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qui laissera des traces jusque dans la juridiction anglaise
et américaine. Le film montre comment, à la suggestion de
Théodora et avec sa collaboration active, Justinien réunit les
quelque cinq mille ouvrages de la législation romaine pu-
bliés depuis Hadrien en un seul (entreprise fondamentale
effectivement menée à bien dans les années 528 à 534).
1912
Théodora
(FR) Henry Pouctal ; Louis Nalpas-Société
du Film d’Art, 1 bob. – av. Sahary-Djeli (Théodora
Augusta), Philippe Garnier, Mancini, Marcel Vibert,
Pierre Magnier. –
Formé en Italie, Louis Nalpas reprend
la production du Film d’Art (après un premier dépôt de
bilan en 1909) et poursuit sa politique initiale d’illustrer
des succès de la scène (ici le drame de Victorien Sardou
filmé dans les studios de Neuilly, cf. version de 1909) avec
des comédiens ayant fait leurs preuves sur les planches, une
voie conduisant à faire du cinéma un simple substitut du
théâtre le plus académique. La danseuse pseudo-orientale
Sahary-Djeli, notoire pour son interprétation de Salomé
au Casino de Paris, aux Variétés de Bruxelles et à l’Hip-
podrome de Londres, mais aussi pour la stupéfiante élasti-
cité de son corps, mime l’impératrice dépravée.
1922
Teodora (Théodora)
(IT) Leopoldo Carlucci [d’apr.
Victorien Sardou]; Arturo Ambrosio-Armando Zanotta-
Ambrosio Film, Torino, 2748 m. – 2492 m. / 109 min.
– av. Rita Jolivet (Théodora Augusta /Myrta), Ferruccio
Biancini (Andreas), René Maupré (Justinien I
er
), Emi-
lia Tosini (la mage Tamyris), Lara Valerio, Adolfo Trou-
chè (Marcellus), Lara Valerio. –
Troisième et plus ample
adaptation du drame de Victorien Sardou (cf. 1909) : afin
d’assouvir ses goûts de luxure, Théodora, courtisane à Chy-
pre, se fait épouser par Justinien et devient impératrice de
Byzance. Perverse et débauchée, cette «Messaline du Bos-
phore » issue de l’imagination de Sardou (et de Procope)
mène une double vie, rôdant de nuit dans les tavernes sous
l’identité de Myrta. Elle s’éprend du séduisant conspirateur
athénien Andreas, dont elle poignarde l’ami Marcellus lors
d’une tentative d’assassinat manquée de l’empereur au pa-
lais. Croulant sous les impôts, le peuple descend dans les
rues, la sédition Nika menace le trône. Dans l’hippodrome
de Byzance, à la tête de la foule déchaînée, Andreas dé-
masque la fausse Myrta et accuse l’impératrice aux mœurs
dissolues des pires turpitudes. Pour le faire taire, Théodora
ordonne de lâcher les lions sur la plèbe, et la soldatesque du
général Bélisaire achève le carnage. Andreas survit, mais
l’impératrice l’empoisonne par erreur avec un faux phil-
tre d’amour, en réalité un poison qu’une ensorceleuse desti-
nait à l’empereur. Ayant réalisé la duplicité de son épouse,
Justinien ordonne de l’étrangler, mais Théodora meurt de
chagrin sur le corps d’Andreas.
Grandiloquence du jeu et outrance des situations, mais
spectacle somptueux, conçu dans une débauche décorative
impressionnante, avec une figuration à faire pâlir les Amé-
ricains (de 10 à 25000 personnes selon la publicité d’épo-
que). Pour édifier la splendeur de Byzance, la société Am-
brosio a quitté Turin et acquis un terrain de 100000 m 
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à l’extérieur de Rome ; la partie centrale rectiligne de l’hip-
podrome, avec le podium impérial et les deux immenses ab-
sides latérales, mesure 200 mètres de long sur 46 de haut.
L’architecte fasciste Armando Brasini (l’Albert Speer de
Mussolini, également très apprécié au Vatican) construit
le palais de Justinien sur les terrasses du Pincio, en utili-
sant des pans de la villa Médicis ainsi que les jardins de
la villa Borghese. Au total, les dépenses de ce « film d’art à
grandiose mise en scène » (publicité Gaumont) atteignent
15 millions de lires. Relevons qu’en réalité, la vie privée
de l’authentique Théodora fut assez différente de ce que
Sardou suggère ici (cf. version de 1909) et qu’elle mourut
paisiblement dans son lit.
1953
Teodora, imperatrice di Bisanzio /Théodora, impé-
ratrice de Byzance
(IT / FR) Riccardo Freda ; Riccardo
Gualino-Lux Film Rome-Paris, 118 min. – av. Gianna
Maria Canale (Théodora Augusta), Georges Marchal
(Justinien I
er
), Henri Guisol (Jean de Cappadoce), Ne-
rio Bernardi (le général Bélisaire), Irene Papas (Saïdia,
sœur de Théodora), Renato Baldini (Arcas), Carletto
Sposito (Scarpios), Alessandro Fersen (le Métropolite).
A l’opposé du drame outrancier de Victorien Sardou, le
film de Freda propose une image positive, et sans doute plus
équilibrée, de l’impératrice. En 532, parcourant les rues
sous un déguisement, Justinien s’éprend de la belle danseuse
Théodora, qu’il retrouve à l’hippodrome lors de la course
des quadriges opposant les Verts (le peuple) aux Bleus (les
Le soulèvement Nika, qui met le trône impérial en danger, aboutit à un effroyable carnage (
Teodora
de Leopoldo Carlucci, 1922)
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