6b – la rome impériale 
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1896
Néron essayant des poisons sur des esclaves
(FR)
Georges Hatot ; Etablissements Frères Lumière, Lyon,
cat. no 747, 15 m. / 52 sec. –
Le tout premier sujet anti-
que de l’histoire du cinéma est une «Vue historique recons-
tituée » de moins d’une minute qui développe le principe
des « tableaux vivants » et trouve d’emblée en Néron l’an-
tithèse idéale du Christ. Selon le catalogue Lumière : «Né-
ron fait amener devant son trône des esclaves auxquels on
fait avaler des poisons ; l’empereur éprouve un plaisir cruel
à constater les souffrances des malheureux qui expirent à
ses pieds. » Imaginée et photographiée par Alexandre Pro-
mio devant un décor à la romaine de Marcel Jambon (toile
peinte), cette « vue » est projetée en septembre 1897.
1904
Sign of the Cross
(GB) William Haggar ; Haggar &
Sons, 226 m. – av. Will Haggar Jr. (Marcus Superbus),
Jenny Linden (Mercia), James Haggar (Néron), Will
Desmond, Kate Sylvester. –
Première des trois versions
du drame deWilson Barrett, tournée à Cardiff par le pion-
nier gallois Haggar (synopsis cf. infra version de 1914).
1905
Martyrs chrétiens
– 1
er
tableau :
Les martyrs
(FR) Lu-
cien Nonguet ; Pathé no 1128, 135 m. –
De leur loge
dans le cirque, Néron et Poppée assistent aux combats de
gladiateurs, puis un chrétien est lié à une croix et des lions
le dévorent. (Les tableaux 2 et 3 concernent Daniel dans
la fosse aux lions et le festin de Balthazar, cf. Mésopotamie
4.1.)
1907
Kejser Nero paa Krigsstien [L’empereur Néron sur
le sentier de guerre]
(DK) Viggo Larsen ; Nordisk,
280 ft. –
Burlesque parodique.
1907 / 08  
Néron et Locuste : un esclave empoisonné (an
65 de notre ère)
– tableau no 3 de
La civilisation
à travers les âges
(FR) Georges Méliès ; Star Film
n
os
1050-1065, 320 m. –
Néron et Locuste font empoi-
sonner un esclave devant eux pour se repaître de ses souf-
frances et étudier les effets du venin sur l’organisme humain
(en vue de tuer Britannicus). Inspiré du tableau de Joseph-
Noël Sylvestre, primé au Salon de Paris en 1876.
1907 / 08  
Les catacombes de Rome : persécution des chré-
tiens (an 200 de notre ère)
– tableau no 4 de
La civi-
lisation à travers les âges
(FR) Georges Méliès ; Star
Film n
os
1050-1065, 320 m. –
Une cohorte romaine en-
vahit les catacombes et conduit les chrétiens au Colisée où
ils sont livrés aux fauves. Cf. film précédent.
1908 [?]
Britannicus
(FR) André Calmettes [d’apr. Jean Ra-
cine] ; Le Film d’Art-Pathé. – av. Mounet-Sully, Made-
leine Roch.
1908
Nero and the Burning of Rome
(US) Edwin S. Por-
ter ; Edison Mfg. Co., 310 m. –
Le palais de Néron re-
constitué dans la verrière Edison au sommet de 41 East
21st Street, à New York.
1909
The Way of the Cross /The Story of Ancient Rome
(US) J. Stuart Blackton ; Vitagraph Co. of America,
302 m. – av. Rose Tapley, Maurice Costello, William
Humphrey. –
La persécution des chrétiens sous Néron.
