286
  l’antiquité au cinéma
des côtes africaines et se fait capturer par des pirates. Sa fian-
cée Biriklit parvient à le racheter. Etude sur l’architecture
et la destruction de la cité punique par les Romains.
2004 (tv)
Carthage : The Roman Holocaust
(GB) Joseph
Maxwell & Sonali Fernando ; Janne Read-RDF-Chan-
nel 4 (Ch4 8.5.04), 105 min. –
Docu-fiction avec recons-
titutions et comédiens anonymes (rôles muets) réalisée aux
studios Sinbad à Tunis : la destruction totale de Carthage
et de sa civilisation par les Romains.
2006 Ø (tv)
Revolution
(GB/US /DE) Christopher Spencer.
– av. James D’Arcy (Tiberius Sempronius Gracchus),
Greg Hicks (Scipion Emilien), David Kennedy (Ma-
thô). –
Le jeune Tiberius Gracchus se distingue pendant
la troisième guerre punique sous Scipion Emilien en 146
en dirigeant l’assaut des murailles de Carthage. Il assiste
au pillage et à la destruction générale de la cité, séquence
filmée au Maroc dans les décors de
Kingdom of Heaven
de
Ridley Scott, aux studios Atlas à Ouarzazate. – cf. 6a.4.
SPARTACUS ET LA DICTATURE DES CONSULS
146 / 60 av. JC
Tandis que Carthage s’effondre, Rome parachève la mise au pas de l’Hellas en annihilant la Ligue achéenne et en
incendiant Corinthe (– 146). La Grèce devient une province romaine. Mais au lendemain des guerres puniques, la
petite paysannerie italienne plonge dans la misère. En –133, le consul Sempronius Gracchus, tribun du peuple, tente
une réforme agraire. Il est assassiné par le Sénat et son échec ouvre la porte à des troubles sociaux prolongés.
Lucius
Cornelius SYLLA remporte la guerre sociale qu’entreprennent les habitants de la Péninsule alliés de Rome
contre la République qui leur refuse le droit de cité, ce refus étant source de graves inégalités (– 91 / –88).
La première guerre civile, qui s’achève par la victoire de Sylla sur son adversaire Marius, entérine l’extension
du droit de cité à l’Italie entière et marque une étape importante dans le passage de la cité-Etat au futur
Empire. Sylla est nommé dictateur perpétuel pour consolider ces acquis, puis abdique en 79 et se retire à
la campagne. Suivent les consulats de POMPÉE (Gnaeus Pompeius, 106-48 av. JC) et de Marcus Licinius
CRASSUS. Pompée mène campagne à l’Est contre les pirates de Cilicie et annexe la Syrie. Le consul Mar-
cus Tullius CICÉRON déjoue le complot de Catilina qui vise à renverser le régime constitutionnel.
D
ans le domaine des arts du spectacle, la période extrêmement troublée qui suivit la fin de Carthage a laissé
les créateurs insensibles, sur scène comme à l’écran. Sans doute parce que les enjeux de cette époque –
les tentatives avortées de réformes agraires, la guerre sociale remportée par Sylla, sa dictature, les entreprises
autoritaires de consuls surpuissants comme Pompée ou Crassus (l’homme le plus riche de Rome) – sont trop
spécifiquement liés à la géostratégie locale pour inspirer la postérité. Les conflits avec Mithridate et les Parthes
(province d’Asie) ont laissé quelques traces dans un opéra de Mozart, mais la guérilla du roi numide Jugurtha
(113-105) n’apparaît que dans une bande dessinée de Hermann (1967), et seule une honnête docu-fiction de
la BBC évoque la tragédie de Tiberius Gracchus, l’avocat des pauvres (
Revolution
, 2006). Pas un mot du climat
de terreur instauré par les proscriptions successives de Marius et de Sylla (avec plus de dix mille morts) au cours
de cette première guerre civile de Rome, qui marque aussi le premier avènement d’un pouvoir personnel. Une
autre transformation décisive, mais difficile à illustrer, est celle de la
réforme de l’armée romaine par Marius en
107, qui supprime la notion de richesse comme facteur de recrutement et ouvre les légions à la foule grandis-
sante de la plèbe et des sans-emploi. L’armée devient une armée de métier, puissant instrument qui assurera les
futures conquêtes de l’empire, mais aussi facteur de danger pour la République, la troupe obéissant désormais
à des chefs charismatiques tentés, eux, par le coup d’Etat. La conjonction de l’armée et du parti populaire sera
fatale à la République, comme le démontre la prise de pouvoir de Jules César.
Il en va tout autrement des « guerres serviles » et de la rébellion des gladiateurs menée par Spartacus, un
sujet demeuré tabou pendant plus de dix-sept siècles. Après les cauchemars du Gaulois Brennus et de l’Africain
Hannibal, Spartacus a suscité les jours les plus sombres de l’Urbs républicaine, confrontée cette fois à l’hu-
miliation suprême : être défiée, attaquée, même plusieurs fois battue par un esclave, pire, par un gladiateur,
la lie de l’humanité ! Il était inconcevable, voire insultant pour les Anciens qu’un esclave puisse se comporter
en soldat, et qu’il faille l’affronter avec des troupes d’élite. Seule Rome avait autorité pour donner la liberté,
et Spartacus ne pouvait être à ses yeux qu’un brigand vindicatif. Le héros de l’Antiquité incarnait les normes
sociales dominantes. Un esclave n’était donc jamais considéré l’égal d’un « grand homme », fût-il un ennemi
redouté, et le vaincre ne méritait pas un triomphe public, mais au mieux une « ovatio ». La honte attachée à
s
6a.4
I...,276,277,278,279,280,281,282,283,284,285 287,288,289,290,291,292,293,294,295,296,...674