5b – la grèce : le cycle de troie 
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de Troie sont ressuscités sur le terrain des studios Bavaria à
Munich-Schwabing. Le poète Hans Kyser condense le ré-
cit homérien en deux parties touffues, introduisant des épi-
sodes rarement traités par le cinéma, comme les prémisses
du conflit, la naissance de Pâris, son abandon sur insis-
tance de Cassandre et son enfance de berger sur le mont
Ida. Le jugement de Pâris en faveur d’Aphrodite provoque
la destruction de la statue d’Héra à Troie. Afin de regagner
la grâce des dieux, Priam envoie Pâris (dont il ignore en-
core l’identité réelle) en Grèce. Lors des fêtes d’Adonis, les
Achéens organisent une course de char dont le vainqueur est
couronné par Hélène (Ménélas perd contre Achille), mais
la nuit, Pâris surprend Hélène nue (il l’a déjà vue en rêve)
sur l’île de Cythère et l’enlève en utilisant, pour gagner le
large, le manteau sacré d’Aphrodite en guise de voile.
De retour à Troie, Pâris apprend qu’il est le fils du roi, mais
les Troyens refusent de rendre Hélène aux Grecs, l’identi-
fiant à la déesse de l’amour à laquelle ils vouent un nou-
veau culte. A la fin du récit, Hélène s’est détournée de Pâris
qu’elle méprise pour avoir, sur ordre de Priam, tué d’une
flèche un Achille désarmé. Les Grecs disparus, Priam fait
incarcérer le couple, condamné à se suicider au poison,
mais Hécube les sauve. Lorsque la ville est envahie, réali-
sant qu’Hélène aime toujours Ménélas, Pâris se laisse tru-
cider par son rival et celui-ci récupère son épouse. – Pré-
dictions néfastes, visions et songes prémonitoires colorent
le récit, nuancé de quelques touches psychologiques : Hec-
tor, comme Achille, aime secrètement Hélène ; Priam est
brossé comme le représentant d’un âge mythique, religieux,
tandis que la femme de Ménélas symbolise l’ère nouvelle
de la passion. Le film souligne néanmoins son innocence
foncière : c’est une épouse fidèle tombée « sans faute dans le
déshonneur ». Avant de mourir, Pâris la blanchit devant
Ménélas, et ce dernier admet sa part de culpabilité, car
c’est lui qui a d’abord contraint son épouse à servir dans
le temple d’Aphrodite où l’a surprise son futur amant. Les
héros sont les jouets des dieux ... ou de leur propre imagi-
nation : Pâris a découvert Hélène en rêvant du jugement
de la pomme, et Hélène est tombée amoureuse du visage
de Pâris aperçu dans une vision de l’oracle. La guerre de
Troie n’est qu’un long détournement érotique au cours du-
quel Hélène reste « sanctifiée » par les dieux. Un spectacle de
3h20 auquel Noa, influencé par les péplums de J. Gordon
Edwards (
Queen of Sheba
) imprime un certain rythme et
qui, sorti avec la caution littéraire de Thomas Mann, ré-
colte en Allemagne même plus de spectateurs que les
Nibe-
lungen
de Fritz Lang. Version remontée en une seule par-
tie en 1928 (
Der Held der Arena
) et sonorisée en 1931
(cf.
Queen of Sparta
).
1927
The Private Life of  Helen of  Troy (La vie privée
d’Hélène de Troie)
(US) Alexander Korda [et George
Fitzmaurice] ; First National, 7694 ft. / 87 min. – av.
Maria Corda (Hélène de Troie), Lewis Stone (Ménélas),
Ricardo Cortez (Pâris), Gordon Elliott (Télémaque),
Tom O’Brien (Ulysse), Bert Sprotte (Achille), George
Kotsonaros (Hector), Constantine Romanoff (Enée),
Alice Adair (Aphrodite), Helen Fairweather (Athéna),
Virginia Thomas (Héra). –
Les héros de l’
Iliade
en petits-
bourgeois aisés d’aujourd’hui : Hélène choisit pour époux
le débonnaire Ménélas qui ne pense qu’à la pêche, mais,
L’Iliade filmée en Bavière: les Troyens s’emparent du cheval géant abandonné par l’ennemi (
Helena, der Untergang Trojas
de M. Noa, 1924)
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