3 – l’égypte 
99
le désert. Ramphis organise la résistance à Thèbes, sauve
Theonis de la Chambre du trésor où elle avait été emmu-
rée vivante par son époux jaloux et se fait proclamer pha-
raon. Amenes, que l’on croyait mort, surgit pour réclamer
son épouse et la foule tue tour à tour les amants et le sou-
verain déchu.
Après le succès d’
Anna Boleyn
et de
Madame Dubarry
,
Lubitsch et Jannings se lancent dans la plus ambitieuse fres-
que historique allemande de l’après-guerre. Tourné à Ber-
lin (Efa-Ateliers am Zoo) pendant dix mois, avec des dé-
cors monumentaux dont les contours simplifiés trahissent
l’influence du Bauhaus, le film s’élabore visuellement sur le
contraste entre le gigantisme (édifices, foules) et l’individu,
victime des événements. Le génie de Lubitsch éclate dans les
stupéfiantes scènes de masse dont la dynamique chorégra-
phiée est marquée par l’influence de Max Reinhardt. La
bataille entre Egyptiens et Ethiopiens est filmée depuis un
ballon, des milliers de chômeurs s’affrontent tels des four-
mis sur les collines recouvertes de sable de Berlin-Steglitz,
de Schmöckwitz et de Gosen.
Jannings campe un pharaon puissant et cruel, mais dont Lu-
bitsch souligne surtout les côtés pathétiques et trop humains :
paralysé par sa passion et ne pouvant vaincre en amour, il
provoque sa propre perte. Le potentat sacrifie l’Etat à son
obsession personnelle, entraînant la chute d’un système po-
litique totalitaire sur le déclin (d’où l’absence de référen-
ces historiques précises) : Lubitsch se concentre sur le désas-
tre, la fin d’un monde qui reflète à sa manière la ruine de
l’Allemagne après 1918. A la fin, le jeune Ramphis renie
à son tour les responsabilités du trône par amour et cette
capitulation répétée du pouvoir suscite la rage des foules
versatiles, que les prêtres manipulent à souhait. Un com-
mentaire cynique et désillusionné mais spectaculaire sur le
prétendu « âge d’or » des années vingt, où l’apparence scin-
tillante et l’agitation trépidante ne pouvaient masquer les
dérives d’une société déliquescente, ni l’angoisse et les peurs
de la population. Financé par la Paramount sous le cou-
vert de l’Europäische Film-Allianz (EFA), le film a sa pre-
mière mondiale à NewYork avant même Berlin et, malgré
la germanophobie ambiante, fait un tabac aux Etats-Unis
(où il est distribué avec un happy-end) comme dans le reste
du monde. Il incite DeMille à mettre en chantier
The Ten
Commandments
. Lubitsch ralliera Hollywood deux ans
plus tard.
1923 Ø
The Ten Commandments (Les dix commande-
ments)
(US) Cecil B. DeMille. – av. Charles de Roche
(Ramsès II). –
cf. Exode 2.2.
1924 Ø
Die Sklavenkönigin /Moon of Israel (La reine des
esclaves)
(AT/GB) Michael Curtiz. – av. Adelqui Miller
(Séti I
er
), Adolf Weisse (pharaon Minephtah [=Merenp-
tah]), Oskar Beregi (pharaon Amnenmeses [=Amen-
mès]).
– cf. Exode 2.2.
1926 Ø
Le Berceau de Dieu
(FR 1926) Fred Leroy-Granvill
e.
– av. Joe Hamman (Ramsès II).
– cf. Genèse 2.1.1.
Un pharaon (Emil Jannings) amoureux fou d’une servante (Dagny Servaes) dans
Das Weib des Pharao
d’Ernst Lubitsch, 1921
I...,89,90,91,92,93,94,95,96,97,98 100,101,102,103,104,105,106,107,108,109,...674