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– rome : de romulus à césar 
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(dont l’épouse Valeria est sa maîtresse), il pousse les esclaves
et le petit peuple affamé de Rome au soulèvement. Les pa-
triciens reconnaissent le danger d’une révolte des pauvres
et lèvent une armée. Spartacus échappe à Crassus qui l’as-
siège au pied du Vésuve, mais il meurt dans la bataille aux
côtés de son ami, le gladiateur gaulois Artorix. – Réalisé en
Union soviétique par Muhsin, un des pionniers du cinéma
turc, alors qu’il séjourne à Moscou pour y étudier la théo-
rie et la pratique du théâtre et du cinéma auprès d’Eisens-
tein et de Poudovkine. La révolution d’Octobre a fait de
Spartacus le symbole de l’homme libre, capable de vaincre
les forces néfastes de l’impérialisme et Lénine lui-même en-
courage l’engouement communiste pour ce héros antique de
la lutte prolétaire. Officiellement, Muhsin fonde, lui aussi,
son intrigue sur le roman de Raffaello Giovagnoli, mais
le transforme en martyr du prolétariat. Le livre était paru
en Russie en 1880 dans le quotidien
Delo
, sous la forme
d’un feuilleton fortement mutilé par la censure du tsar. La
version complète ne parut qu’après la prise de pouvoir des
bolcheviks. De 1918 à 1952, on ne compte pas moins de
34 éditions du roman, traduites dans les douze langues of-
ficielles de l’Union soviétique, équivalant en tout à un ti-
rage de presque un million d’exemplaires.
1953
Spartaco, il gladiatore dellaTracia/Spartacus
(IT/FR)
Riccardo Freda ; Consorzio Spartacus-A.P.I-Rialto, 120
min. – av. Massimo Girotti (Spartacus), Carlo Ninchi
(Marcus Licinius Crassus), Gianna Maria Canale (Sa-
bina, fille de Crassus), Ludmilla Tcherina (Amytis,
fille de l’archonte de Thrace), Yves Vincent (Ocnomas
[=Crixus]), Vittorio Sanipoli (Marcus Virilius Rufus),
Carlo Giustini (Artorige), Umberto Silvestri (Lentulus),
Teresa Franchini (la mère de Spartacus), Nerio Bernardi,
Cesare Bettarini. –
Ayant protesté contre le meurtre d’un
archonte de Thrace ramené prisonnier, le décurion romain
Spartacus est dégradé et condamné à la gladiature, après
que Sabine, la fille de Crassus, soit intervenue pour lui sau-
ver la vie. Dans l’arène à Rome, Spartacus sauve Amytis,
la fille du chef thrace, des griffes des lions et fomente la ré-
volte. Il tue Lentulus, propriétaire de l’école de gladiature,
et lève une armée sur la route de Naples. Blessé, il se réfugie
auprès de Sabine qui le soigne et tente de le retenir. Cras-
sus la charge de convaincre le rebelle de se rendre. Sparta-
cus absent, Ocnomas fait croire à Amytis que leur chef l’a
abandonnée pour une Romaine et ils déclenchent un as-
saut suicidaire contre les légions de Crassus, dix fois supé-
rieures en nombre. Spartacus rejoint sa troupe et périt sur
le champ de bataille. La nuit, Amytis arpente torche à la
main les collines jonchées de cadavres et retrouve Sparta-
cus qui lui pardonne et lui confie son épée « pour leur fils »
avant de rendre l’âme.
La trame reprend une fois de plus l’essentiel du roman gari-
baldien de Raffaello Giovagnoli (que
Vie Nuove
, le journal
du Parti communiste italien, vient de republier en feuille-
ton) – mais les temps ont changé. Plus question de fêter la
« romanité », le salut romain, l’aigle, le faisceau des licteurs,
les emblèmes de l’Empire sont entachés par vingt ans de dic-
tature mussolinienne, et les quelques péplums italiens de
l’immédiat après-guerre cherchent à se distancier fortement
de la rhétorique fasciste. Massimo Girotti, l’athlète paci-
fiste de
La corona di ferro
et le saint Sébastien martyrisé
de
Fabiola
(Blasetti), fait un Spartacus aux accents chris-
tiques, un décurion romain qui s’oppose à la sauvagerie de
ses supérieurs et finit torturé les bras en croix. Freda veut
«montrer la cruauté des Romains » (cf.
Un pirate à la ca-
méra
, Lyon-Paris 1995, p. 218). La séquence d’ouverture
dans une cité thrace dévastée rappelle les horreurs de l’occu-
pation allemande en Italie comme dans les Balkans, et en
s’insurgeant contre les sévices subis par les civils, Spartacus
se transforme en résistant antifasciste, en partisan, seul rôle
admissible pour un héros italien après 1944 (« conquise, la
Thrace refuse la défaite »). Au niveau des décors, la présence
anachronique du Colisée (deux siècles avant sa construc-
tion) n’est pas innocente, car c’est sur la «Via dell’impero »
qui y mène – là où défile le butin de guerre de Crassus – que
se tenaient les grandes parades fascistes dès 1932. A l’instar
de la propagande mensongère du Duce, les militaires ma-
quillent leur défaite au Vésuve (où 2000 légionnaires de
Varinius Glaber ont été massacrés par surprise) en faisant
Dans son
Spartaco
(1953), Riccardo Freda transforme les arènes de
Vérone en Colisée, un anachronisme très spectaculaire
Massimo Girotti et Ludmilla Tcherina dans
Spartaco
(1953)
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