5a – la grèce mythologique 
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enfantin et rafistolé à la hâte, d’un bric-à-brac décora-
tif fait d’emprunts divers (les plans de foule, d’arène et de
destruction proviennent du
Quo Vadis
de Mervyn LeRoy,
certains accessoires de
The Prodigal
de Richard Thorpe).
Il sauve ça et là son film par de jolies «matte paintings »
et ces trucages dont il a le secret. Une belle occasion man-
quée. Filmé à Culver City et à Santa Catalina Island.
1961
Ercole alla conquista di Atlantide /Hercule à la
conquête de l’Atlantide
(IT / FR) Vittorio Cottafavi ;
Achille Piazzi-SPA Cinematografica-Comptoir Français
du Film, 101 min. – av. Reg Park (Hercule), Fay Spain
(Antinéa, reine de l’Atlantide), Ettore Manni (Andro-
clès, roi de Thèbes), Luciano Marin (Hyllos, fils d’Her-
cule), Laura Altan (Ismène), Luciana Angiolillo (Déja-
nire), Gian Maria Volonté (le roi de Sparte), Salvatore
Furnari (le nainThimothéos). –
Le devinThirésias ayant
annoncé une grave menace pour la Grèce qui viendrait de
l’océan en Extrême-Occident, et aucun roi grec ne voulant
s’y aventurer, Androclès, Thimothéos et Hyllos droguent leur
ami Hercule et l’emmènent de force dans leur expédition
vers l’Ouest. En route, Hercule affronte une mutinerie,
puis Protée sous diverses métamorphoses. Enfin, débarqué
sur une terre inconnue, il délivre Ismène, fille d’Antinéa,
la reine d’Atlantide. La cruelle souveraine cherche en vain
à séduire le demi-dieu et l’oppose à sa Garde Noire, ter-
rifiante armée de guerriers-robots uniformément blonds,
des mutants soumis aux radiations de la Pierre d’Ura-
nus. Hercule leur échappe, délivre les déformés de la Vallée
des Faibles (qui se retournent ensuite contre leurs anciens
tortionnaires et se font massacrer jusqu’au dernier par la
Garde Noire) et, déplaçant la Pierre d’Uranus pour expo-
ser la goutte de sang sacré du père des Titans au soleil, dé-
clenche le cataclysme. Sauvés sur un navire, Hercule et les
siens assistent à la disparition de l’Atlantide dans un grand
nuage en forme de champignon ...
Unique film d’Hercule tourné en Supertechnirama 70 mm,
l’œuvre de Cottafavi est saluée avec enthousiasme par une
certaine critique française qui y reconnaît l’approche au
deuxième degré, l’humour, mais aussi les préoccupations
philosophiques propres à son auteur. Celui-ci concocte une
bande d’aventure épatante, cocasse, spectaculaire, où ap-
paraissent l’Antinéa de Pierre Benoit (
L’Atlantide
, 1919),
les thèmes du nazisme avec ses théories raciales, du clonage
humain, du lavage de cerveau, de la manipulation généti-
que et cette pierre que le dieu Uranus, quand il fut tué, a
George Pal imagine une Atlantide conquérante, cruelle et à la techno-
logie très avancée (
Atlantis, the Lost Continent,
1960)
baignée de son sang et qui serait devenue l’uranium. Pour
la première fois, Hercule affronte un ennemi aussi fort que
lui, et plus nombreux, issu d’une Atlantide monstrueuse qui
prive les hommes de leur âme. Enfants, les Atlantes sont ex-
posés à la pierre qui assure leur métamorphose en mutants
sans volonté ni regards (même Ismène, la fille d’Antinéa,
devrait s’y soumettre). Si l’opération échoue, les malheu-
reux, brûlés et défigurés, sont voués au camp de concentra-
tion. Dans cet essai original de paléo-science-fiction, le ré-
gime totalitaire servi par des automates sans cervelle n’est
pas sans rappeler certains aspects de l’URSS, mais peut aussi
être élargi à un monde moderne qui aliène ses enfants par
des médias narcotisants et la surenchère publicitaire.
L’athlète anglais Reg (Reginald) Park, installé à Johannes-
burg, joue le meilleur Hercule après Steve Reeves, avec son
faciès bonasse mais intelligent (il deviendra le mentor et
l’ami d’Arnold Schwarzenegger). L’Hercule de Cottafavi
n’est plus l’habituel brise-montagne, mais un bon bougre
sûr de sa force, un pantouflard qui préfère sa sieste et un
copieux repas aux exploits mythiques du fils de Zeus. L’in-
contournable chorégraphie des bajadères à la cour d’Anti-
néa le fait bailler. Dans la séquence d’ouverture, il mange
tranquillement au milieu d’une bagarre de taverne de dix
minutes, puis, agacé, y met fin d’un seul coup de poing.
Un portrait rabelaisien qui rappelle l’Héraclès d’Euripide,
mais qui véhicule aussi un message pacifiste : disciple occa-
sionnel de Brecht, Cottafavi présente un hédoniste pares-
seux foncièrement hostile à la violence qu’exaltent la plu-
part des péplums. Celui-ci est un des plus intéressants des
années 1950-60. De surcroît, le travail sur l’image (le ci-
néaste a fait repeindre tous les décors atlantes en rouge pour-
pre) confère à ce film tourné à Cinecittà, à Tor Caldara et
dans les carrières de Salone, près de Rome, une somptuosité
inhabituelle. Mario Bava gère les trucages optiques (matte
paintings), des plans de la destruction finale sont emprun-
tés à
Gli ultimi giorni di Pompei
(1959) et à
Les ren-
dez-vous du diable
(1958) d’Haroun Tazieff. Une suite
d’aventures mêlant le tragique et le grotesque, le sérieux et
le facétieux. Fidèle à lui-même, Cottafavi enchaîne avec
Les nuits blanches
de Dostoïevski et
L’opération Vega
de
Dürrenmatt à la RAI. US :
Hercules and the CaptiveWo-
men
.
1961
Il gigante di Metropolis / Il mistero di Atlantide / Il
re di Atlantide (Le géant de Metropolis / Le roi d’At-
lantide)
(IT) Umberto Scarpelli et Mario Tota ; Centro
Hercule (Reg Park) est un hédoniste paresseux et pacifique dans
Ercole
alla conquista di Atlantide
de Vittorio Cottafavi (1961)
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