5a – la grèce mythologique 
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Hercule partit bien avec Jason mais ne suivit pas les Argo-
nautes jusqu’en Colchide, tout occupé qu’il était à recher-
cher le jeune Hylas que les nymphes avaient noyé.) Afin de
rapprocher le demi-dieu du public du XX 
e
siècle, le film
tente de l’humaniser. Lassé d’une existence sans but passée
à terrasser un lion ou un taureau, Hercule exprime le sou-
hait de s’établir et de fonder une famille comme tout mortel.
Une pluie apaisante lui apporte la réponse de l’Olympe.
En combinant en un seul récit deux cycles aussi différents
que celui d’Hercule et de Jason, le scénario synthétise si-
tuations et personnages : c’est Pélias qui ordonne les Tra-
vaux (au lieu d’Eurysthée, roi de Tirynthe), Iole devient la
fille de Pélias et non celle d’Eurytos, et Ulysse, plus connu
du grand public, remplace ici Hylas. Décors, costumes et
la galère de l’
Ulisse
de Camerini sont d’ailleurs récupérés
pour les besoins de ce film à budget plutôt modeste (110000 $),
tourné dans les studiosTitanus-Appia et Cinecittà, auMuseo
della Civiltà Romana de l’E.U.R. à Rome, dans les carrières
de Salone, à Tor Caldara, Monte Gelato, Valle del Treja et
Lavinio Lido de Enea ; les décors souterrains ont déjà servi
dans
Aïda
de Clemente Fracassi (1953), autre production
d’Oscar Film.
Le fatiche di Ercole
va devenir, un peu mal-
gré lui, une date dans l’histoire du cinéma populaire. Sa
facture ne présente pas la moindre originalité, si ce n’est à
travers les images bariolées en Dyaliscope et Eastmancolor
et les trucages optiques du chef-opérateur Mario Bava, dont
on sait combien il a marqué l’esthétique du péplum et du
cinéma d’horreur des années 1950-60. Mais
Le fatiche di
Ercole
impose à l’écran l’impressionnante musculature de
l’Américain Steve Reeves, qui deviendra la principale star
de ce type de production. Découvert dans
Athena
(1954)
de Richard Thorpe et originaire du Montana, Reeves de-
vint Mr. America en 1947, Mr. World en 1948 et Mr.
Universe en 1950. Sa prestance élégante, son regard clair
et ses traits nobles compensent un éventail d’expressions mi-
miques plutôt réduit. Les exploits de son demi-dieu sont ici
calqués sur ceux du Samson biblique : rochers, barres mé-
talliques et même les colonnades des palais cèdent devant
sa force. Il en va de même du public. L’athlète est flanqué
de la starlette croate Sylva Koscina (Iole).
Le film s’avère le plus grand succès commercial du cinéma
mondial en 1957 (trois ans d’exclusivité à Calcutta). Il se
trouve à la pointe du box-office en Italie avec une recette
de 846 millions de lires. Aux Etats-Unis, où
Hercules
, que
JosephE. Levine exploite avec 600 copies, rapporte 4,7millions
de $, Steve Reeves dépasse un temps même John Wayne et
Doris Day en popularité ! Ce triomphe inattendu déclen-
La musculature impressionnante de Steve Reeves transforme
Le fatiche di Ercole
de Pietro Francisci (1957) en un triomphe mondial
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