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 l'antiquité au cinéma
ness (Marc Aurèle), Christopher Plummer (Commode),
Omar Sharif (Sohamus, roi d’Arménie), James Mason
(Timonidès, conseiller impérial), Anthony Quayle (le
gladiateur Verulus), Mel Ferrer (Cléandre), John Ireland
(Ballomar, chef  barbare), Eric Porter (Diolius Julianus),
Andrew Keir (le tribun Polybius), Finlay Currie (le sé-
nateur Caecina), Lena von Martens, Rafael Luis Calvo,
Norman Wooland, Guy Rolfe. –
En 180, installé dans
une forteresse bordant le Danube (Vindobona /Vienne ?),
aux frontières septentrionales de l’Empire, Marc Aurèle
guerroie contre les barbares marcomans de Bohême. Ma-
lade, épuisé par des bains de sang qu’il aurait voulu évi-
ter et conscient de l’indignité de son fils, il songe à céder le
pouvoir au tribun Livius, un général loyal et sage qui est
aussi aimé secrètement de sa fille, Lucilla. Mais Commode,
son rejeton avide de pouvoir, le fait empoisonner (sic) avant
qu’il n’ait pu mettre son projet à exécution. Livius et Lucilla
sont séparés sur décret impérial, le premier s’en va combat-
tre en Asie Mineure, tandis qu’elle épouse Sohamus, le roi
d’Arménie. Adonné aux plaisirs, au luxe et surtout à la gla-
diature, Commode néglige les affaires politiques, humilie
ou trahit ses alliés, oublie ses légions affairées à maintenir
cette «Pax Romana » tant recherchée par Marc Aurèle pour
tenir en tutelle un immense empire qui s’effrite de tous cô-
tés. Ayant écrasé les armées conjointes des Arméniens et des
Parthes, et tué Sohamus, Livius, réhabilité, ramène Lucilla
à Rome où la situation se dégrade. Entre-temps, Commode
a exterminé un village de Marcomans pacifiés. Livius dé-
cide de le renverser, mais le tyran corrompt ses légions avec
de l’or et condamne le conspirateur au bûcher en compa-
gnie de Lucilla et de barbares captifs. Le jour du supplice
sur le Forum, Commode, se croyant immortel et voulant
regagner le respect de la cour, provoque Livius en combat
singulier au pilum. Livius le tue et sauve Lucilla des flam-
mes (pour les barbares, il est déjà trop tard). Acclamé par
la foule et le Sénat, Livius refuse la couronne impériale et
fuit la capitale avec sa bien-aimée, laissant la direction de
l’Empire qui se désagrège au plus offrant ...
Une liquidation un peu hâtive : en 192, l’Empire romain
est encore loin de sa fin, les deux siècles suivants forment
une époque de mutations profondes, non de déclin. Et pour-
tant : après l’assassinat de Commode, le préfet de Rome Per-
tinax, jadis général en Syrie et sur le Danube auprès de
Marc Aurèle, est proclamé bien malgré lui empereur par
Las de guerroyer, Marc Aurèle (Alec Guinness) est empoisonné par
son propre fils, Commode (
The Fall of the Roman Empire
, 1963)
Une forteresse bordant le Danube pour contenir l'avance barbare
Marc Aurèle agonise sous les yeux de sa fille Lucilla (Sophia Loren)
et du fidèle général Livius (Stephen Boyd) qui devait lui succéder
les prétoriens et le Sénat. Mais sa vertu le perd : ayant tenté
de ramener de l’ordre dans les finances, de faire des écono-
mies et de rétablir la discipline dans l’armée, il est trucidé
après 87 jours de règne par les prétoriens qui mettent lit-
téralement l’Empire aux enchères ... (192 / 193). Soit, les
contrevérités pullulent dans cette fresque hors mesure. Li-
vius n’a jamais existé (il y a du Pertinax en lui). Adonnée
à la débauche, la véritable Lucilla a empoisonné son mari
(Lucius Verus, le coempereur de Marc Aurèle régnant à
Ephèse, non un obscur roi arménien) et a été exécutée sur
ordre de Commode après avoir eu une liaison incestueuse
avec lui. Commode lui-même, devenu empereur à 19 ans,
a été empoisonné par sa concubine chrétienne, puis étranglé
dans son bain par son maître d’armes à la villa Vectiliana.
Le massacre des barbares romanisés (des Lètes germaniques)
qui lui est imputé ici eut lieu en 173 à Ravenne, sous le
règne du « bon » Marc Aurèle ; ce dernier n’a du reste jamais
envisagé un autre héritier que son fils (du moins aucun
document l’atteste) et meurt de la peste.
Anthony Mann, le stratège en charge de ce superspectacle,
n’est nullement dupe des libertés prises avec l’Histoire. Du
classique
History of the Decline and Fall of the Roman
Empire
d’Edward Gibbon (1776-78), son film retient le
titre plus que le contenu, illustrant au mieux les premiers
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