(Hélène), Hayati Akbas (Simon Bar Cochba), Curtis
Mittong, JimCasey, Mark Kulka, Claude Butts, Bayram
Akbas, Enn Reitel (narration). – Docu-fiction sur les faux
prophètes à l’époque du Christ.
2006 (tv) Secret History of Religion : Doomsday – Book
of Revelation /The Apocalypse (US) Michael S. Ojed ;
Morningstar Entertainment-National Geographic Chan-
nel. – av. Mark Kulka (Jean-Baptiste). – Docu-fiction.
2006 (vd) Jésus. Une trilogie théâtrale – 1. On l’appelait
Jean-Baptiste – 2. Jésus, homme au milieu des
hommes – 3. La Passion (FR) Xavier Arlot ; Delta
Vision-APJM-Esquisse Prod., 69 min., 108 min., 107
min. – av. Thierry Arlot / Jean-Paul Pobel (Jésus-Christ),
Paul Arlot (Caïphe), Amandine Cuyon (Marie), Laetitia
Bichonnier (Salomé), Laurent Rousselet (André), Eric
Suarez (Jean). – Captation du spectacle son et lumière de
Xavier Arlot, monté à Bourg-en-Bresse (Salle Ainterexpo,
11.3.06) avec 160 comédiens.
2006 (tv) The Gospel of Judas –The LostVersion of Christ’s
Betrayal (L’Evangile selon Judas) (US) James Barrat
(+prod.) ; National Geographic Channel (NGC 9.4.06),
87 min. – av. Peter Coyote (narration). – Docu-fiction
écrite par James Barrat et John Bredar, avec des acteurs
anonymes et des reconstitutions (tournage en Egypte et en
Tunisie), fabriquée au moment où la National Geographic
Society publie la traduction anglaise d’un codex en copte
ancien découvert en 1978 en Haute-Egypte. Il s’agit d’une
copie des III-IVe siècles conforme à un « Evangile selon
Judas » plus ancien et rédigé en grec. Le parchemin révèle
que Judas n’aurait pas trahi Jésus mais agi selon la volonté
de celui-ci («Tu surpasseras tous les autres, car tu sacrifieras
l’homme qui me sert d’habit », lui aurait confié le Christ).
Texte inspiré par le gnosticisme et déjà dénoncé comme
hérésie par saint Irénée de Lyon vers l’an 180.
2006 (tv+ciné) L’inchiesta/EnbuscadelatumbadeCristo/The
Final Inquiry (L'enquête sacrée) (IT/ES /US /BG)
Giulio Base ; Italian International Film-Enrique Cerezo
Prod.-RAI fiction-RAI uno-Nu Image-MilleniumFilms,
114 min. / 190 min. (version tv). – av. Daniele Liotti
(Titus Valerius Taurus), Dolph Lundgren (Brixos, l’es-
clave germain deTaurus), Mónica Cruz (Tabitha), Hristo
Shopov (Ponce Pilate), Christo Jivkov (Etienne), Max
von Sydow (Tibère), Vincenzo Bocciarelli (Caligula),
Fernando Guillén Cuervo (Saul de Tarse), F. Murray
Abraham (Nathan), Fabrizio Bucci (Jésus-Christ), Ma-
ria Pia Calzone (la ViergeMarie), Anna Kanakis (Claudia
Procula), Enrico Lo Verson (Simon Pierre), Ornella
Muti (Marie-Madeleine), Giulio Base (Lazare), Gia-
como Gonnella (Barabbas). – Un très lointain remake,
languissant, tape-à-l'œil et sirupeux, du film éponyme de
Damiano Damiani (1986, cf. supra), inspiré par Anatole
France. En l’an 35, Tibère (retiré sur l’île de Capri) en-
voie le tribun Taurus en Palestine pour enquêter sur un cer-
tain Jésus de Nazareth dont la mort fut entourée de plu-
sieurs phénomènes naturels inexplicables (obscurcissement,
tremblement de terre, etc.) et dont le corps a disparu. Plus
son enquête avance, plus Taurus se fait d'ennemis, tandis
que son amour pour Tabitha, une jeune disciple du Christ,
le transforme. Une coproduction télévisuelle de luxe tour-
née en Tunisie et en Bulgarie avec un casting internatio-
nal (Max von Sydow, F. Murray Abraham). La fin est à
hurler de rire : Caligula assassine son oncle Tibère pour
Catherine Hardwicke filme la jeunesse de la Vierge Marie (2006)