6b – la rome impériale 
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commenté par Dirk Bogarde, réunit les rushes de ce film-
fragment, révélant un bout à bout de quelques séquences
proprement éblouissantes. L’arrivée de la famille impériale
permet d’apprécier la splendeur de décors gigantesques (dans
un velouté sternbergien), la cruauté des foules, la déprava-
tion de la cour impériale, la subtilité de l’analyse psycholo-
gique (l’auteur dramatique Emlyn Williams en Caligula
blasé et bisexuel est terrifiant). La plus longue séquence,
celle de Claude-Laughton claudiquant et bégayant, appre-
nant que Caligula est désormais empereur et qu’il est aux
arrêts, contraste avec celle qui se situe après l’assassinat de
Caligula, lorsque le Sénat place le nabot que tout le monde
croyait « retardé » sur le trône. « Par quels moyens une nul-
lité peut devenir un dieu pour retomber dans le néant »,
voilà ce qui attirait Sternberg, et Laughton devait s’y ins-
crire. Dans son discours de presque six minutes au Sénat,
Claude annonce qu’il s’entourera désormais d’hommes « qui
aiment plus Rome que leur propre bourse », et avec son élo-
quence insoupçonnée, le pantin adipeux de Laughton ac-
quiert une présence dramatique et une réelle grandeur. Tout
laisse croire qu’achevé, ce film eût été un chef-d’œuvre du
calibre de
The Scarlet Empress (L’impératrice rouge)
.
Le
best-seller de Robert Graves (
I Claudius : from the Auto-
biography of Tiberius Claudius, Emperor of the Ro-
mans
, Londres 1934) ne sera transposé à l’écran qu’en 1976
avec la fameuse série télévisée de la BBC (cf. infra).
1951
Messalina /Messaline /Mesalina
(IT / FR / ES) Car-
mine Gallone ; Filmsonor-Gallone, 116 min. – av. Ma-
ria Félix (Messaline), Memo Benassi (Claude), Georges
Marchal (Caïus Silius), Ave Ninchi (Locuste), Jean Tis-
sier (Mnester), Delia Scala (Cinzia), Erno Crisa (Timus),
Carlo Ninchi (Taurus), Jean Chevrier (Valerius Asiati-
cus), Germaine Kerjean (Ismène), Camillo Pilotto (Oc-
tave), Michel Vitold (Narcisse), Cesare Barbetti (Lucio).
Messaline la dissolue dévore les hommes qu’elle fait en-
suite disparaître, mais perd la tête pour un jeune patri-
cien, Caïus Silius. Conspirateur acquis aux idées républi-
caines, celui-ci a reçu mission de son ami Valère l’Asiatique
de se servir de Messaline pour renverser l’empire. L’impé-
ratrice ordonne le suicide de Valère qui s’ouvre les veines,
puis fait empoisonner l’adolescent Lucio, l’amant trop lo-
quace d’une nuit, fils adoptif du courtisan Mnester. Ce
dernier jure de la perdre. Afin de détourner la menace di-
vine d’un oracle (une mise en scène de Mnester), Claude
ordonne à Messaline d’épouser secrètement son amant et
se retire à Ostie. Mais à l’instigation de Mnester, l’impéra-
trice brave son mari en s’exhibant avec Caïus lors des Jeux,
puis en l’épousant publiquement pour le placer sur le trône.
Merle Oberon joue la jeune Messaline, contrainte d'épouser Claude
sur ordre de Caligula (
I, Claudius
de Josef von Sternberg, 1937)
Caligula (Emlyn Williams) humilie Claude (Charles Laughton, dr.)
dans la fresque inachevée
I, Claudius
de Josef von Sternberg (1937)
«
Clau-Clau-Claudius
»
, l'empereur claudiquant et bègue qui fut la
risée de Rome (Charles Laughton, magistral dans
I, Claudius
, 1937)
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