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 l’antiquité au cinéma
glas Dumbrille, Moroni Olsen. –
En 563 av. JC, dans
le royaume de Lydie où règne le tyran Crésus, richissime,
capricieux et cruel. Grimé en vieux conteur de fables alors
qu’il est un philosophe jeune et séduisant, mais aussi l’am-
bassadeur secret de l’île de Samos, sa patrie, Esope par-
vient à duper Crésus qui envisage d’envahir l’île. Esope
conquiert le cœur de la princesse persane Delarai, impru-
demment fiancée au potentat. Ce dernier l’envoie consul-
ter l’oracle de Delphes avant de partir en guerre, cepen-
dant Esope est démasqué par les prêtres. La population
veut les lyncher. Le jeune sage et sa princesse sont condam-
nés à être précipités du haut d’une falaise, mais Atossa, la
reine magicienne de Phrygie, les subtilise aux bourreaux
et les installe sur une île paradisiaque. - On peut s’étonner
de trouver le nom de Walter Wanger, intellectuel et érudit,
au générique de cette fantaisie, lui qui parraina les chefs-
d’œuvre de Fritz Lang, de Frank Borzage, de John Ford, de
Max Ophuls et d’Alfred Hitchcock. C’est oublier queWan-
ger fut aussi le producteur heureux d’aventures exotiques
telles qu’
Arabian Nights
(
Les mille et une nuits
, 1942)
d’Arthur Lubin qui lança Maria Montez (aux côtés, jus-
tement, de Turhan Bey alias Esope), et, en 1954, du bon-
dissant
Adventures of Hajji Baba
de Don Weis. Wanger
applique une formule similaire pour cette bande en Tech-
nicolor aussi luxueuse et surchargée que peu sérieuse, censée
distraire les foules lassées à la fin du conflit mondial. On y
retrouve un identique mélange de salade orientale, de pis-
cines ornées de femmes à peine voilées et d’érotisme (un es-
clave nettoie scrupuleusement les seins d’une statue d’Aph-
rodite). Thomas Gomez est amusant en satrape glouton et
quelques propos sarcastiques sur l’arbitraire des puissants
et leurs ruses pour asservir les petites nations voisines rap-
pellent un passé proche. Mais de manière générale, l’hu-
mour et diverses allusions grivoises tombent à plat, l’action
traîne et faute d’un réalisateur imaginatif, la mayonnaise
ne prend pas. Tourné à Universal City, San Fernando Val-
ley, pour la somme alors exorbitante de 1,5 millions de $,
le film n’en rapportera que la moitié. A l’origine, Wanger
souhaitait donner sa chance à une débutante nommée Ava
Gardner, mais celle-ci étant déjà réservée pour
The Killers
de Robert Siodmak, l’Universal lui imposa Merle Oberon,
la super-vedette anglaise sous contrat, un peu trop sophis-
tiquée pour le rôle. Wanger avait du reste songé à adap-
ter dix ans plus tôt le roman
Peacock’s Feather
de George
S. Hellman (1931) dont sont tirées ces aventures d’Esope,
avec Ann Harding.
1953 (tv)
Aesop and Rhodope
(US) Albert McCleery ; «The
Hallmark Hall of Fame » nº 90 (NBC 13.12.53). –
1960
Saffo, venere di Lesbo / Sapho, Vénus de Lesbos
(IT / FR) Pietro Francisci ; Gianni Hecht Lucari-Do-
cumento-Orsay Film, 100 min. – av. Tina Louise (Sap-
pho), Kerwin Mathews (Phaon), Enrico Maria Salerno
(Melanchros, tyran de Mytilène), Andrea Fantasia (Pit-
tacos), Riccardo Garrone (Hyperbius), Susi Golgi (Ac-
tis), Alberto Farnese (Larichos, frère de Sappho), Annie
Gorassini, Renzo Cesana, Elena Zareschi (la Sibylle). –
Ni poésie, ni saphisme dans cette fantaisie très sage tournée
à Cinecittà et à Lavinio Lido di Enea, avec les comédiens
américains Tina Louise (aperçue dans
God’s Little Acre / Le
petit arpent du Bon Dieu
d’Anthony Mann, 1958) et
Kerwin Mathews, le Sinbad du fameux
Seventh voyage
of Sinbad
aux trucages de Ray Harryhausen (1958). –
Sappho, vestale d’Aphrodite et nièce de Melanchros, le ty-
ran de Mytilène, s’est éprise de Phaon, le chef des insurgés
qu’elle a soigné en cachette dans le temple. Afin de le sau-
ver de la fosse aux lions, elle trompe son fiancé, le fourbe
Hyperbius, et Phaon trouve refuge dans le royaume de Po-
séidon grâce à la déesse Amphitrite, protectrice de Sappho.
Phaon renverse et tue le satrape, Sappho monte avec lui
sur le trône de Lesbos. Aussi aimable qu’insignifiant. Té-
lescopage de Melanchros avec le tyran de Mytilène Pitta-
cos, et de Phaon avec le poète résistant Alcée qui combattit
Pittacos. US :
The Warrior Empress
.
1961
Sapfo, i Lesvia (Sappho de Lesbos)
(GR) Elias Ma-
heras ; Maheras Film, 90 min. – av. Marlen Paoulia
(Sappho), Kostas Kakavas, Demos Starenios (Cercyle),
Liakos Christoyiannopoulos, Jenny Gouskou.
1968 [sortie: 1970] – Ø
Ezop/Aesop
(BG/CZ) Angel Vultcha-
nov. – av. Violetta Antonova (Sappho).
– cf. 5c.1.4.
1970
Δ
The Affairs of Aphrodite
(US) Alain Patrick. – av.
Christine Murray (Sappho).
Esope le fabuliste
Ce personnage demeure partiellement légendaire. Esclave
laid, difforme et bègue mais très spirituel (selon Plutar-
que), peut-être d’origine phrygienne, il serait né vers 620
et mort vers 560 av. JC. Une fois affranchi de sa servitude,
il aurait couru le monde, visité l’Egypte et l’Orient et ac-
quis une réputation pour ses fables, des récits alertes où des
animaux doués de parole donnent des leçons aux hommes.
A Sardes, à la cour de Crésus, il aurait rencontré Solon.
Excédés par ses vérités et railleries, les Delphiens auraient
précipité Esope du haut d’un rocher. Il n’a pas laissé d’écrits,
ses fables ont été recueillies par Démétrius de Phalère deux
siècles plus tard.
1921-29 – [
Aesop’s Fables
(US) Paul Houghton Terry, C. T.
Vet Anderson, Harry Bailey, Frank Chambers, Vladi-
mir Tytla, etc. ; Aesop’s Fables Studio Prod. –
Série de
dessins animés
.]
1945 / 46 –
A Night in Paradise (
BE :
Une nuit au paradis)
(US) Arthur Lubin ; Walter Wanger-Universal, 84 min.
– av. Turhan Bey (Esope), Merle Oberon (Delarai, prin-
cesse de Perse), Thomas Gomez (Crésus, roi de Lydie),
Gale Sondergaard (Atassa, reine de Phrygie), Ray Col-
lins (Léonidès, conseiller du roi), Paul Cavanagh (Cléo-
menès, grand prêtre de Delphes), George Dolenz, Dou-
Sappho sauve Phaon, un insurgé (
Saffo, venere di Lesbo
, 1960)
s
5c.1.4
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