6c – rome : l'antiquité tardive 
        
        
          
            599
          
        
        
          
            Le scénario de Lang et de sa femme Thea von Harbou s’ins-
          
        
        
          
            pire non pas deWagner, mais directement de l’ancienne lé-
          
        
        
          
            gende et de la tragédie qu’en a tirée Friedrich Hebbel en
          
        
        
          
            1861. Les dieux nordiques passent aux oubliettes. Lang
          
        
        
          
            conçoit son film comme un « hommage au peuple alle-
          
        
        
          
            mand » (carton introductif ) meurtri par les troubles po-
          
        
        
          
            litiques, l’inflation et le chômage. Politiquement naïf, il
          
        
        
          
            reconstitue avec faste l’univers du plus grand mythe fon-
          
        
        
          
            dateur germanique, mais c’est avant tout le défi esthétique
          
        
        
          
            que soulève son ambitieuse adaptation qui le motive. Vi-
          
        
        
          
            suellement, le cinéaste donne libre cours à son imagination
          
        
        
          
            d’architecte, privilégiant àWorms les compositions géomé-
          
        
        
          
            triques du Bauhaus, les ornements Art déco ou Jugends-
          
        
        
          
            til, les alignements hiératiques, la symétrie statique, tan-
          
        
        
          
            dis que la hutte de Mime, le château de flammes d’Islande
          
        
        
          cop /Ufa (Erich Pommer), 3216 m. + 3576 m. / 143
        
        
          + 144 min. – av. Paul Richter (Siegfried von Xanten),
        
        
          Margarethe Schön (Kriemhild), Hanna Ralph (Bru-
        
        
          nhild, reine d’Islande), Hans Adalbert von Schlettow
        
        
          (Hagen von Tronje), Rudolph Klein-Rogge (Etzel =At-
        
        
          tila), Georg John (Blaodel =Bleda, son frère / le nain Al-
        
        
          berich /Mime), Theodor Loos (Gunther, roi des Bur-
        
        
          gondes), Hans Carl Müller (Gernot, son frère), Erwin
        
        
          Biswanger (Giselher, son frère), Gertrud Arnold (reine-
        
        
          mère Ute), Fritz Albert (Dietrich von Bern [=Théodo-
        
        
          ric de Vérone, roi des Goths, dit Théodoric le Grand]).
        
        
          –
        
        
          
            Fils du roi Siegmund, Siegfried quitte son pays pour la
          
        
        
          
            cour des Burgondes à Worms, après avoir servi le forgeron
          
        
        
          
            Mime, tué le dragon Fafnir et ravi au nain Alberich, roi
          
        
        
          
            des Nibelungs, son trésor ainsi que son manteau d’invisi-
          
        
        
          
            bilité. A Worms, le roi Gunther lui accorde la main de sa
          
        
        
          
            sœur Kriemhild à condition qu’il l’aide à épouser laWalk-
          
        
        
          
            yrie Brunhild, reine d’Islande, qu’il doit vaincre en com-
          
        
        
          
            bat singulier. Siegfried utilise à cet effet sa chape magique
          
        
        
          
            mais, une fois mariée, Brunhild découvre la supercherie de
          
        
        
          
            son époux et exige l’exécution du fautif. Hagen, âme dam-
          
        
        
          
            née et vassal du roi, assassine Siegfried par traîtrise. Brun-
          
        
        
          
            hild se suicide. Poussée par le désir de vengeance, Kriemhild
          
        
        
          
            quitteWorms et épouse Etzel, le roi des Huns. Elle incite ce-
          
        
        
          
            lui-ci à inviter les Burgondes à sa cour et les fait massacrer
          
        
        
          
            dans un bain de sang qui entraîne la mort du fils qu’elle a
          
        
        
          
            donné à Etzel, de Gunther et de tous ses vassaux. Horrifié,
          
        
        
          
            le vieux Hildebrand la tue et Etzel pénètre dans les flam-
          
        
        
          
            mes de son palais en portant le cadavre de sa femme (ver-
          
        
        
          
            sion alternative : Kriemhild meurt sous l’émotion après la
          
        
        
          
            fin de Hagen, Etzel la pleure).
          
        
        
          Siegfried (P. Richter) contraint le nain Alberich à lui céder ses trésors, tableau fantastique créé par Fritz Lang pour ses
        
        
          
            Nibelungen
          
        
        
          (1924)
        
        
          La mort de Siegfried, image colorée d'époque (1924)