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– rome : de romulus à césar 
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phitryon
(1935) en exil à Hollywood. Sans suite. Ce n’est
qu’en 1954 que George Sidney (auquel on doit les inou-
bliables
The Three Musketeers
avec Gene Kelly et
Scara-
mouche
) reprend le sujet, cette fois sous forme de musical
apolitique en Eastmancolor et CinemaScope. Cela donne
une fantaisie échevelée (songs by Burton Lane) dans la veine
parodique de
La Belle Hélène
d’Offenbach, saupoudrée
de gags pleins de fraîcheur, d’impertinence et d’érotisme,
agrémentée en plus de deux mémorables numéros aquati-
ques d’EstherWilliams, dont un ballet-poursuite sous-ma-
rin et une baignade tellement « chaude » que les statues de
marbre s’animent. Hermes Pan, Gower et Marge Cham-
pion signent la chorégraphie, avec douze éléphants colorés
(« des animaux à cinq jambes », s’exclame Amytis qui pro-
pose ensuite à Hannibal de les teindre, le gris des pachyder-
mes étant jugé trop triste) ! Tournage à grands frais en stu-
dio à Culver City, Hollywood, et en extérieurs en Floride
(Wewahitchka, Silver Springs Ocala), à Santa Catalina
Island et dans les Santa Susanna Mountains (Sky Valley
Ranch, Californie). Armures, costumes et quelques plans
de foule au début sont empruntés au
Quo Vadis
de Mer-
vyn LeRoy. Mais le public américain est désarçonné par le
mélange des genres et une matière qui ne lui est pas fami-
lière. Une catastrophe au box-office qui met fin aux car-
rières d’Esther Williams et de George Sidney à la MGM
1959
Annibale /Hannibal (Hannibal)
(IT/US) Carlo Ludo-
vico Bragaglia et Edgar George Ulmer [pour la version
USA] ; Liber Film-United Artists, 95 min. /USA : 103
min. – av. Victor Mature (Hannibal), Gabriele Ferzetti
(Quintus Fabius Maximus), Rik Battaglia (Hasdrubal
Barca, frère d’Hannibal), Rita Gam (Silvia, nièce de Fa-
bius Maximus), Mario Girotti (Quintilianus), Franco
Silva (Maharbal), Mirko Ellis, Andrea Aureli (Caius
George Sanders (le proconsul Quintus Fabius Maxi-
mus), Gower Champion (Caius Terentius Varrus),
Michael Ansara (Maharbal), Douglass Dumbrille (Sci-
pion l’Africain), William Demarest (Magon), Richard
Haydn (Horace), Norma Varden (Fabia, mère de Fabius
Maximus). –
Le carton initial de cette comédie musicale
annonce : « Le récit de la marche d’Hannibal sur Rome
a toujours été confus », puis ajoute ironiquement que « ce
film ne va pas contribuer à éclaircir le mystère ... ». On suit
alors la narration d’Horace, un chroniqueur chantant qui
met en doute ce qui est montré à l’image, exagère les chiffres
(800 éléphants), arrange ou falsifie les événements quand
ceux-ci lui semblent trop « incolores ». Hollywood règle ses
comptes avec les historiens et revendique le droit de ré-
écrire l’Histoire ad lib. Fiancée depuis sept ans au dictateur
Fabius Maximus, un pleutre maladroit et fils à maman,
l’athlétique patricienne Amytis repousse l’hymen d’année
en année. Intriguée par Hannibal aux portes de Rome (en
211 av. JC), elle se risque hors des remparts, est faite pri-
sonnière et s’amourache du général carthaginois, si viril et
séduisant (Howard Keel en colossal ténor barbu ... et pas
borgne) qui, lui, en oublie d’attaquer Rome. Sportive, elle
le bat à la nage dans le Tibre et s’échappe. Hannibal ras-
semble troupes et éléphants sous les murailles de la cité. La
bataille s’engage mais, pour préserver Rome, Fabius Maxi-
mus accepte de lui livrer sa fiancée en otage et le Cartha-
ginois rebrousse chemin avec une Amytis enchantée après
avoir simulé un sacrifice patriotique !
L’adaptation à l’écran de
The Road to Rome
, une comédie
sophistiquée en trois actes de Robert E. Sherwood, traîne
dans les tiroirs de la MGM depuis sa sortie triomphale à
Broadway en 1926. Irving Thalberg songe alors à confier
le rôle d’Amytis à Greta Garbo. Mais rien ne se concrétise
et cette joyeuse dénonciation de la stupidité des guerres use
plusieurs scénaristes. Alexander Korda s’en inspire partiel-
lement pour
The Private Life of Helen of Troy
en 1927.
On annonce à nouveau le film en 1933, puis en 1939 / 40,
le projet refaisant surface à la lumière des événements tra-
giques en Europe. Dans cette mouture actualisée, l’« histo-
rien d’Etat » Scrivus persuade le « Feldmarschall » Hanni-
bal le Grand de « devenir immortel par un coup d’éclat en
Europe ». Ministre de la propagande carthaginoise, Scri-
vus-Goebbels promet au Führer de Carthage la domination
du monde. Parmi les scénaristes de cette version, on trouve
l’Allemand Reinhold Schünzel, l’auteur insolent d’
Am-
Une événement qui n’eut jamais lieu : l’armée d’Hannibal devant les
murs de Rome ! (
Jupiter’s Darling
de George Sidney, 1955)
Victor Mature et une de ses conquêtes, Rita Gam (
Annibale
, 1959)
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