6b – la rome impériale 
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1959
Messalina, venere imperatrice (Messaline)
(IT) Vit-
torio Cottafavi ; Erno Bistolfi Film, 93 min. – av. Be-
linda Lee (Messaline), Spyros Fokas (Lucius Maximus),
Mino Doro (Claude), Arturo Dominici (Caius Silius),
Giancarlo Sbragia (Aulus Celsus), Giulio Donnini (Nar-
cisse), Ida Galli (Silvia), Carlo Giustini (Lucius Geta),
Marcello Giorda (Nicodème), Giuliano Gemma (Mar-
cellus). –
Quoique éprise du centurion Lucius Maximus,
Valeria, une belle vestale sans scrupules, séduit l’empereur
Claude et devient son épouse sous le nom de Messaline. Le
centurion est éloigné au front en Bretagne. A son retour, il
devient l’amant de Messaline, découvre en elle un mons-
tre entaché de sang (elle tue ses amants devenus inutiles
ou les pousse au suicide) et rejoint les légions de Claude
pour mettre fin au chaos. Après le bain de sang final, il se
console avec Silvia, une jeune chrétienne, et s’exile en As-
syrie. – La Messaline de Cottafavi, sous les traits vampiri-
ques du « sex symbol » britannique Belinda Lee, tourne le
dos à la légende (peu de luxure, pas de loge de prostituée
dans Suburre) et tait le fait que Valeria Messalina était
déjà l’épouse de Claude trois ans avant qu’il n’accède au
trône. Le scénario prend d’autres libertés avec la chroni-
que : ainsi, la garde de l’impératrice maltraite la popula-
tion et incendie des villages, puis s’attaque aux hommes de
Claude pour l’assassiner. En attendant la nouvelle de la
mort de son impérial époux, Messaline organise une fête
orgiaque avec Caius Silius, en prévision de son couronne-
ment. Mais les prétoriens de Claude, qui ont remporté la
victoire sur le champ de bataille, passent tout le palais au
fil de l’épée. Messaline assiste imperturbable à la bouche-
rie générale, puis se fait poignarder par Narcisse, l’eunu-
que affranchi devenu ministre de Claude (« le tyran tue le
tyran », constate-t-il avec cynisme).
L’authentique Messaline, même celle de la légende, est très
éloignée de ce portrait. Le cinéaste brosse le destin d’une
politicienne intrigante qui se déroule tout entier entre les
rangs des prétoriens, de l’assassinat de Caligula, au début,
à sa propre mort, dans une suite de compositions élégantes
en Technirama et souvent stylisées, où l’apport plastique
de la couleur, avec ses effets chromatiques très recherchés,
est capital. Fidèle aux mécanismes de la tragédie classi-
que, Cottafavi applique un dépouillement racinien pour
décrire la carrière d’une femme que l’ambition maladive
pousse systématiquement au crime et entraîne peu à peu à
sa perte en lui faisant abandonner le seul amour peut-être
sincère (Lucius) qu’elle ait jamais éprouvé. Une femme à
la fois fatale et sentimentale, séduisant malgré elle et inca-
pable de faire égorger celui qui provoquera sa chute. «Tout
est calcul chez elle : un cas pathologique, une femme sans
humanité, marginale, foncièrement incapable d’aimer ou
de haïr, mais faisant les deux à la fois », selon le cinéaste,
qui soigne en particulier les détails de la vie quotidienne
du petit peuple (les histrions récitant le
Miles gloriosus
).
Sur le plan strictement cinématographique, c’est le meilleur
film consacré à Messaline, tourné à Cinecittà et en exté-
rieurs à Manzania, Monte Gelato (Valle del Treja), Torre
San Lorenzo et Fogliano. Le rôle-titre était initialement
prévu pour Sylvia Lopez, décédée en novembre 1959 d’une
leucémie.
1963 (tv)
Claude de Lyon
(FR) René Lucot (1
re
Ch. ORTF
15.10.63), 80 min. – av. Julien Bertheau (Claude),
Raymond Danjou (Calliste), Jacqueline Jehanneuf
L'impératrice intimide ses ennemis en faisant décapiter un jeune patricien (Belinda Lee dans
Messalina
de Vittorio Cottafavi, 1959)
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