478
 l'antiquité au cinéma
1981 (tv)
Cymbeline
(BE) Jan Decorte ; Koninlijk Conser-
vatory ; Radio-Television Belge.
1982 (tv)
Cymbeline
(GB /US) Elisha Moshinsky ; «The
Shakespeare Plays », Shaun Sutton-Berkeley Shakes-
peare Festival-BBCtv-Time Life (PBS 20.12.82 / BBC
10.7.83), 175 / 183 min. – av. Richard Johnson (Cym-
beline, roi de Bretagne), HelenMirren (Imogène), Claire
Bloom (la reine, épouse de Cymbeline), Paul Jesson
(Cloten), Michael Pennington (Posthumus Leonatus),
Marius Goring (Sicilius Leonatus), Michael Gough (Be-
NÉRON LE MAUDIT
54 / 68
Lucius Domitius Claudius Nero Ahenobarbus, né en 37, fils d’Agrippine et de Lucius Domitius Germa-
nicus, est adopté par Claude, puis éduqué par Sénèque et Burrhus. Il a trois épouses : Octavie (fille de
Claude) qu’il fait exiler et condamner à mort ; Messaline Statilia ; sa concubine POPPÉE SABINE (femme
de Marcus Othon), qui meurt suite à une fausse couche. En 59, quatre ans après le décès de son demi-frère
par adoption Britannicus (fils de Claude), Néron fait assassiner sa propre mère Agrippine. En juillet 64,
un incendie détruit dix des quatorze districts de la capitale et les chrétiens, accusés par la populace d’avoir
bouté le feu à Rome, sont suppliciés dans l’arène. En 68, l’insurrection militaire de Clodius Macer en Afri-
que prive Rome de blé et la population affamée se détourne de l’empereur jadis adulé. Quoique protégé
par Ophonius Tigellinus, préfet de la garde prétorienne, il est détrôné par les légions de Galba. Le Sénat le
dépose et le condamne à mort. Néron se suicide à l’âge de 30 ans. La dynastie des Julio-Claudiens s’éteint
après 95 ans de règne.
larius), Geoffrey Burridge (Guiderius), GrahamCowden
(le général romain Caius Lucius), Marius Goring (Sici-
lius Leonatus), Hugh Thomas (Cornelius), John Kane
(Pisanio), Robert Lindsay (Iachimo), Geoffrey Lumsden
(Philario), Patsy Smart (Helen), David Creedon (Ar-
viragus), Michael Hordern (Jupiter), Allan Hendrick,
Aimée Delamain, Nigel Robson, Terence McGinity.
Le metteur en scène Moshinsky s’inspire de la peinture
flamande pour donner vie à cette tragi-comédie dominée
par deux grandes vedettes, Claire Bloom et Helen Mirren.
P
auvre Néron ! Que de crimes n’a-t-on commis en son nom. Le dernier et le plus décrié des Julio-Claudiens
est, accessoirement, aussi le tout premier personnage historique abordé par le cinéma. En 1896, une année
après l’invention du cinématographe, les frères Louis et Auguste Lumière le font apparaître pendant 52 secon-
des dans
Néron essayant des poisons sur des esclaves
. Un titre éloquent : empoisonneur, matricide, incendiaire,
débauché, Néron représente à lui seul l’Empire sous son aspect le plus négatif, que ce soit à l’écran, sur scène ou
dans les écrits. L’arbitraire du dictateur, l’image du pouvoir absolu qui corrompt absolument. Avec lui, Rome
devient le symbole de la tyrannie impérialiste, marquée par un culte idolâtre de la personnalité.
La vérité, pourtant, n’est pas aussi simple. Afin de mesurer l’abîme qui sépare le Néron historique de l’image
déplorable véhiculée par les siècles, il convient de se remémorer, comme chez Tibère et Caligula, l’origine des
sources rapportant ses crimes : elles appartiennent toutes à la vieille aristocratie sénatoriale. Or le gouvernement
de Néron était favorable au peuple et s’appuyait sur la faction populaire. Après sa mort, la politique officielle de
damnatio memoriae
a veillé à ce que rien de positif le concernant ne survive dans les écrits.
Aucun témoignage contemporain ne subsiste. Le bilan du règne de Néron établi par Tacite dans les
Annales
a été rédigé deux générations après les événements et en brosse un portrait encore nuancé, en alignant qualités,
méfaits et médisances. Mais au II
e
siècle, les on-dit et vagues suggestions de Tacite se transforment en faits chez
Suétone, secrétaire d’Hadrien et auteur d’une
Vie de Néron
qui se vautre dans un luxe de détails obscènes. Tout
ce qui pouvait constituer des circonstances atténuantes est passé sous silence. Au III
e
siècle, l’historien grec Dion
Cassius, haut fonctionnaire de l’ordre sénatorial, deux fois consul, en rajoute dans la monstruosité avec son
Histoire romaine
(son texte sur Néron nous est parvenu sous forme de résumé fabriqué par des moines byzantins
au XI
e
siècle – c’est dire l’objectivité). Par la suite, les Pères de l’Eglise transforment carrément Néron en Bête de
l’Apocalypse, Antéchrist en chair et en os, honneur sans doute excessif. Devenu « l’épouvantail de la conscience
chrétienne » (Ernest Renan), au Moyen Age le tyran est chargé des atrocités les plus extravagantes et
Le Roman
de la Rose
, au XIII
e
siècle, le cite comme le plus grand scélérat après Judas. Les arts du spectacle s’emparent du
potentat : au théâtre dans
Rome embrasée et les cruautés de Néron
de Lope de Vega (1625),
Britannicus
de Jean
s
6b.6
I...,468,469,470,471,472,473,474,475,476,477 479,480,481,482,483,484,485,486,487,488,...674