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 l'antiquité au cinéma
Caro (Aglaé), Nadine Duca (Gaïa), Maria-Teresa Via-
nello (Irène, sa sœur). –
Freda renonce au personnage de
Médée contre plusieurs emprunts à Homère. En Thessalie,
une année après le départ des Argonautes pour retrouver
la Toison d’Or et éteindre ainsi le feu des volcans déchaî-
nés par la colère de Zeus, Adraste, cousin de Jason et régent
en son absence, terrorise la population. La reine Créüse est
impuissante, son fils Ithis pris en otage, Jason passe pour
mort. Entre-temps, ce dernier et ses compagnons affrontent
tempêtes et tourbillons, échappent aux sirènes, terrassent un
gorille-cyclope dévoreur de vierges et déjouent les sortilèges
de la magicienne Gaïa qui, à l’instar de Circé, transforme
ses visiteurs en moutons. Ils arrivent en Colchide, terre in-
habitée où Jason traverse seul des palais de marbre, fran-
chit un lac insondable, puis escalade à mains nues une sta-
tue humaine d’une hauteur vertigineuse (modèle créé par
Freda) qui se dresse au sommet d’une muraille escarpée. Il
y récupère la Toison d’Or, grand moment poétique. A son
retour, Jason déjoue le piège que son cousin lui a tendu (ses
mercenaires interceptent un navire affrêté par des manne-
quins) et surprend le traître en pleine cérémonie de mariage
forcé avec Créüse. Jason le tue, Orphée meurt au combat
et, heureux, rejoint Eurydice dans l’Hadès ...
Une aventure distrayante et séduisante grâce à la vitalité de
sa mise en scène et la beauté de certaines images qui possè-
dent une réelle charge onirique (l’ascension de la statue, la
tempête en mer, la Prométhée féminine enchaînée au ro-
cher d’une caverne, puis percée d’une flèche). En conteur
oriental plus à l’aise dans le bariolage caracolant que dans
le drame bourgeois, Freda masque habilement la grande
indigence du budget et de ses interprètes par l’imagina-
tion, tout en démarquant au passage les fameux escaliers
d’Odessa du
Potemkine
d’Eisenstein, lors de la rébellion
écrasée à Iolcos. Les trucages sont du jeune Carlo Ram-
baldi (
E. T.
), mais les miniatures, les peintures sur verre
et certaines scènes trahissent la patte de Mario Bava (qui
finit le film après le départ prématuré de Freda, fâché avec
son producteur). Une frange de la critique française dé-
fend ce petit film avec passion, se demandant pourquoi les
thuriféraires d’un classicisme rigoureux feignent d’ignorer
qu’autrefois, « le Parthénon était polychrome » (M. Mar-
dore). Tournage à Santa Marinella (Cività Vecchia), dans
la grotte de Monte Circeo (lac de Sabáudia) et les carriè-
res de Salone, à Monte Gelato (Valle del Treja) et à Rome
(Villa Borghese, Museo della Civiltà Romana de l’E. U. R.,
Cinecittà, Istitute LUCE). GB :
Jason and the Golden
Fleece
, US :
The Giants of Thessaly
.
1963
Jason and the Argonauts (Jason et les Argonautes)
(GB /US) Don Chaffey et Ray Harryhausen ; Morning-
sideWorldwide Pictures-Charles H. Schneer-Columbia,
104 min. – av. Todd Armstrong (Jason), Nancy Kovack
(Médée), Laurence Naismith (Argos), Michael Gwynn
(Hermès), Douglas Wilmer (le roi Pélias), Jack Gwillim
(le roi Aétès), Patrick Troughton (Phinée), Niall Mac
Ginnis (Zeus), Honor Blackman (Héra) Nigel Green
(Hercule), Gernando Poggi (Castor), John Crawford
(Pollux / Polydeuce), Gary Raymond (Acaste), John
Jason trouve la Toison d’Or au sommet d’une statue colossale dans
I giganti della Tessaglia
de Riccardo Freda (1960)
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