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  l’antiquité au cinéma
1910
Lo schiavo di Cartagine
(L’esclave de Carthage)
(IT)
Luigi Maggi, Roberto Omegna et Arturo Ambrosio ;
Ambrosio FilmTorino, 270 m. – av. Alberto A. Capoz-
zi (Terentius), Mary CléoTarlarini (Lycia), Luigi Maggi
(Sahabalcar), Ernesto Vaser, Ercole Vaser, Oreste Grandi,
Mario Voller Buzzi. –
Megara, faubourg de Carthage, en
–204. Ayant refusé les avances de son maître, le marchand
d’esclaves Sahabalcar, Lycia est condamnée par Hasdrubal
Barca (le frère d’Hannibal) à être sacrifiée à Moloch.
Terentius, un prisonnier romain qui l’aime, la sauve de
la foule déchaînée en lâchant les lions enfermés dans les
souterrains de la ville, et ensemble ils voguent vers la li-
berté. – Un des grands succès de la société Ambrosio, dont
l’intrigue préfigure partiellement celle de
Cabiria
deux
ans plus tard. Le film est accompagné d’une musique
d’Osvaldo Brunetti, un des premiers exemples de partitions
de cinéma originales.
1912-14  
Cabiria. Visione storica del terzo secolo a. C.
(Cabiria)
(IT) Giovanni Pastrone [pseudon. Piero
Fosco], Itala FilmTorino, 4500 m. [194 min.] – av. Lydia
Quaranta (Cabiria), UmbertoMozzato (FulvioAxilia), En-
ricoGemelli (Archimède), Alexandre Bernard (Syphax, roi
des Numides orientaux), Italia Almirante Manzini (So-
phonisbe, son épouse et fille d’Hasdrubal), Bartolomeo
Pagano (Maciste), Vitale Di Stefano (Masinissa, roi de
Numidie occidentale), Didaco Chellini (Scipion l’Afri-
cain), Emilio Vardannes (Hannibal), Edoardo Davesnes
(Hasdrubal, son frère), Emilio Vardannes (Batto, père
de Cabiria), Teresina Marangoni (Croessa, sa nourrice),
Luigi Comelli (Lelius), Dante Testa (Karthalo, prêtre de
Moloch), Antonio Branioni (Bodastroret), Lydia Qua-
ranta (Elissa), Luigi Comelli (proconsul Marcellus). –
Catane vers –218. Cabiria (« née du feu »), la jeune fille
d’un patricien romain, survit à l’éruption de l’Etna, mais
ses parents sont ensevelis sous les décombres de la villa fa-
miliale. Cabiria est enlevée par des pirates carthaginois et
vendue comme esclave. Elle va être sacrifiée à Moloch avec
des centaines d’autres prisonniers quand elle est sauvée par
un colosse, l’esclave Maciste, et son maître Fulvio Axilia,
un espion de Rome. Tous trois fuient Carthage et Cabiria
est recueillie à Cirta par Sophonisbe, la reine de Numidie,
alors que ses compagnons sont réduits en esclavage. Entre-
temps, Hannibal franchit les Alpes avec ses éléphants, la
flotte romaine est partiellement détruite à Syracuse par Ar-
chimède et ses miroirs, Scipion Emilien entre à Carthage,
Sophonisbe se suicide. Cabiria, devenue adulte, libère Ma-
ciste et Fulvio Axilia et épouse ce dernier une fois de retour
à Rome. Elle y retrouve ses parents qui ont, eux aussi, sur-
vécu à l’éruption du volcan.
Premier long métrage et première superproduction de l’his-
toire du cinéma,
Cabiria
est un jalon capital dans l’évolu-
tion du film à grand spectacle et du septième art tout court.
Il comporte déjà tous les éléments du genre (mélo, aventures,
faste, prodiges et catastrophes avec effets spéciaux de Segundo
de Chomon, le Méliès espagnol, assisté d’Eugenio Bava, le
père de Mario) et annonce aussi bien Cecil B. DeMille que
D. W. Griffith et son
Intolerance
(1916). L’influence est
particulièrement sensible en ce qui concerne la recherche
de parallélismes entre les différents éléments de l’intrigue,
entre les histoires et l’Histoire, entre les personnages connus
qui traversent le récit (Hannibal, Sophonisbe, Archimède,
Scipion) et ceux qui sont inventés (le « bon géant » Maciste,
futur mythe du cinéma populaire italien, qu’interprète un
docker gênois au physique herculéen, Bartolomeo Pagano).
Un pari audacieux à plusieurs niveaux : un premier film
à durer plus de trois heures, à engloutir des sommes fara-
mineuses, à développer la technique du travelling qui met
en valeur la tridimensionnalité du décor, à nécessiter une
véritable campagne de lancement internationale. (A New
York, l’œuvre joue au Globe Theatre de Broadway et sera
même projetée en séance spéciale à la Maison-Blanche.)
De surcroît, le film tente de se présenter comme épigone
de l’opéra : projections dans les temples de la culture bour-
longtemps un cauchemar dans la mémoire de Rome, car
près de la moitié de ses citoyens mobilisables périrent au
cours des quinze années pendant lesquelles le Carthaginois
ravagea l’Italie. Mais sa défaite permit à Rome de passer
du statut de pouvoir local rêvant de grandeur à celui de
première grande puissance impériale.
Sauvés du sacrifice à Moloch (
Lo schiavo di Cartagine
, 1910)
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