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  l’antiquité au cinéma
1910
Dans les ruines de Carthage
(FR) Victorin Jasset, Geor-
ges Hatot ; Eclair, 203 m.
1910
The Wife of Marcius
(US) Selig Polyscope Co., 305
m. – av. Iva Shepard. –
Le consul L. Marcius Censorinus
dirige la flotte romaine lors du siège de Carthage.
1914
Delenda Carthago! / La caduta di Cartagine
(Le siège
de Carthage / La destruction de Carthage)
(IT) Luigi
Maggi ; S.A. Ambrosio, Torino-Photo Drama Producing
Co., 1500 m. – av. Eugenia Tettoni Florio (Miarka),
François Paul Donadio (Shabarim), Giuseppina Val-
data-Farinon (Zamah), Umberto Scalpellini (Caton
l’Ancien), Marcel Fabre (Scipion Emilien), Luigi Chiesa
(Hasdrubal), Carlo Campogalliani. –
Tandis que Sci-
pion Emilien marche sur Carthage, Miarka, la fille d’Has-
drubal, s’éprend du mercenaire Shabarim. Hasdrubal le
condamne aux galères et Miarka devient prêtresse de Tanît.
Après la chute de Carthage, Hasdrubal et sa fille s’enfuient
sur la trirème phénicienne où est enchaîné Shabarim. Un
navire romain les rattrape et incendie la trirème, Has-
drubal meurt, mais le couple est sauvé. – Une intrigue et
des clous spectaculaires similaires à ceux du
Cartagine in
fiamme
de Gallone, 45 ans plus tard, filmée par le poète
piémontais Maggi, un metteur en scène du théâtre vériste et
l’initiateur du réalisme cinématographique en Italie. Les
extérieurs sont tournés dans les jardins de la Villa Gar-
nier à Bordighera, les intérieurs dans les nouveaux studios
d’Ambrosio à la Via Mantova à Turin.
1959
Cartagine in fiamme /Carthage en flammes
(IT / FR)
Carmine Gallone [d’apr. Emilio Salgari] ; Lux Film-Pro-
duzioni Gallone-Lux C.C. de France, 110 min. – av.
Pierre Brasseur (Sidon), Daniel Gélin (Phégor), Anne
Heywood (Fulvia), José Suarez (Hiram), Erno Crisa
(Hasdrubal), Ilaria Occhini (Ophir), Massimo Girotti
[=Terence Hill] (Tsour), Paolo Stoppa. –
Scipion Emilien
a débarqué sur les côtes d’Afrique et Carthage, encerclée,
hésite entre la reddition et la lutte jusqu’au bout. Exilé, Hi-
ram, le chef des militaires, revient clandestinement en ville
par amour pour Ophir. Ayant sauvé la Romaine Fulvia
du sacrifice humain à Baal, il doit fuir à nouveau mais,
en sortant du port, il livre bataille à son ennemi Phégor
qui l’a rejoint avec son navire. Tandis que Fulvia intrigue
pour favoriser l’enlèvement d’Ophir (que son père a pro-
mise à Tsour) par Hiram et que Phégor, rescapé du com-
bat naval, tente de les arrêter, Carthage vit ses derniers
jours. Une ultime bataille perdue, les Romains envahissent
et incendient la ville que Phégor a vendue à l’ennemi après
avoir poignardé Hasdrubal. Fulvia entraîne Phégor dans
les flammes, Hiram et Ophir s’enfuient par la mer.
Deux décennies après sa méga-fresque fasciste de
Scipione
l’Africano
, Gallone, 74 ans, retourne à Carthage et aux
sources du cinéma à costumes italien, en s’inspirant cette fois
d’un roman populaire d’Emilio Salgari paru en 1908, ré-
édité six fois et qui fut déjà à l’origine du
Cabiria
(1914)
de Pastrone : jadis Fulvio Axilla, c’est aujourd’hui Hiram
qui sauve Fulvia / Cabiria du sacrifice à Moloch-Baal. Le
film est tourné à Cinecittà avec des moyens relativement
importants en Technicolor et Supertechnirama (la statue
de la terrible divinité dans le temple fait 10 mètres de
haut). Pour l’aspect « colossal », un pan du fameux port de
Carthage est reconstitué à Anzio, où Gallone orchestre un
beau combat naval entre une galère phénicienne et une tri-
rème carthaginoise, reconstruites grandeur nature, d’une
longueur respective de 28 et 42 mètres, avec abordage par
pont-levis (le fameux « corbeau » qui permettait de se battre
corps à corps, même en mer). Le choix des formes et des cou-
leurs pour les décors est suggéré par des fragments de pein-
ture phénicienne et mycénienne. Enfin, comme le promet
le titre, il y a l’incendie final de la ville où se consument
entre autres les vestiges du décor de
Ben-Hur
(1958). Mais
le siège interminable et cauchemardesque de la métropole
punique par Scipion Emilien, avec ses mois de pilonnage
et de combats de rues, sont totalement escamotés et rem-
placés par deux affrontements de cavalerie dans la plaine
(filmés avec 2000 figurants sur les Monts de la Tolfa près
armes, une véritable guerre d’extermination menée cette
fois sur place par SCIPION ÉMILIEN, petit-fils adop-
tif du vainqueur d’Hannibal. Après un siège de trois ans
et une semaine de combats de rues d’une rare sauvagerie,
Carthage est anéantie, pillée et livrée aux flammes, les sur-
vivants sont réduits à l’esclavage, le territoire est divisé en-
tre la Numidie et la nouvelle province romaine d’Afrique :
tout vestige de l’ancienne cité ennemie doit disparaître.
Le « corbeau », un pont-levis naval qui changea le cours des guerres puniques en mer (
Cartagine in fiamme
de Carmine Gallone, 1959)
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