1909
Nerone /Nerone o L’incendio di Roma
(Néron)
(IT)
Luigi Maggi et Arturo Ambrosio ; S.A. Ambrosio («Série
d’or »), Torino, 338 m. / 16 min. – av. Lydia De Roberti
(Poppée Sabine), Alberto A. Capozzi (Néron), Luigi
Maggi (Epafrodite), Mirra Principi, Umberto Mozzato,
Mary Cleo Tarlarini. –
Frappé par la beauté de Poppée,
Néron répudie Octavie et installe sa concubine au palais
où celle-ci pousse l’impératrice au suicide. Outrée, la popu-
lation descend dans la rue et Néron fait incendier la ville
pour mater les insurgés. Le Sénat le condamne à mort, il
doit fuir et son conseiller Epafrodite l’aide à se tuer. – Pre-
mière grande production de l’Ambrosio, primée au Concorso
cinematografico de Milan en 1909, tirée à 342 copies et
vendue internationalement. Le film est tiré de la tragédie
de Pietro Cossa (1871), qui ne voit pas en Néron l’Anté-
christ, mais le matricide et l’assassin de Poppée. Peu avant
son suicide, le tyran déchu est tourmenté par sa mauvaise
conscience, un plan évoque le martyre des chrétiens et Rome
en flammes (teinté en rouge). Tournage dans les nouveaux
studios Ambrosio de Borgo Dora, à Turin. US :
Nero, or
the Fall of Rome
.
1910
Tontolini Nerone
(IT) Cines, Roma, 231 m. – av. Fer-
dinand Guillaume, Bruto Castellani. –
Burlesque paro-
dique qui se moque du film de Maggi-Ambrosio (1909).
1911
Agrippina
(IT) Enrico Guazzoni ; Cines, Roma, 380
m. – av. Maria Gasparini (Agrippine), Amleto Novelli
(Britannicus), Mme Sturla (Locuste, l’empoisonneuse),
Giovanni Dolfini. –
Seconde épouse de Claude et mère
de Néron, Agrippine impose au Sénat, à la mort de son
mari, d’élire Néron à la place de Britannicus, le fils aîné
du défunt. Mais elle ne peut soustraire Néron à l’influence
néfaste de Poppée. Son fils empoisonne Britannicus et fait
assassiner sa mère en fuite par le tribun Anicetus. – Pre-
mière superproduction de Guazzoni, qui réussit à mobi-
liser quelque deux mille figurants devant sa caméra pour
animer des décors en plein air. Utilisation innovatrice du
panoramique (arrivée de Néron au Sénat) et du hors-champ
qui contribue à créer le suspense (l’esclave agonisant sous
week-ends de Néron
de Steno (1956), Alberto Sordi, satrape plutôt embourgeoisé et nigaud, se débarrasse de
sa mère tyrannique sous les applaudissements du public. Seuls quatre téléfims récents, la fiction
Nero. The De-
cline of the Empire
(2004) de Paul Marcus et les docu-fictions
Nero – Legende eines Monsters
(1997),
Brûlez
Rome !
(2005) et
Nero (Ancient Rome)
(2006) innocentent sans ambages l’empereur dans l’affaire de l’incendie
et cherchent à modérer sa légende noire. Il était temps.
1
Cf. Anthony A. Barrett,
Agrippina : Mother of Nero
, Routledge, New York 1996, p. 171 ss.
2
Cf. Catharine Edwards,
The Politics of Immorality in Ancient Rome
, Cambridge University Press, Cambridge et New York, 1933.
3
Simon Claude Mimouni, Pierre Maraval,
Le christianisme des origines à Constantin
, Nouvelle Clio, Ed. PUF, Paris 2006, p. 220.
4
Bertrand Borie, in :
Histoire antique
n
o
35, janv.-fév. 2008, p. 28 (numéro spécial «Néron, étrange et excentrique »).
5
Richard Holland, Nero.
The Man Behind the Myth
, Sutton Publishing, Phoenix Mill, 2006, p. 179 ss, et Gerard Walter, Nero, George Allen & Unwin,
London 1957, pp. 159-174 (trad. de Néron, Hachette, Paris 1955) ; cf. aussi le roman de Pierre Grimal,
Le procès Néron
, Edition de Fallois, Paris
1995, et Claude Aziza,
Néron – Le mal aimé de l’Histoire
, Découvertes /Gallimard, Paris 2006.
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