6b – la rome impériale 
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avec une mixture toxique. Ezrah révèle à Brutus la véri-
table identité de Hannah, qui est sur le point d’être brûlée
vive par ses bourreaux, puis rend l’âme. Alors qu’elle veut
se jeter dans le Tibre, Hannah-Lydia retrouve Marcus (qui
recouvrera peut-être la vue). Les deux amoureux tournent
le dos à Rome et à sa « race tyrannique ». – Tragédie véhi-
culant les habituelles envolées mélodramatiques et l’émo-
tivité exacerbée du cinéma de Bollywood,
Yahudi
débute
comme
Ben-Hur
(l’accident du balcon), continue comme
Bérénice
(l’amour impossible entre l’héritier du trône et
la Juive) et finit comme
Le marchand de Venise
(la ti-
rade de Shylock, reprise presque mot pour mot). Le film a
été mis en chantier pour sauver la société Bombay Talkies
de la ruine, et réunit non seulement les supervedettes Dilip
Kumar et Meena Kumari, mais le prestigieux vétéran du
théâtre parsi, Sohrab Modi, réalisateur et interprète d’une
vie d’Alexandre le Grand (
Sikandar
) en 1941. Quant au
cinéaste bengali Bimal Roy, il s’est fait une réputation in-
ternationale avec le drame néoréaliste
Do bigha zamin
(Deux hectares de terre / Calcutta, ville cruelle)
, primé
à Cannes en 1954, et avec une biographie du Bouddha
(
Gautama the Buddha
) en 1955. Rejetant les outrances
du cinéma hindi, il obtient de ses acteurs une relative so-
briété de jeu, compose des plans plastiquement très travaillés
et inventifs, le tout au service d’une narration fluide. L’ori-
ginalité des éclairages compense habilement la modestie des
moyens. Le pogrom des Juifs à la lueur des torches (« nous
vivons à l’ombre de l’épée », chantent les malheureux), le
long duel au glaive de Marcus contre un centurion, sa com-
plainte dans une galerie de statues gréco-romaines repré-
sentant ses ancêtres sont les moments forts de cette produc-
tion tournée aux Mohan Studios à Andheri, au nord de
Bombay. Connu pour ses films à sujets sociaux, Bimal Roy
insiste sur le sort des déshérités dans une mégapole impi-
toyable où « les larmes sont la boisson du peuple », tandis
que ses amants rejetés aspirent à un lieu où personne ne
« s’entretue pour les dieux », où l’amour est plus fort que les
dogmes. Pamphlet contre la rigidité et l’intolérance,
Yahudi
utilise des personnages et un univers foncièrement étrangers
pour parler de l’ostracisme ethnique et religieux de l’Inde
du XX 
e
siècle. Comme les précédentes, cette version truffée
de chansons présente une Rome vaguement indianisée (les
danses exotiques à la cour impériale), enfin des costumes
et des armures qui trahissent l’approximation d’un Cecil
B. DeMille plutôt que la rigueur de l’historien.
La destruction de Pompéi
Le 24 août 79, Pompéi, Stabies et Herculanum, trois cités
campaniennes, sont anéanties suite à des tremblements
de terre et à l’éruption cataclysmique du Vésuve. Quel-
que 20000 habitants de ces cités prospères trouvent la
mort. – En 1834, l’écrivain anglais EDWARD GEORGE
BULWER-LYTTON publie
Les derniers jours de Pom-
péi (The Last Days of  Pompeii)
, roman historique qui
connaît un succès mondial et sera plusieurs fois adapté au
théâtre, puis porté à l’écran. L’intrigue en est la suivante :
Glaucus, jeune et riche Athénien de Pompéi, aime Ione,
la pupille du perfide grand prêtre d’Isis Arbacès, qui, lui
aussi, convoite la jeune femme. Jaloux, Arbacès assassine
Aepacidès, le frère d’Ione, qui a découvert ses impostures,
et accuse Glaucus du crime. Condamné à être livré aux
fauves, celui-ci est innocenté à la dernière minute par son
esclave aveugle et amoureuse, Nydia. Démasqué, Arbacès
périt dans la cité qu’ensevelissent les cendres volcaniques,
tandis que Glaucus et Ione parviennent à gagner un navire
et voguent vers Athènes.
Nota bene : contrairement à ce qu’affirment le roman de
Bulwer-Lytton et le cinéma à partir de 1935, l’authen-
tique Pompéi n’abritait aucune communauté chrétienne
connue. Enfin, tous les films montrent les habitants de
Pompéi ou d’Herculanum écrasés sous les décombres de
leur cité, un spectacle horrifique à souhait, alors qu’ils sont
morts asphyxiés par une succession de nuages de gaz brû-
lants, de cendres et de débris.
Les intérieurs romains de
Ione o le ultimi giorni di Pompei
(1913)
1900
The Last Days of Pompeii
(GB) Walter Booth [d’apr.
Bulwer-Lytton] ; Robert William Paul Prod., 80 ft. –
L’éruption du Vésuve mise en scène par l’un des pionniers
du cinéma britannique dans l’atelier de Muswell Hill à
Barnet : des gens s’échappent d’une chambre dont le toit
s’effondre. Les trucages sont de R. W. Paul, un disciple de
Méliès.
1908
Gli ultimi giorni di Pompei / Jone (Les derniers jours
de Pompéi)
(IT) Luigi Maggi [d’apr. Bulwer-Lytton] ;
S. A. Arturo Ambrosio Film, 336 m. / 19 min. – av. Ly-
dia De Roberti (Nydia), Umberto Mozzato (Glaucus),
Luigi Maggi (Arbacès), Ernesto Vaser, Mirra Principi
(Ione), Cesare Gani-Carini. –
Une adaptation proche du
roman, dont les décors (intérieurs, jardins) sont très élaborés
et pour la première fois construits en dur, dans les premiers
studios Ambrosio de la Via Nizza à Turin. Une infrastruc-
ture de bois soutient des panneaux de toile, de carton ou de
contreplaqué, permettant à une centaine de figurants de s’y
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