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 l’antiquité au cinéma
les récits d’Abraham, de Salomon et de Job). Quant au cinéma israélien, quelques coproductions mises à part,
il n’a guère eu les moyens d’aborder son histoire ancienne, à une seule exception près : en 1985, le trouble-fête
Amos Gitaï livre sa propre version d’
Esther
à la cour du roi de Perse, une œuvre originale qui se démarque non
seulement de l’esthétique du cinéma biblique courant, mais aussi de l’idéologie sioniste : sauvés par le souverain
perse Xerxès-Assuérus, les Juifs persécutés se transforment à leur tour en persécuteurs impitoyables ! L’intelli-
gentsia juive, caustique, autocritique et dans tous les cas intrinsèquement plus proche des mythes fondateurs
comme des réalités du terrain, semble avoir délibérément laissé l’imagerie pieuse et ses extravagances aux mains
des alliés objectifs d’outre-Atlantique. Ainsi,
One Night with the King
(2006), qui traite du même sujet, donne
libre cours à l’iranophobie des républicains à Washington et du Likoud de Benjamin Natanyahou.
1
Cf. Claire Lalouette,
L’empire de Ramsès
, éd. Flammarion, Paris 1995, pp. 254-55 ; le catalogue
Pharaons
de l’exposition homonyme, éd. Flammarion,
Institut du Monde Arabe, Paris 2004, p. 29 et pp. 34-35; ou l’article « Esclavage (Egypte) » de Bernadette Menu, in :
Dictionnaire de l’Antiquité
  (dir.
Jean Leclant), éd. Presses Universitaires de France, Paris 2005, p. 1307.
2
Cf. Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman,
La Bible dévoilée. Les nouvelles révélations de l’archéologie
, éd. Bayard, Paris 2002, et
Les rois sacrés de la
Bible. A la recherche de David et Salomon
, éd. Bayard, Paris 2006.
3
Bruce Babington et Peter William Evans,
Biblical Epics. Sacred Narrative in the Hollywood Cinema
, Manchester University Press, Manchester & New
York 1993, p. 35 – cf. aussi Sumiko Higashi,
Cecil B. DeMille and American Culture
, University of California Press, Berkeley 1994.
4
Cf. Patricia Erens, « 1947-1976 : le rôle du “Motion Picture Project ” à Hollywood », in :
CinémAction
nº 37 («Cinéma et judéité »), éd. Cerf, Paris
1986, pp. 102-111.
5
Cf. Michel Eloy, « Le peuple de la Bible dans le cinéma américain », in :
La Bible au cinéma
(éd. par Claude Aziza, Laurent Aknin, Claire Aziza), cata-
logue du 1
er
Festival du Film Biblique au Centre Rachi, Paris 17 avril-1
er
mai 1988, pp. 17-18.
6
Alexis de Tocqueville,
De la Démocratie en Amérique
, t. 1, GF-Flammarion, Paris 1981, p. 101.
7
Raymond Durgnat, Scott Simmon,
King Vidor, American
, University of California Press, Berkeley-Los Angeles-London 1988, p. 310.
L’intérieur du temple de Salomon tel qu’imaginé par Hollywood (
Solomon and Sheba
de King Vidor, 1959)
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