6b – la rome impériale 
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Racine (1669),
Octavie
de Vittorio Alfieri (1784) ; à l’opéra dans
Le couronnement de Poppée
de Claudio Mon-
teverdi (1643),
Agrippine
de Haendel (1709) et les
Néron
d’Anton Rubinstein (1879), Arrigo Boïto (1924) et
Pietro Mascagni (1935). Même le cirque américain s’y met lorsque P. T. Barnum, dans le cadre de son «Greatest
Show on Earth », met en scène le superspectacle pyrotechnique
Nero or the Destruction of Rome
(1899). Dans
la catégorie des romans historiques, on retiendra l’
Acté
(1839) d’Alexandre Dumas, et surtout, en 1895,
Quo
Vadis ?
, le best-seller international du Polonais Henryk Sienkiewicz (cf. plus bas) dont Néron, plus caricatural
que jamais, est la vedette à la fois abhorrée et fascinante. Quant au cinéma, il fera office de caisse de résonance.
Cette « icône satanique » (M. Eloy), l’historiographie tente de la relativiser depuis une centaine d’années, mais
elle est peu suivie en cela par l’imaginaire collectif – qui persiste à broder sur le vieux cliché.
Une vocation sacrifiée au trône
Le drame de Néron est que, adolescent de 17 ans, il fut contraint par sa mère Agrippine à une existence qu’il
refusait et pour laquelle il n’était pas fait. Esthète égaré sur le trône et n’ayant aucune ambition politique (son
entourage en avait pour lui), il passe des heures à chanter accompagné par un citharède, tout en développant
une passion jugée inconvenante pour la philosophie, le théâtre, les chevaux et l’athlétisme. Les jeux de gla-
diature lui font horreur, il interdit les mises à mort, même celle des criminels. Ce n’est ni un guerrier ni un
conquérant (sa paix avec les Parthes, l’ennemi de toujours, durera un demi-siècle) et il est peu apprécié par les
militaires qui le trouvent trop « pacifiste ». Il n’a jamais dirigé une armée, ni daigné visiter les légions stationnées
aux frontières de l’Empire. Les Romains lui doivent une décennie de paix et de justice, avant que trois crises
majeures ne viennent ébranler son règne : le soulèvement de la reine Boadicée en (Grande-)Bretagne, l’incendie
catastrophique de Rome et un déséquilibre des finances publiques sans précédent (il faudra plus de dix ans pour
le surmonter).
Notons qu’aucune source antique n’affirme que Néron manquait de talent artistique, au contraire : il sé-
duit par le charme de ses vers et maîtrise la cithare en professionnel (une activité d’esclave). Pour Tacite, c’est
un « pollueur » : en ouvrant la jeunesse romaine à la diversité culturelle, il met en péril les fondements mêmes
«
Mais, les chrétiens chantent !
»
s'indigne Néron dans
Quo Vadis
(1951), narcisse criminel et cabotin interprété avec brio par Peter Ustinov
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