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 l’antiquité au cinéma
route pour Reno (où ils veulent divorcer) rêvent qu’ils sont
au Paradis où ils revivent les tentations du diable. Tourné
par le producteur de
Touch of Evil (La soif du mal)
d’Or-
son Welles, le film s’attire les foudres de la « Legion of De-
cency » catholique ; l’Universal retire toutes les copies et les
ressort après plusieurs réajustements et coupes une année
plus tard.
1960
The Creation of Woman
(IN/US) Charles F. Schwep ;
Ismael Merchant-Trident Film, 14 min. – av. Bhaskar
Roy Chowdhury, Anjali Devi, Dinu, Saeed Jaffrey (nar-
ration). –
Peu de temps avant de s’associer de manière
quasi permanente à James Ivory, Ismael Merchant pro-
duit ce court métrage en Technicolor reliant le mythe du
dieu-créateur Brahma et celui d’Adam et Eve. Adam de-
mande à Dieu-Brahma de lui donner une compagne et
ainsi naît Eve, dont Adam découvre bientôt qu’il ne peut
plus se passer ... Le grand chorégraphe Chowdhury exécute
la danse de Shiva qui conte l’origine de la Création (rouge
et or sur fond bleu). Tourné en un week-end dans un stu-
dio newyorkais pour 9000 $, le film est nominé aux Os-
cars et sélectionné pour le festival de Cannes.
1963
I patriarchi della Bibbia / I patriarchi (Les patriar-
ches de la Bible / Jacob : l’amour, la haine, la violence
[vd]) (IT) Marcello Baldi ; Padre Emilio Cordero-San
Paolo Film, 96 min. – av. John Douglas [=Giuseppe
Addobbati] (Adam), Judy Parker (Rachel), Fosco Gia-
chetti (Abraham), Luisa Della Noce (Léa), Bernard Fa-
ber, Aldo Silvani, Giorgio Ceroni. –
Illustration plate
mais littérale des premiers chapitres de l’AncienTestament,
d’Adam et Eve à Caïn et Abel, Noé et l’Arche du Déluge,
Abraham, Isaac et ses deux fils Esaü et Jacob. Jacob usurpe
le droit d’aînesse, mais se réfugie pendant sept ans auprès de
son oncle Laban et obtient les deux filles de ce dernier, Lia
et Rachel. Père de douze enfants et propriétaire d’immen-
ses troupeaux, Jacob craint de devoir combattre son frère
Esaü qui marche sur lui avec 400 hommes. Mais les deux
frères se réconcilient. Jacob parvient à la terre de Canaan
et y dresse un autel au «Dieu Puissant d’Israël ». Commen-
taire chrétien à la fin : dans son tombeau de Bethléem, Ra-
chel attend qu’une vierge mette au monde, sans douleur, le
Messie... – Baldi, qui a travaillé huit ans au Centre Catho-
lique du Cinéma à Rome, chargé des actualités au Vatican
et à Castel Gandolfo, auteur virulent de propagande anti-
communiste, est initialement commandité par San Paolo
Film (branche cinématographique du Vatican dirigée par
D. Emilio Cordero) pour réaliser en Sardaigne et à Cine-
città huit films bibliques de 2h30 chacun, soit un total de
20 heures de projection (avec des interprètes peu connus).
Seulement quatre verront le jour entre 1963 et 1965 : ce-
lui-ci, suivi de
Giacobbe, l’uomo che lottó con Dio
, de
Saul e David
et de
I grandi condottieri (Sansone e Ge-
deon)
, les deux derniers avec le soutien officiel de la filiale
espagnole San Pablo Film. Celui-ci a une distribution li-
mitée, Dino De Laurentiis l’ayant racheté pour l’empêcher
de concurrencer sa propre production,
The Bible
de Hus-
ton (cf. infra). US :
Patriarchs of the Bible
.
1966
The Bible ... in the Beginning / La Bibbia ... in prin-
cipio (La Bible ... au commencement des temps)
(US / IT) John Huston [et Alessandro Blasetti, Renato
Castellani, Ernst Haas] ; Dino De Laurentiis-20th Cen-
tury-Fox, 177min. – av. Michael Parks (Adam), Ulla Ber-
gryd (Eve), Franco Nero (Abel), Richard Harris (Caïn),
John Huston (Noé), George C. Scott (Abraham), Ga-
briele Ferzetti (Loth), Stephen Boyd (Nemrod, roi de
Babylone), Ava Gardner (Sarah), Peter O’Toole (l’Ange),
Zoe Sallis (Agar), Eleonora Rossi Drago (l’épouse de
Loth), Pupella Maggio (femme de Noé), Adriana Am-
besi et Grazia Maria Spina (filles de Loth), Roberto
Rietti (Eléazar), Luciano Convesi (Ismaël), Peter Heinze
(Cham), Gabriella Pallotta (sa femme), Angelo Boscha-
riol (Sem), Anna Maria Orso (sa femme), Eric Leutzin-
ger (Japhet), Rosanna de Rocco (sa femme), Alberto
Lucantoni (Isaac), Claudie Lange (la reine, femme de
Nemrod). –
La Genèse, ou le passage du mythe à l’His-
toire : la Création, Adam et Eve, Caïn et Abel, Noé et le
Déluge, Nemrod à Babel (Babylone), Lot à Sodome, Abra-
ham et Sarah, le sacrifice interrompu d’Isaac.
A l’origine de cette peu modeste entreprise du nabab Dino
De Laurentiis, un mégaprojet aux proportions carrément
délirantes : en 1961, la société annonce dix heures de spec-
tacle en trois séances (l’Ancien et le Nouveau Testament
confondus) ; à l’étape suivante, la fresque doit être réali-
sée par les plus grands cinéastes du moment : Robert Bres-
son (le jardin d’Eden), Orson Welles (Abraham, Jacob,
Esaü), Luchino Visconti (Joseph et ses frères) et Federico
Fellini (Noé), sous la coordination de John Huston, avec
un épisode de trois heures et demie chacun ! Faute de trou-
ver des coproducteurs assez fous pour s’y risquer, De Lau-
rentiis confie le film au seul Huston (l’épisode introductif
de la Création, suite d’images bucoliques, est tourné par le
photographe Ernst Haas). Huston, agnostique confirmé et
peu accoutumé aux superproductions en costumes, se dit
intéressé au sujet en tant que mythe universel et support
de légendes multiples (la « première histoire d’amour », le
« premier policier à suspense », le « premier récit d’une foi »,
etc.). D’entente avec le poète-scénariste Christopher Fry, il
décide de traiter la matière comme une légende au sens no-
ble du mot. Pour visualiser les passages clés de son récit, le
cinéaste fait appel à plusieurs artistes de renom comme le
sculpteur Giacomo Manzu (Adam et Eve en argile) ou les
peintres Corrado Cagli (jardin d’Eden, Babel), Mirko (le
labyrinthe de Sodome), Giulio Turcato, etc.
Le tournage, presque entièrement en extérieurs, est dispersé
entre les terrains du studio Dinocittà vers Pomezia, à l’ex-
térieur de Rome (l’arche de Noé, la base de la tour de Ba-
bel), la montagne d’Itri et le Vésuve (meurtre de Caïn), les
flancs de l’Etna en Sicile (Sodome), un jardin zoologique
à Rome (l’Eden, avec des animaux drogués), les Abruzzes
(Abraham et les Anges), la Sardaigne (sacrifice d’Isaac)
et l’Egypte (le sommet de la tour de Babel). Le vétéran
Le jardin du Paradis selon John Huston (
The Bible
, 1966)
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