XVIII
 l'antiquité au cinéma
exigences souvent plus intellectuelles : Stanley Kubrick (
Spartacus
, 1960), Joseph L. Mankiewicz
(
Julius Caesar
, 1953,
Cleopatra
, 1963), Nicholas Ray (
King of Kings
, 1960), Anthony Mann (
The
Fall of the Roman Empire
, 1964), Robert Rossen (
Alexander the Great
, 1956), John Huston (
The
Bible
, 1966), Josef von Sternberg (
I, Claudius
, 1937), Howard Hawks (
Land of the Pharaohs
,
1955), Frank Borzage (
The Big Fisherman
, 1959), William Wyler (
Ben-Hur
, 1959), ainsi que,
entre autres, Robert Wise, Douglas Sirk, Raoul Walsh, Robert Aldrich, Delmer Daves, Richard
Fleischer, Henry King, King Vidor, George Stevens, Robert Siodmak, Michael Curtiz, William
Dieterle et, plus récemment, Martin Scorsese (
The Last Temptation of Christ
, 1988) et Oliver Stone
(
Alexander
, 2004). Quelques-uns ont tenté leur chance en Italie avec des productions modestes,
comme Jacques Tourneur, André DeToth, Irving Rapper, Richard Thorpe et Edgar G. Ulmer.
En Italie, on trouve Federico Fellini (
Satyricon
, 1969), Pier-Paolo Pasolini (
Il vangelo secondo
Matteo
, 1964 ;
Edipo re
, 1967 ;
Medea
, 1970), Roberto Rossellini (
Atti degli apostoli
, 1968 ;
Socrate
, 1970 ;
Agostino d’Ippona
, 1972 ;
Il Messia
, 1976), Sergio Leone (
Gli ultimi giorni di
Pompei
, 1959 ;
Il colosso di Rodi
, 1961), Alessandro Blasetti (
La corona di ferro
, 1941 ;
Fabiola
,
1948), Ermanno Olmi (
Camminacammina
, 1983 ;
Genesi
, 1993) ... et même, incognito, Miche-
langelo Antonioni qui s’est cassé les dents sur
Nel segno di Roma
(1959) ; en Allemagne, Ernst Lu-
bitsch (
Das Weib des Pharao
, 1921), Fritz Lang (
Die Nibelungen
, 1924), Robert Wiene (
I.N.R.I.
,
1923) ; en France, Louis Feuillade à ses débuts, Julien Duvivier (
Golgotha
, 1935), Marcel L’Her-
bier (
Les derniers jours de Pompéi
, 1948) ; en Pologne, Jerzy Kawalerowicz (
Faraon
, 1966 ;
Quo
Vadis
, 2001), en Hongrie, Miklós Jancsó (
Il giovane Attila
, 1971 ;
Roma rivuole Cesare
, 1973), en
Grèce, Michael Cacoyannis (
Electra
, 1961 ;
The Trojan Women
, 1971 ;
Jacob and Joseph
, 1974 ;
Iphigeneia
, 1977), en Suède, Alf Sjöberg (
Barabbas
, 1953), en Egypte, Youssef Chahine (
L’émigré
,
1994), en Inde, Bimal Roy (
Yahudi
, 1958), etc. Si tous n’ont pas signé leurs meilleures œuvres
dans ce registre, cela tend à prouver que le genre en soi est fort difficile à maîtriser et requiert sinon
des dispositions particulières, du moins une constellation spécifique de culture, de talents et de cir-
constances. Comme s’exclamait Jacques Joly dans les
Cahiers du Cinéma
en 1961 : «Dès l’instant
où les plus grands cinéastes se font délibérément disciples de Cecil B. DeMille, le film historique
mérite autre chose que du mépris. » 
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De manière générale, le péplum privilégie des hauts faits connus (c’est-à-dire de l’événementiel
déjà défloré au cours des siècles précédents par la scène, les beaux-arts ou la littérature). Comme les
récits antiques ou le théâtre classique, il est orienté vers le culte du héros, modèle proposé implici-
tement à l’édification – que ce soit Achille ou l’obscur général Maximus (dans
Gladiator
) – , ce qui
n’exclut ni le regard critique ni le jugement éthique : selon les films, la légende s’humanise, l’idéa-
lisation s’évanouit. Les personnages centraux sont soit des aristocrates (souverains, patriciens), soit
des rebelles ou des esclaves, une catégorie d’individus habitués au combat et à l’action ; les artisans,
les commerçants, le petit peuple ont rarement droit à la parole (sauf chez Vittorio Cottafavi ou
dans la récente série télévisée
Rome
). Afin d’intensifier la participation du spectateur, les scénarios
optent fréquemment pour la perspective du valet de chambre (les amours de Praxitèle), le coup
d’œil dans les cabinets secrets ou les appartements privés des grands de ce monde. L’articulation
narrative entre l’intimité dévoilée et l’événementiel historique fait avancer l’intrigue, une approche
légitime qu’aucun dramaturge du passé n’a dédaignée. Il s’agit alors d’établir un équilibre délicat
entre le destin individuel et le collectif, entre le dramatique, l’épique et le lyrique, entre le psycho-
logique et l’archétypique.
Certains conflits, certaines périodes sont plus « porteurs », plus aptes à réveiller la sensibilité de
l’homme moderne, donc mieux adaptables que d’autres. Babylone (dont peu de vestiges subsistent)
reste un concept purement décoratif, ses souverains aux patronymes difficilement prononçables
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Nº 122, août 1961, p. 17.
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