5b – la grèce : le cycle de troie 
201
Aomawa Baker (Andromaque), Shelley Delayne (Hélène
de Troie), Pab Schwendimann (Ménélas), Kevin Rodri-
guez (Astyanax), RichardTatum, Tracy Eliott, Holly An-
derson. –
La tragédie d’Euripide filmée à Los Angeles.
2006 (vd)
The Women of  Troy
(GB) Phil Hawkins ; Philm
Pictures-Contemporary Arts Media, 88 min. – av. Mairi
Hayes (Hécube), Wunmi Mosaku (Hélène de Troie),
David Onokpono (Ménélas), Clare Rawsterne (Cas-
sandre), Jessica Saunders (Andromaque), Sorrel War-
LES ERRANCES D’uLYSSE (ODYSSEUS)
Ulysse, roi d’Ithaque, fils de Laërte et d’Anticlée, est l’un des chefs achéens lors de la guerre de Troie, conflit
auquel il met un terme grâce à sa ruse légendaire (le stratagème du cheval de bois qui permet aux Achéens
de s’introduire dans la cité). Protégé par Athéna mais persécuté par Poséidon, Ulysse est condamné par les
dieux à errer sur les mers pendant dix ans, tandis que son épouse Pénélope, harassée par les prétendants, et
leur fils Télémaque l’attendent. Durant sa longue errance, il affronte le cyclope Polyphème, la magicienne
Circé, la nymphe Calypso, les sirènes, les monstres marins Charybde et Scylla, etc. Après un dernier naufrage
en Phéacie chez Nausicaa, il retourne incognito dans son royaume et tue les prétendants qui se sont installés
dans son palais, Antinoüs en tête (
L’Odyssée /Odysseia
, épopée d’Homère en 24 chants, env. 700 av. JC).
nes-York (Poséidon), Franca Overare (Athéna), Jonathan
Furlong (Talthybius). –
Prix de la meilleure réalisation
au New York Independent Film & Video Festival 2006.
2008
Cassandra
(MX/US) Mauricio Chemovetzky; Like Fire
Productions, 27 min. – av. Nelly Bablumian (Cassan-
dre), Chaz Chilcote (Talthybios), Araceli Guzman-Rico
(Hécube), Doug Purcell (Agamemnon). -
Réinterpré-
tation poétique des
Troyennes
d’Euripide, filmée à Baja
California, au Mexique.
C
omme la belle Hélène, Ulysse n’a pas qu’un seul visage. Marqué par les traumatismes de la guerre, l’impé-
nitent navigateur est un personnage complexe et moderne, ambivalent sinon ambigu, astucieux, respon-
sable de la mort de tous ses compagnons d’aventure, sans mesure dans son arrogance intellectuelle envers les
dieux (arrogance qui provoque la colère de Poséidon et empêche un retour rapide à Ithaque). Une fois Troie en
cendres, le goût du sang encore dans la bouche, saisi par la tentation du crime, de l’excès, de l’hybris, Ulysse
se transforme même passagèrement en pirate : en Thrace, première étape de son retour, il fond sur la ville des
Kikones où ses soudards enlèvent les femmes, pillent et égorgent. Ce n’est qu’après avoir perdu tous ses amis,
naufragé, malheureux, nu, réduit à la mendicité en Phéacie, qu’il est autorisé à rentrer chez lui, où il doit re-
conquérir son trône, après avoir enfin compris que sans les dieux, l’homme n’est rien ... Cette odyssée parsemée
d’épreuves et de dépouillements successifs jusqu’à la perte ultime de l’identité possède en fait toutes les caracté-
ristiques d’un itinéraire initiatique, et il se pourrait bien que le voyage intérieur prime ici sur le tracé du naviga-
teur dont certains archéologues cherchent aujourd’hui laborieusement à deviner les contours géographiques. A
cette dimension spirituelle s’ajoutent des considérations éthiques. La guerre héroïque a ses règles, son code, et
la ruse y est mal vue. Dans l’
Iliade
, qui chante la colère d’Achille et moult combats glorieux, Homère n’a pas un
seul mot pour évoquer le cheval de Troie, stratagème indigne d’un guerrier. Il laisse son auteur s’en vanter dans
l’
Odyssée
. Le
Cycle épique grec
(VIII
e
-VII
e
s. av. JC) multiplie et affine les ruses d’Ulysse, lui attribuant aussi di-
verses actions condamnables. Selon la
Télégonie
  d’Eugamon de Cyrène et d’autres sources épiques, Ulysse aurait
eu quatre fils illégitimes de Circé et deux de Calypso. Sophocle ménage Ulysse dans son
Ajax
(env. –424), puis
le fait apparaître abominable dans
Philoctète
(–409), comme Euripide dans
Hécube
(–424) et
Le Cyclope
(env.
–413). Platon fait d’Ulysse le type même du menteur (
Hippias mineur
), tandis que Pindare (V 
e
s.) oppose la va-
leur d’Ajax à « l’astuce perfide » d’Ulysse (
Epinicies
). Virgile et Dante lui rendront visite en enfer, dans le XXVI 
e
cercle réservé aux fraudeurs (
La Divine Comédie
). Dissimulateur machiavélique chez Shakespeare (
Troïlus et
Cressida
), Ulysse devient un personnage plus positif au fur et à mesure qu’on se rapproche des temps modernes
et que les systèmes de valeur se modifient.
Entre deux segments faisant appel à la magie des trucages pour le plus grand bonheur des foules (le
cyclope, les sirènes, etc.), le cinéma, dès Méliès en 1905, s’applique à démontrer la dimension universelle du
personnage et de son interminable errance, quitte à y projeter des considérations inconnues des Anciens. Selon
ces derniers, le retour d’Ulysse est marqué par le terme grec
nostos
qui exprime à la fois la colère, la violence
et l’apitoiement sur soi face au sort terrible, aux obstacles mis sur le chemin par les dieux. C’est la nostalgie,
le désir du retour, « le besoin de revenir chez soi pour vivre pleinement » 
1
. L’odyssée d’Ulysse enseigne la non-
s
5b.2
I...,191,192,193,194,195,196,197,198,199,200 202,203,204,205,206,207,208,209,210,211,...674